Celti - Ville de Béturie, puis de la province de Bétique, attribuée aux Celtiques de Bétique par Pline (Histoire naturelle, III, 14). Elle fut mentionnée sous la forme Celti par Pline et dans l'Itinéraire d'Antonin (414, 5) et Celtum dans la Cosmographie de Ravenne (IV, 44). L'épigraphie fournit également des attestations de ce nom, notamment quelques monnaies émises dans cette localité à l'époque romaine marquées CELTITAN(ORVM ?) et des inscriptions lapidaires. Compte-tenu du fait que cette ville se situait sur le territoire des Celtiques de Bétique, il est tantant de voir dans ce toponyme une référence à cet ethnonyme. Entre le XVe et le XIXe s., la localisation de Celti et de quelques autres villes mentionnées dans cette même région par les auteurs antiques a fait débat. Depuis la fin du XIXe s., il y a un consensus pour la localiser au niveau du vaste site antique identifié à Peñaflor (province de Séville, Espagne), tout à fait compatible avec les informations figurant dans l'Itinéraire d'Antonin et la Cosmographie de Ravenne (Remesal Rodríguez, 2001 ; Garcia Plata, 2022). De ce site proviennent justement des inscriptions antiques faisant mention de personnes qualifiées de CELTITANVS ou de CELTITANA, gentilés dérivant du nom de Celti (Cf. les sources épigraphiques).
Celti occupait une position stratégique près de la confluence du Baetis (le Guadalquivir) et du Singilis (le Genil), non-loin des gisements de métallifères de la Sierra Morena (Remesal Rodríguez, 2001). Les plus anciennes traces de peuplement relevées sur ce site proviennent de l'oppidum d'El Higuerón et remontent à la période comprise entre le VIIIe et le Ve s. av. J.-C. Ce site était défendu par une enceinte dotée de murs cyclopéens. L'occupation y a été ininterrompue jusqu'à l'époque romaine. Au cours de la phase tartessienne (Ve-IIIe s. av. J.-C.), cette localité couvrait une superficie comparable à celle qui fut la sienne à son apogée, à l'époque romaine (Keay et al., 1994 ; 2001).
La métropole de la cité des Celtitains n'a pas été bouleversée notablement par le début de la période romaine. L'urbanisme indigène s'y est maintenu, tout comme l'enceinte fortifiée et aucun changement notable n'a été observé dans la culture matérielle des habitants. C'est visiblement lors de cette première phase de la romanisation que la cité reçut le privilège de battre des monnaies marquées CELTITAN(ORVM ?). Un changement brutal est intervenu à l'époque augusto-tibérienne, lorsque l'urbanisme fut transformé pour adopter le modèle romain. Dans ce cadre, la ville commença à se doter d'une parure monumentale. D'après les différents travaux consultés, et notamment la synthèse effectuée par J. A. Garcia Plata (2022), l'enceinte protohistorique fut restaurée et agrandie, la ville fut dotée d'un forum, d'une grande place publique avec un portique, de thermes, d'un aqueduc, de temples, et possiblement d'un théâtre et d'un amphithéâtre. Au IIe s. ap. J.-C., le forum fut déplacé et reconstruit plus loin, dans de plus grandes dimensions. À son apogée, Celti couvrait une superficie comprise entre 26 et 28 ha. La majeure partie du site a été abandonnée entre le IVe et le VIe s. ap. J.-C. (Keay et al., 1994 ; 2001 ; Garcia Plata, 2022).
Sources littéraires anciennes
Pline, Histoire naturelle, III, 11 :"On rencontre ensuite les villes de la juridiction d'Hispalis, Celti, Arua, Canama, Evia, Ilipa, surnommée Ilia ; Italica ; et à la gauche Hispalis, colonie romaine, surnommée Romulensis ; en face la ville d'Osset, surnommée Julia Constantia ; Vergentum, surnommée le Génie de Jules ; Orippo, Caura, Siarum ; le fleuve Ménoba, qui se jette, du côté droit, dans le Bétis. Dans les bas-fonds que forme le Bétis est la ville de Nebrissa, surnommée Veneria ; et Colobona. Colonies : Asta, surnommée Regia ; et dans l'intérieur des terres, Asido, surnommée Caesariana."
Sources épigraphiques
Estampille de Palma del Río (CIL 02-05, 1321 ; 02, 4967,17 ; AE 1988, 738) POP(VLVS ?) / CELT(ITANVS ?)
"[...] Fabius [...]dus, fils de Marcus, (de la tribu) Galeria, flamine des divins Augustes de la province de Bétique, ayant rempli la dignité du flaminat, (Publius) Cattius Sabinus (2e consulat) et (Publius) Cornelius Anullinus étant consuls (1), par consensus, l'assemblée de toute la province de Bétique l'honora avec les plus grands honneurs et décréta qu'une statue lui serait érigée […]. Son père, Marcus Fabius Basileus, celtitain, a assumé la dépense pour cet honneur."
(1) 216 ap. J.-C.
Peñaflor (CIL 02, 2326 ; CILA-02-01, 165 ; HEp 1999, 518 ; AE 1999, 893 ; 2000, 722) VENEREM AVG(VSTAM) CVM PARERG(O) ITEM PHIALAM ARGENTEAM AEMILII // RVSTICI / ITEM TRVLLAM ARGENTEAM M(ARCVS) ANNIVS CELTITAN(VS) TESTAMENTO / SVO POST MORTEM AEMILIAE ART[H]EMISIAE VXORIS ET / HAEREDIS SVAE PONI IVSSIT AEMILIA / ARHTEMISIA FILIA POSVIT EADEMQ(UE) SVO / ANNVLLVM AVREVM GEMMA MELIORE
"Marcus Annius, celtitain, par testament, a stipulé qu'à la mort de sa femme et héritière, Aemilia Artemisia, une statue en forme de Vénus avec ses attributs lui serait érigée. Aemilia Artemisia, sa fille, a érigé ce monument et, pour sa part, a ajouté une bague en or avec des pierres précieuses de la meilleure qualité. Aemilius Rusticus, de son côté, a donné une phiale et un vase d'argent."