Dumnorix - Notable Eduen, frère de Diviciacos avec lequel il était souvent en conflit. Vergobret (magistrat suprême) peu avant le guerre des Gaules, il eut aussi la charge de la ferme des douanes et des impôts durant plusieures années, et était très apprécié par son peuple. Avide de pouvoir, Il se maria avec la fille de l'Helvète Orgétorix, fit épouser sa mère par un Biturige, mais aussi sa demi-soeur et d'autres parentes à des notables des citès voisines. Il posséde de surcroit sa propre cavalerie. En 58 avant J.-C., Il intercéda auprès des Séquanes le passage des Helvètes sur leur territoire. César crie à la trahison, mais Diviciacos intervient en sa faveur. Nous le retrouvons en 54 avant J.-C., sur les côtes de la Manche, à Portius Itius (Boulogne-sur-Mer). Ou il refuse de s'embarquer avec l'armée romaine, et quitte le camp. Il sera rattrapé par la cavalerie romaine, qui le tuera les armes à la main, criant "qu'il est libre et appartient à un peuple libre". Son nom le "roi du monde du dessous" ou "le roi ténébreux" apparait sur des monnaies éduennes, avec les formes "DVBNOREIX" , "DVBNOREX", "DVBNOR", etc..., associé pour certaines avec Anorbos.
Jules César, La guerre des gaules, I, 3: "Orgétorix fut choisi pour mener à bien l'entreprise : il se chargea personnellement des ambassades. Au cours de sa tournée, il persuade Casticos, fils de Catamantaloédis, Séquane, dont le père avait été longtemps roi dans son pays et avait reçu du Sénat romain le titre d'ami, de s'emparer du pouvoir qui avait auparavant appartenu à son père ; il persuade également l'Héduen Dumnorix, frère de Diviciacos, qui occupait alors le premier rang dans son pays et était particulièrement aimé du peuple, de tenter la même entreprise, et il lui donne sa fille en mariage."
Jules César, La guerre des gaules, I, 9: "Il ne leur restait plus qu'une route, celle qui traversait le territoire des Séquanes ; ils ne pouvaient, à cause des défilés, s'y engager sans le consentement de ce peuple. Ne pouvant le persuader à eux seuls, ils envoient une ambassade à l'Héduen Dumnorix, afin que par son intercession il leur obtienne le passage. Dumnorix, qui était populaire et généreux, disposait de la plus forte influence auprès des Séquanes ; c'était en même temps un ami des Helvètes, parce qu'il s'était marié dans leur pays, ayant épousé la fille d'Orgétorix ; son désir de régner le poussait à favoriser les changements politiques, et il voulait s'attacher le plus de nations possible en leur rendant des services. Aussi prend-il l'affaire en main : il obtient des Séquanes qu'ils laissent passer les Helvètes sur leur territoire, et amène les deux peuples à échanger des otages, les Séquanes s'engageant à ne pas s'opposer au passage des Helvètes, ceux-ci garantissant que leur passage s'effectuera sans dommages ni violences."
Jules César, La guerre des gaules, I, 18: "César sentait bien que ces paroles de Liscos visaient Dumnorix, frère de Diviciacos ; mais, ne voulant pas que l'affaire soit discutée en présence de plusieurs personnes, il congédie promptement l'assemblée, et ne retient que Liscos. Seul à seul, il l'interroge sur ce qu'il avait dit dans le conseil. Celui-ci parle avec plus de liberté et d'audace. César interroge en secret d'autres personnages ; il constate que Liscos a dit vrai. " C'était bien Dumnorix : l'homme était plein d'audace, sa libéralité l'avait mis en faveur auprès du peuple, et il voulait un bouleversement politique. Depuis de longues années il avait à vil prix la ferme des douanes et de tous les autres impôts des Héduens, parce que, lorsqu'il enchérissait, personne n'osait enchérir contre lui. Cela lui avait permis d'amasser, tout en enrichissant sa maison, de quoi pourvoir abondamment à ses largesses ; il entretenait régulièrement, à ses frais, une nombreuse cavalerie qui lui servait de garde du corps, et son influence ne se limitait pas à son pays, mais s'étendait largement sur les nations voisines. Il avait même, pour développer cette influence, marié sa mère, chez les Bituriges, à un personnage de haute noblesse et de grand pouvoir ; lui-même avait épousé une Helvète ; sa soeur du côté maternel et des parentes avaient été mariées par ses soins dans d'autres cités. Il aimait et favorisait les Helvètes à cause de cette union ; en outre, il nourrissait une haine personnelle contre César et les Romains, parce que leur arrivée avait diminué son pouvoir et rendu à son frère Diviciacos crédit et honneurs d'autrefois. Un malheur des Romains porterait au plus haut ses espérances de devenir roi grâce aux Helvètes ; la domination romaine lui ferait perdre l'espoir non seulement de régner, mais même de conserver son crédite. " L'enquête de César lui apprit encore que, dans le combat de cavalerie défavorable à nos armes qui avait eu lieu quelques jours auparavant, Dumnorix et ses cavaliers avaient été les premiers à tourner bride (la cavalerie auxiliaire que les Héduens avaient fournie à César était, en effet, commandée par Dumnorix) ; c'était leur fuite qui avait jeté la panique dans le reste de la troupe."
