La cité des Lingons est érigée au rang de colonie romaine (entre janvier et avril 69 ap. J.-C.)
Dans la seconde moitié de l'année 68 ap. J.-C., les cités gauloises ayant pris part au soulèvement de Caius Iulius Vindex, demeurées fidèles à Servius Sulpicius Galba, reçurent en récompense l'octroi de la citoyenneté romaine et la concession d'avantages fiscaux. D'autres cités restées hostiles à Galba, ou ne s'étant liées à sa cause que très tardivement, furent au contraire durement sanctionnées. Ce fut visiblement le cas des Lingons qui ne renoncèrent pas à leur hostilité vis-à-vis de Galba et de ses soutiens, même après son assassinat (Tacite, Histoires, I, 53). Marcus Salvius Otho tenta d'exploiter cette animosité et d'obtenir le soutien de cette cité en lui octroyant la citoyenneté romaine (Tacite, Histoires, I, 78). Plusieurs témoignages épigraphiques indiquent que dans le cadre de cet octroi, les Lingons obtinrent le statut de colonie romaine (CIL 13, 5685 ; 5693 ; 11572 ; 5883).
Contre toute attente, en dépit de cette généreuse faveur, les Lingons s'empressèrent de prêter serment à son concurrent, Aulus Vitellius (Tacite, Histoires, I, 54)
Sources littéraires anciennes
Tacite, Histoires, I, 53 :"Elle avait marché tout entière contre Vindex, et n'était passée qu'après la mort de Néron sous l'obéissance de Galba. Encore avait-elle été devancée au serment par les détachements de Basse-Germanie. De plus les Trévires, les Lingons et les autres peuples que Galba avait frappés d'édits menaçants ou d'une diminution de territoire, voisins de cette armée, se mêlaient chaque jour à ses quartiers d'hiver."
Tacite, Histoires, I, 54 :"La cité des Lingons, d'après un ancien usage, avait envoyé en présent aux légions deux mains entrelacées, symbole d'hospitalité. Ses députés, vêtus de deuil et avec une contenance abattue, parcouraient la place d'armes, allaient de tentes en tentes, se plaignant tour à tour de leurs propres disgrâces et du bonheur des cités voisines; puis, voyant le soldat prêter l'oreille, ils en venaient aux périls et aux humiliations de l'armée elle-même, et enflammaient ainsi les esprits."
Tacite, Histoires, I, 78 :"Ses grâces intéressées s'étendirent sur des villes même et sur des provinces. Les colonies d'Hispalis et d'Emérita furent accrues de nouvelles familles ; il donna le droit de cité romaine à toute la nation des Lingons, et fit présent à la province Bétique du pays des Maures. Il accorda de nouveaux privilèges à la Cappadoce, de nouveaux à l'Afrique ; concessions faites pour éblouir plutôt que pour durer. Au milieu de ces actes, excusés par les nécessités présentes et la difficulté des conjonctures, trouvant encore des pensées pour de vaines amours, il fit relever par décret du sénat les statues de Poppée. On crut qu'il avait songé à rendre aussi des honneurs à la mémoire de Néron, dans la vue de s'attacher la multitude. Il est certain que quelques-uns exposèrent en public les images de ce prince: même dans certains jours, le peuple et le soldat, croyant donner au nouvel empereur plus de noblesse et de lustre, le saluèrent des noms réunis de Néron Othon. Il ne s'expliqua point sur ce titre, n'osant le refuser ou rougissant de l'accepter."