Dans la vallée du rio Queiles ou du rio Huecha, dans le secteur du Moncayo
Peuple:
Lusons
Complega / Κομπλέγας - Ville des Lusons, elle ne nous est connue que par des mentions faites sous la forme Κομπλέγας par Appien (Ibérique, VIII, 42-43). D'après ce texte, Κομπλέγας (Complega) se situait à proximité de Κάραουιν (Caravis, La Molilla, Magallón, province de Saragosse), dans le voisinage de la vallée de l'Ἴβηρα (Iberus, l'Èbre) et très certainement non-loin du saltus Manlianus mentionné par Tite-Live (Histoire romaine, XL, 39), communément identifié comme étant l'actuel Puerto de Morata dans la Sierra de Vicor (Morata de Jalón, province de Saragosse). A. Schulten (1914) estimait que cette ville antique pouvait correspondre à la Contrebia mentionnée par Tite-Live au sujet des évènements de 181 av. J.-C. (Histoire romaine, XL, 33). L'auteur complique encore son raisonnement en rapprochant également cette ville de la Contrebia mentionnée par Valère Maxime au sujet des évènements de 143 av. J.-C. (Faits et dits mémorables, II, 7, 10 ; VII, 4, 5), bien que cette identification ait nécessité une large réécriture des sources classiques (Schulten, 1937). Tout porte à penser que A. Schulten voulait initialement rapprocher Complega et l'une des deux Contrebia voisines de Caravis ; Contrebia Leucada (Cervera del Río Alhama) et Contrebia Belaisca (Cabezo de las Minas, Botorrita), bien qu'elles relevaient des Arévaques pour la première, et des Bèles pour la seconde. Ses tentatives de rapprochement l'ont finalement amené à confondre ces villes avec Contrebia Carbica (Fosos del Cuarto de Bayona, Huete), qui relevait des Carpétans. Considérant qu'aucune mention n'attribue une quelconque Contrebia aux Lusons, M. Beltrán Lloris (1976) et J. A. Hernandez Vera (1982) ont rejeté l'idée d'un quelconque rapprochement avec Complega. Progressivement l'idée de localiser cette ville dans le secteur du Moncayo, dans la vallée du rio Queiles ou du rio Huecha, s'est imposée (Burillo Mozota, 1986 ; 1994). En ce sens, plus récemment, une localisation plus précise a été proposée. En effet, dans le cadre des débats visant à localiser la Turiazu / Turiasso (Tarazona) préromaine, il a été proposé de localiser cette dernière au niveau du prospère oppidum de La Oruña (Vera de Moncayo, province de Saragosse). À ce titre, J. A. García Serrano (2003-2004) a exprimé l'idée que si ce site ne correspondait à à l'antique Turiazu, il se prêterait à y situer Complega.
D'après Appien, Κομπλέγας aurait été fondée peu de temps avant la première guerre celtibère (181-179 av. J.-C.) et avait acquis assez rapidement une certaine prospérité (Ibérique, VIII, 42). Cette ville des Lusons était à l'origine d'une révolte contre Rome à laquelle Quintus Fulvius Flaccus ne put mettre un terme (printemps 180 av. J.-C.). La ville fut néanmoins menacée, et ses habitants la désertèrent. Peut-être Complega joua-t'elle même un rôle dans l'embuscade tendue à l'armée du propréteur alors que celle-ci tentait de rejoindre Tarraco (Tarragone). Appien indique ensuite que depuis cette ville, les Celtibères menaçaient Caravis (La Molilla, Magallón), ville alliée de Rome. Pour conjurer cette menace, Tiberius Sempronius Gracchus lança une expédition contre les Celtibères (printemps / été 180 av. J.-C.) au terme de laquelle Complega fut prise et détruite (Ibérique, VIII, 43).