Jules César, La guerre des gaules, I, 19: "Aux soupçons que faisaient maître ces renseignements se joignaient d'absolues certitudes : il avait fait passer les Helvètes à travers le pays des Séquanes ; il s'était occupé de faire échanger des otages entre les deux peuples ; il avait agi en tout cela non seulement sans l'ordre de César ni de ses concitoyens, mais encore à leur insu ; il était dénoncé par le premier magistrat des Héduens. César pensait qu'il y avait là motif suffisant pour sévir lui-même ou inviter sa cité à le punir. A ces raisons, une seule s'opposait : il avait pu apprécier chez Diviciacos, frère du traître, un entier dévouement au peuple romain, un très grand attachement à sa personne, les plus remarquables qualités de fidélité, de droiture, de modération ; et il craignait de lui porter un coup cruel en envoyant son frère au supplice. Aussi, avant de rien tenter, il fait appeler Diviciacos, et, écartant ses interprètes ordinaires, il a recours, pour s'entretenir avec lui, à Caïus Valérius Troucillus, grand personnage de la Gaule romaine, qui était son ami et en qui iI avait la plus entière confiance. Il lui rappelle ce qu'on a dit de Dumnorix en sa présence, dans le conseil, et lui fait connaître les renseignements qu'il a obtenus dans des entretiens particuliers ; il le prie instamment de ne pas s'offenser s'il statue lui-même sur le coupable après information régulière ou s'il invite sa cité à le juger."
Jules César, La guerre des gaules, I, 20: "Diviciacos, tout en larmes, entoure César de ses bras et le conjure de ne pas prendre contre son frère des mesures trop rigoureuses. Il savait qu'on avait dit vrai, et personne n'en souffrait plus que lui : car alors qu'il jouissait dans son pays et dans le reste de la Gaule d'une très grande influence et que son frère, à cause de son jeune âge, n'en possédait aucune, il l'avait aidé à s'élever ; et la fortune et la puissance ainsi acquises, il s'en servait non seulement à affaiblir son crédit, mais même à préparer sa perte. Pourtant, c'était son frère, et d'autre part l'opinion publique ne pouvait le laisser indifférent. Si César le traitait avec rigueur quand lui, Diviciacos, occupait un si haut rang dans son amitié, personne ne penserait que c'eût été contre son gré : et dès lors tous les Gaulois lui deviendraient hostiles. Il parlait avec abondance et versait des larmes. César prend sa main, le rassure, lui demande de mettre fin à ses instances ; il lui déclare qu'il estime assez haut son amitié pour sacrifier à son désir et à ses prières le tort fait aux Romains et l'indignation qu'il éprouve. Il fait venir Dumnorix et, en présence de son frère, lui dit ce qu'il lui reproche ; il lui expose ce qu'il sait, et les griefs de ses compatriotes ; il l'avertit d'avoir à éviter, pour l'avenir, tout soupçon ; il lui pardonne le passé en faveur de son frère Diviciacos ; il lui donne des gardes, afin de savoir ce qu'il fait et avec qui il s'entretient."
Jules César, La guerre des gaules, V, 6: "Au nombre de ces chefs était l'Héduen Dumnorix, dont nous avons déjà parlé. Il était des premiers que César eût pensé à garder avec lui, car il savait son goût de l'aventure, sa soif de domination, sa hardiesse et l'autorité dont il jouissait parmi les Gaulois. De plus, Dumnorix avait dit dans une assemblée des Héduens que César lui offrait d'être roi de ce peuple, propos qui les inquiétait fort, sans qu'ils osassent députer à César pour dire qu'ils n'acceptaient pas son projet ou prier qu'il y renonçât. César avait connu le trait par ses hôtes. Dumnorix commença par user de toutes sortes de prières pour obtenir qu'on le laissât en Gaule : " Il n'avait pas l'habitude de naviguer et redoutait la mer ; il était retenu par des devoirs religieux. " Quand il vit qu'il se heurtait à un refus catégorique, n'ayant plus aucun espoir de succès, il se mit à intriguer auprès des chefs gaulois, leur faisant peur, les prenant chacun à part et les exhortant à rester sur le continent : " Ce n'était pas sans raison, disait-il, qu'on enlevait à la Gaule toute sa noblesse : le projet de César, qui n'osait pas la massacrer sous les yeux des Gaulois, était de la transporter en Bretagne pour l'y faire périr. " Aux autres, Dumnorix jurait et faisait jurer qu'ils exécuteraient d'un commun accord ce qu'ils croiraient utile aux intérêts de la Gaule. Bien des gens dénonçaient ces menées à César."
Jules César, La guerre des gaules, V, 7: "Lorsqu'il connut cette situation, sa pensée fut la suivante : en raison du rang où il plaçait la nation héduenne, tout tenter pour retenir Dumnorix et le détourner de ses desseins ; mais comme, d'autre part, l'égarement du personnage ne faisait, visiblement, que croître, prendre ses précautions pour qu'il ne pût être un danger ni pour lui, ni pour l'État. En conséquence, ayant été retenu au port environ vingt-cinq jours par le chorus, vent qui souffle le plus souvent, en toute saison, sur ces côtes, il s'appliqua à garder Dumnorix dans le devoir, sans pour cela négliger de se tenir au courant de tous les plans qu'il formait ; enfin, profitant d'un vent favorable, il donne aux fantassins et aux cavaliers l'ordre d'embarquer. Mais, tandis que cette opération occupait l'attention de tous, Dumnorix quitta le camp, à l'insu de César, avec la cavalerie héduenne, et prit le chemin de son pays. Quand il apprend la chose, César suspend le départ et, toute affaire cessante, envoie une grande partie de la cavalerie à sa poursuite, avec ordre de le ramener ; s'il résiste, s'il refuse d'obéir, il commande qu'on le tue, car il n'attendait rien de sensé, loin de sa présence, d'un homme qui lui avait désobéi en face. Dumnorix, sommé de revenir, résiste, met l'épée à la main, supplie les siens de faire leur devoir, répétant à grands cris qu'il est libre et appartient à un peuple libres. Conformément aux ordres, on l'entoure et on le tue ; quant aux cavaliers héduens, tous reviennent auprès de César."