Les seuls indices permettant de déterminer la localisation de leur territoire proviennent de la Géographie de Ptolémée. Ce géographe les situe dans l'Est de l'Ἐπίδιον ἄκρον "promontoire des Épidiens" (Mull of Kintyre), dans le voisinage des Καιρηνοὶ / Cérènes, des Λοῦγοι / Lugiens et des Σμέρται / Smertes (II, 3, 11-12). Ptolémée précise qu'ils vivaient à l'extrémité de l'île de Bretagne (1), où, dans un autre passage, il place les promontoires Ταρουεδοὺμ / Tarvedum, Οὐιρουεδροὺμ / Viruedrum et Οὐερουβίουμ / Verubium, généralement identifiés comme étant le Holborn Head ou le Dunnet Head, pour le premier, et le Duncansby Head et le Noss Head, pour les deux suivants (II, 3, 5). Ces différents éléments invitent à localiser les Cornoviens dans la portion orientale du Caithness, en Écosse.
Attestations et étymologie
Les Cornoviens ne furent mentionnés que par Ptolémée, sous la forme Κορναούιοι et Κορναουίοις (Géographie, II, 3, 11-12). Cet ethnonyme est fréquemment rapproché du gaulois carnon, qui signifie "corne / trompe", sans aucune certitude.
Protohistoire
Les Cornoviens sont les parfaits homonymes des Κορναούιοι / Cornoviens, également mentionnés par Ptolémée dans le centre-ouest de la Grande-Bretagne (Géographie, II, 3, 19). Rien ne permet de dire s'il existait un lien quelconque entre ces deux populations.
De nombreux brochs ont été édifiés dans le Caithness et quelques régions adjacentes. Ces petites structures défensives à double enceinte ont été principalement édifiées entre le Ier s. av. et le Ier s. ap. J.-C., mais quelques unes semblent pouvoir être datées du IIe s. av. J.-C., tandis que d'autres, plus tardives, pourraient avoir édifiées jusqu'au IIe-IIIe s. ap. J.-C.
Le promontoire Ὀρκὰς / Orcas, dont on sait par Ptolémée qu'il jouxtait le territoire des Cornoviens, fut mentionné pour la première fois au Ier s. av. J.-C. par Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, V, 21), qui tirait possiblement ses informations du récit du périple de Pythéas (fin du IVe s. av. J.-C.). Le récit de ce voyageur, et de ceux qui l'ont succédé dans cette région (on songera notamment à la circumnavigation de 82 ap. J.-C.), ne sont connus que par de rares éléments, lesquels ne fournissent aucune indication sur les Cornoviens.
Histoire
● Des conflits permanents avec les Romains
À une date méconnue, les différentes populations du Nord de la Grande-Bretagne se sont réunies en une confédération, celle des Calédoniens. Celle-ci a été constamment en guerre contre les Romains, depuis la série de campagnes menées par Cnaeus Iulius Agricola dans le Nord de l'île (82-84 ap. J.-C.), jusqu'aux campagnes de Septime Sévère (208-211 ap. J.-C.). Les Cornoviens ne furent jamais mentionnés dans le cadre de ces événements, dont ils étaient d'ailleurs distants, mais touts porte à croire qu'ils ont pu y prendre part.
À partir de la fin du IIIe s. ap. J.-C., les Calédoniens et autres populations du Nord de l'île (principalement les Méates), s'agrégèrent pour constituer un nouvel ensemble, les Pictes. Ceux-ci maintinrent les hostilités contre les Romains, et prirent part à la grande invasion de 364/367.
Notes
(1) Dans le passage, Ptolémée les situe à l'extrémité orientale de l'île. Cependant, cette information résulte en réalité d'une lourde erreur du géographe, qui a conduit à une déformation notable de la géométrie générale du Nord de l'île, anormalement décalée vers l'Est.
Sources littéraires anciennes
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 21 :"Nous allons maintenant dire un mot de la configuration de cette île, et de l'étain qu'elle produit. L'île Britannique a la forme d'un triangle comme la Sicile ; mais ses côtés sont inégaux. Elle s'étend obliquement en face de l'Europe. On appelle Cantium le promontoire le plus proche du continent, et qui n'en est éloigné que d'environ cent stades, à partir du point où commence le lit de la mer. L'autre promontoire, appelé Bélérium est éloigné du continent de quatre journées de navigation. Le dernier, qui s'appelle Orcas, s'avance, suivant les historiens, dans la pleine mer. Le plus petit côté de l'île est parallèle au continent de l'Europe et a sept mille cinq cents stades de longueur, le second depuis le détroit jusqu'au sommet du triangle, quinze mille, et le dernier, vingt mille ; de telle sorte que toute l'île a quarante-deux mille cinq cents stades de circonférence."