Sources littéraires anciennes
Appien, Ibérique, VIII, 42 :"Quatre olympiades plus tard, c'est-à-dire aux environs de la 150e olympiade, beaucoup de tribus ibères, manquant de terres, y compris les Lusones et d'autres qui demeuraient le long du fleuve Iberus, se révoltèrent contre les Romains. Elles furent battues par le consul Fulvius Flaccus et la plupart d'entre elles furent dispersées entre les villes. Les autres, manquant de terres et vivant de rapines, se rassemblèrent à Complega, une ville nouvellement fondée et riche, qui s'était développée rapidement. Prenant cette ville comme base d'opération, ils exigèrent que Flaccus leur livrât à chacun d'eux un manteau, un cheval et une épée en récompense de leurs morts pour finir la guerre, et qu'il quittât lui-même l'Ibérie ou qu'il en subît les conséquences. Flaccus répondit qu'il leur donnerait abondance de manteaux, et suivant de près leurs messagers, il campa devant la ville. Loin de mettre à exécution leurs menaces, ils prirent la fuite, pillant en cours de route les barbares voisins. Ces gens portaient un vêtement épais avec un double pli qu'ils attachaient avec une agrafe comme on le fait pour un manteau militaire, et qu'on appelle le sagum."
Appien, Ibérique, VIII, 43 :"Flaccus fut remplacé au commandement par Tiberius Sempronius Gracchus. En ce temps-là, la ville de Caravis, qui était alliée de Rome, fut assiégée par vingt mille Celtibères. Comme on signalait que la ville était sur le point d'être prise, Gracchus s'empressa d'autant de lui porter secours. Il tournait en rond autour des assiégeants, et n'avait aucun moyen de communiquer à la ville sa présence. Cominius, un préfet de cavalerie, ayant examiné la question soigneusement, et communiqué son plan à Gracchus, se revêtit d'un sagum ibère, et se mêla secrètement aux fourrageurs de l'ennemi. De cette façon, il gagna l'entrée de leur camp comme s'il était ibère, le traversa pour entrer dans Caravis, et dit au peuple que Gracchus approchait. Aussi, ils supportèrent le siège patiemment et tinrent bon jusqu'à ce que Gracchus arrivât trois jours plus tard. Les assiégeants se sauvèrent. Au même moment, les habitants de Complega, au nombre de vingt mille, vinrent au camp de Gracchus en suppliants, tenant des branches d'olivier, et quand ils arrivèrent, ils l'attaquèrent inopinément, et jetèrent une grande confusion. Gracchus leur abandonna adroitement son camp et fit semblant de fuir. Faisant alors soudainement demi-tour, il tomba sur eux tandis qu'ils pillaient, tua la plupart d'entre eux et prit Complega et le pays environnant. Alors, il distribua la terre aux pauvres et les y installa. Il conclut des traités minutieux avec toutes les tribus, avec des conditions précises pour être amis du peuple romain, et s'échangèrent des serments. Ces traités furent souvent désirés ardemment dans les guerres suivantes. C'est de là que Gracchus devint célèbre en Ibérie et à Rome, et on lui attribua un splendide triomphe."
Sources
• M. Beltrán Lloris, (1976) - "Problemas en tomo a la ciudad de Contrebia Belaisca", Numisma, XXVI, n°138-143, Actas del II Congreso Nacional de Numismática, 7 a 11 de octubre de 1974, Salamanca, Sociedad Iberoamericana de Estudios Numismáticos, Madrid, pp.71-84
• F. Burillo Mozota, (1986) - "Sobre el territorio de los Lusones, Belos y Titos en el siglo II a. de C.", in : A. Beltrán Martínez (Ed.), Estudios en homenaje al Dr. Antonio Beltrán Martínez, Universidad de Zaragoza, Facultad de Filosofía y Letras, Zaragoza, pp.529-549
• F. Burillo Mozota, (1994) - "Celtiberos en el valle del Ebro : una aproximacion a su proceso historico", Aquitania, tome XII, pp.377-390
• J. A. García Serrano, (2003-2004) - "Turiaso-Turiazu. ¿ Dónde está la ciudad celtibérica ?", TVRIASO, n°17, pp.119-133
• J. A. Hernández Vera, (1982) - Las ruinas de lnestrillas. Estudio Arqueologico, Aguilar del Río Alhama, La Rioja, Servicio de Cultura de la Excma, Diputación Provincial, Logroño, 296p.
• A. Schulten, (1914) - Numantia, die Ergebnisse der Ausgrabungen. I. Die Keltiberer und ihre Kriege mit Rom, Bruckmann, München, 403p.
• A. Schulten, (1937) - Las guerras de 154-72 a. de J. C. , A. Bosch, Barcelona, 410p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique
Liens analogiques
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