Les seuls indices permettant de déterminer la localisation de leur territoire proviennent de la Géographie de Ptolémée. Ce géographe leur donne pour villes Δηοῦα / Deva (Chester, Cheshire, Angleterre) et Οὐιροκόνιον / Viroconium (Wroxeter, Shropshire, Angleterre). D'après ces indications et celles relatives aux cités voisines, leur territoire devait couvrir une portion notable des Midlands de l'Ouest, notamment les actuels comtés du Cheshire, du Shropshire, une grande partie du Staffordshire et le nord du Herefordshire et du Wrocestershire. En outre, leur territoire devait déborder sur l'extrémité orientale du Pays-de-Galles, sur une partie de la Clwyd et du Powys. On considère fréquemment que leur capitale pré-romaine était le hillfort du Wrekin (Shropshire), avant que celle-ci ne fut transférée à Viroconium (Wroxeter).
Attestations et étymologie
Les Cornoviens ne furent mentionnés que par Ptolémée, sous la forme Κορναούιοι (Géographie, II, 3, 19), et deux inscriptions lapidaires. La première est une épitaphe provenant d'Ilkley (West Yorkshire) qui qualifie la défunte de C(IVIS) CORNOVIA "citoyenne cornovienne" (RIB-01, 639). La seconde est une inscription honorifique en l'honneur de l'empereur Hadrien, qui fut érigée à Wroxeter par la CIVITAS CORNOV[IORVM] "cité des Cornoviens" (RIB-01, 288 ; AE 1925, 1 ; 1926, 84). Notons enfin que le Registre des Dignitaires mentionne une cohortis primae Cornouiorum "première cohorte des Cornoviens" (Occ. XL). Cet ethnonyme est fréquemment rapproché du gaulois carnon, qui signifie "corne / trompe", sans aucune certitude.
Protohistoire
Les Cornoviens sont les parfaits homonymes des Κορναούιοι / Cornoviens, également mentionnés par Ptolémée dans le Nord de la Grande-Bretagne (Géographie, II, 3, 11-12). Rien ne permet de dire s'il existait un lien quelconque entre ces deux populations.
À partir du XIe-VIIIe s. av. J.-C., le sel fut exploité par briquetage à partir de sédiments salins, en plusieurs points du Wrocestershire et du Cheshire. Cette industrie a pris davantage d'ampleur entre le Ve av. et le Ier s. ap. J.-C. (Nevell, 2005).
Les Cornoviens ont occupé un certain nombre de hillforts, dont certains le furent déjà par intermittence depuis le Néolithique ou l'âge du Bronze. Les hillforts les plus remarquables qui leur sont communément attribués sont ceux du Wrekin (Telford, Shropshire), de Bury Walls (Weston-under-Redcastle, Shropshire), le Caer Caradoc (Church Stretton, Shropshire), celui de Titterstone Clee (Ludlow, Shropshire), et le plus célèbre de tous, celui de Old Oswestry (Oswestry, Shropshire).
Histoire
● La conquête romaine
Les Cornoviens ne furent pas mentionnés dans le cadre du récit des différents épisodes de la soumission de l'île de Britannia par les Romains, cependant il est possible de déterminer la période au cours de laquelle ils furent affectés par cette conquête. En effet, leur territoire fut nécessairement traversé par les troupes de Publius Ostorius Scapula lorsque celles-ci pillèrent le territoire des Déceangles (48 ap. J.-C.), puis lorsqu'elles le quittèrent pour réprimer une révolte des Brigantes (48 av. J.-C.). Par la suite, leur territoire fut certainement ardemment arpenté, dans la cadre de la guerre qui opposa les Romains aux Silures et à leurs alliés, jusqu'en 61 ap. J.-C.
Dans le cadre de ces campagnes que le site de Viroconium (Wroxeter) se développa et qu'y fut édifié une forteresse légionnaire, où fut stationnée une cohorte d'auxiliaires thraces, puis la légion XIV Gemina (entre 58 et 66/67 ap. J.-C.). Par la suite, elle fut remplacée par la légion XX Valeria Victrix (entre 66/67 et 88 ap. J.-C.). Une seconde forteresse légionnaire fut installée à Deva (Chester), où fut cantonnée la légion II Adiutrix entre le milieu des années 70 et 87 ap. J.-C. Au départ de cette dernière, elle fut remplacée par la légion XX Valeria Victrix.
● La romanisation
La présence des forts légionnaires de Viroconium et de Deva participa grandement à la romanisation des Cornoviens. Vers 88 ap. J.-C., lorsque la légion XX Valeria Victrix quitta Viroconium, une agglomération civile se développa à partir des canabae, laquelle finit par englober le camp. La ville devint la métropole de la cité des Cornoviens.
● Le Bas-Empire
Vers 197 ap. J.-C., sous Septime Sévère, dans le cadre d'une première réforme provinciale touchant l'île de Bretagne, la cité des Cornoviens intégra la nouvelle province de Bretagne inférieure.
A la fin du IIIe s. ap. J.-C., dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien, la province de Bretagne inférieure fut divisée en deux nouvelles provinces. Dans ce cadre, la cité des Cornoviens fut intégrée à la province de Flavie césarienne.
Entre la fin du IVe et le début du Ve, le Registre des Dignitaires indique que la cohortis primae Cornouiorum était en garnison à Pons Aelius (Newcastle upon Tyne, Tyne and Wear), où elle était chargée de protéger l'extrémité orientale du Mur d'Hadrien (Occ. XL).
"Aux Dieux Mânes. Ved[...], fille de [...]rico, âgée de 30 ans, citoyenne cornovienne, repose ici."
Inscription de Wroxeter (RIB-01, 288 ; AE 1925, 1 ; 1926, 84) IMP(ERATORI) CA[ES(ARI)] DIVI TRAIANI PARTHICI FIL(IO) DI[VI N]ERVAE NEPOTI TRAIANO H[A]DRIANO AVG(VSTO) PONTI[FI]CI MAXIMO TRIB(VNICIA) POT(ESTATE) XIII[I CO(N)S(VLI) III P(ATRI) P(ATRIAE)] CIVITAS CORNOV[IORVM]
"À l'empereur César, fils du divin Traianus, Parthique, petit-fils du divin Nerva, Traianus Hadrianus, Auguste, grand pontife, 24 fois revêtu du pouvoir tribunicien, 3 fois consul, père de la patrie. La cité des Cornoviens."