Contraint au départ, César conclut la paix à regret (fin de l'été 55 av. J.-C.)
Les Bretons ayant été défaits par les Romains, le jour-même, ils déléguèrent des ambassadeurs pour négocier les conditions de leur reddition. Peu de temps auparavant, dans de pareilles circonstances, ils avaient bénéficié de la relative clémence de César, avant de trahir aussitôt les accords conclus. Bien que peu disposé à leur pardonner, César fut contraint de traiter sans tarder. En effet, l'équinoxe d'automne approchant (entre le 21 et le 24 septembre), rester plus longtemps en Bretagne aurait exposé les Romains à une navigation rendue périlleuse sur la Manche, d'autant plus avec des navires endommagés. Hiverner en Bretagne n'était pas non-plus envisageable ; les troupes romaines n'étaient pas équipées pour, et n'ayant reçu aucun renforts, elles se seraient rapidement trouvées à la merci des Bretons. Enfin, les arrières de César n'étaient plus assurés puisque en Gaule, les légats Lucius Aurunculeius Cotta et Quintus Titurius Sabinus se trouvaient confrontés au soulèvement des Morins (César, Guerre des Gaules, IV, 36 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 52).
Dans ces circonstances, César imposa des conditions de capitulations à peine plus dures que les précédentes, puisqu'il se contenta de doubler le nombre des otages réclamés. Aussi, il n'attendit pas que ces otages lui soient livrés (il réclama qu'ils lui soient livrés en Gaule) pour ordonner, le soir-même, le retour de ses deux légions chez les Morins (César, Guerre des Gaules, IV, 36 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 52-53).
César, Guerre des Gaules, IV, 36 :"Le même jour, des députés, envoyés à César par l'ennemi, vinrent demander la paix. César doubla le nombre des otages qu'il leur avait demandés précédemment, et ordonna de les lui amener sur le continent, parce que le temps de l'équinoxe approchait et qu'il ne voulait point exposer à une navigation d'hiver des vaisseaux en mauvais état. Profitant d'un temps favorable, il leva l'ancre peu après minuit ; tous ses navires regagnèrent le continent sans le moindre dommage ; dans le nombre, deux vaisseaux de charge seulement ne purent aborder au même port que les autres, et furent portés un peu plus bas."
Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 52 :"Ensuite ils se jetèrent sur le camp même ; mais, bien loin d'avoir l'avantage, ils furent battus : toutefois ils ne demandèrent à traiter qu'après plusieurs défaites. César n'était pas disposé à leur accorder la paix ; mais l'hiver approchait, il n'avait pas auprès de lui des troupes suffisantes pour continuer la guerre pendant la mauvaise saison, et celles qui devaient arriver avaient eu beaucoup à souffrir ; enfin, les Gaulois avaient profité de son absence pour tenter de nouveaux mouvements. Il traita donc à contrecoeur, demanda encore des otages, et même en plus grand nombre ; mais il en obtint très peu."
Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 53 :"César repassa sur le continent et pacifia les contrées où des troubles avaient éclaté. Il ne remporta de la Bretagne, pour la République et pour lui, que la gloire d'avoir entrepris une expédition dans cette île. II en était très fier lui-même, et tout le monde à Rome la prônait avec enthousiasme."