Eponina / Epponina / Eμπονη / Peponilla - Femme de Julius Sabinus, allié de Civilis. Depuis la victoire remportée sur les Séquanes, les conjurés s'étaient cachés. Victimes d'une trahison, ils furent arrêtés. Devenue chrétienne, elle insultera l'empereur Vespasien et fut exécutée après son mari, en 79 ap. J.-C. Elle fut béatifiée sous le nom de Sainte-Eponine et fêtée le 1er novembre. G. Dottin (1918) proposait de traduire cet anthroponyme par "héroïne". On notera néanmoins qu'il pourrait être possible d'y identifier le terme celtique epo "cheval de selle".
Xiphilin, Abrégé de l'Histoire Romaine de Dion Cassius, LXVI, 16 :"Sabinus, ce Galate qui s'était donné autrefois le nom de Caesar, qui avait pris les armes et qui, ayant été défait, s'était caché dans un tombeau, fut découvert et conduit à Rome. Avec lui mourut sa femme Peponilla qui, en quelque sorte, l'avait sauvé, bien qu'elle eût présenté à Vespasianus ses enfants, et qu'en les. montrant à l'empereur elle eût prononcé ces paroles si propres à l'attendrir : " Je les ai mis au monde dans un tombeau, et je les y ai nourris pour que nous fussions plus nombreux à te supplier. " Elle le fit pleurer, lui et les autres assistants, mais sans obtenir sa grâce."
Tacite, Histoire, IV, 67 :"Sabinus, si prompt à engager une lutte téméraire, ne le fut pas moins à s'enfuir de la mêlée. Pour répandre le bruit de sa mort, il mit le feu à la maison où il s'était réfugié ; on crut qu'il y avait volontairement terminé ses jours. Toutefois, il vécut encore neuf ans ; je dirai plus tard par quels moyens, dans quel asile, et je rendrai le compte que je dois de la constance de ses amis et de l'héroïque dévouement d'Epponina sa femme."
Plutarque, De l'Amour, 25 :"Sabinus se trouvait dans des circonstances telles qu'il aurait pu, en tout autre moment, s'échapper sans peine et se réfugier chez les Barbares. Mais il était marié à une épouse la plus vertueuse du monde. Dans son pays elle s'appelait Emponè, nom qui en grec répondrait à "héroïne." Il ne se sentait pas plus capable de l'abandonner qu'il ne pouvait l'emmener avec lui. Il avait dans ses domaines des caveaux souterrains destinés à cacher ses richesses, et connus de deux de ses affranchis seulement. Il éloigna ses autres esclaves sous prétexte qu'il allait se faire périr par le poison, et prenant avec lui les deux serviteurs auxquels il se fiait, il descendit dans ces souterrains. Il dépêchait en même temps vers sa femme son affranchi Martalius pour lui annoncer qu'il avait succombé au poison, et que sa maison des champs avait été brûlée avec son corps. Il voulait que le désespoir bien véritable de sa femme accréditât la nouvelle de sa mort. Ce fut ce qui advint. "Dans l'état même où la trouva cette nouvelle, Emponè se précipita le visage contre terre en poussant des lamentations et des sanglots, et elle resta trois jours entiers et trois nuits sans prendre aucune nourriture. Sabinus en ayant été informé eut peur qu'elle ne se laissât tout à fait mourir : il lui envoya dire en secret par Martalius qu'il vivait, qu'il était caché, mais qu'il avait besoin qu'elle continuât encore un peu de temps ces scènes de désespoir, en donnant à son affliction simulée une parfaite vraisemblance. Pour tout le reste Emponè joua résolûment ce rôle tragique, de manière à faire croire à sa douleur; mais comme elle brûlait du désir de voir son époux, elle partit une nuit, et elle était de retour le lendemain. Depuis ce moment, et sans que personne s'en aperçût, elle vécut à peu de chose près au fond des Enfers, partageant la retraite de son mari avec lequel elle demeura durant sept mois entiers. "Au bout de ce temps elle déguisa Sabinus en l'habillant, en lui taillant les cheveux, en lui ceignant la tête de rubans, de telle façon qu'il était impossible de le reconnaître; et elle revint avec lui à Rome, sur certaines espérances qui lui avaient été données. Mais n'ayant pas réussi, elle le reconduisit dans le caveau, où elle passait avec lui sous terre la plus grande partie de son existence. Seulement, de temps à autre elle retournait à la ville, et elle y circulait pour s'y faire voir de ses amies et de ses parentes. Mais ce qui est plus incroyable que tout, les compagnes avec qui elle prenait des bains ne s'aperçurent pas qu'elle était devenue grosse. La composition avec laquelle les femmes frottent leurs cheveux pour les rendre roux et brillants comme de l'or, est faite d'une substance grasse, qui donne aux chairs plus d'épaisseur ou de développement, de manière à ce que le corps se dilate ou se gonfle. Elle s'en frotta partout avec profusion, et elle déroba ainsi aux conjectures la grosseur de son ventre, dont le volume s'arrondissait tous les jours. Quant aux douleurs de l'enfantement, elle les supporta, réduite à elle seule, comme une lionne qui met bas dans son antre, et elle donna à son mari deux enfants mâles, j'allais dire deux lionceaux, qu'elle nourrit de son lait. De ces fils, l'un est mort à la guerre, en Égypte ; l'autre était ces jours derniers à Delphes avec nous, et il s'appelle Sabinus. "Pour en revenir à Emponè, l'empereur la fit mettre à mort. Mais ce meurtre eut son expiation : car à peu de temps de là toute la postérité du tyran était complètement anéantie. Il est certain que ce règne ne produisit pas de forfait plus hideux, et il n'y eut pas de spectacle dont les dieux et les génies dussent détourner leur regard avec plus d'horreur. Cependant la pitié disparut devant l'admiration inspirée par l'audace et la magnanimité d'Ernponè, lorsqu'on la vit exciter au plus haut degré la fureur de Vespasien. Elle déclara qu'elle n'acceptait aucune grâce, et qu'elle demandait à être réunie à Sabinus. Oui, dit-elle, dans les ténèbres et sous la terre j'ai vécu plus heureuse que toi sur ton trône."
Sources
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique