Les iles merveilleuses et les navigations mythiques par Plutarque (2)
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Plutarque : Sur la disparition des oracles, 18, Traduction de : Robert Flacelière, 1973, Paris, Les Belles Lettres
Texte:
La dessus Démétrios dit que plusieurs îles éparses autour de la Bretagne sont désertes et que certaines d'entre elles portent des noms de démons et de héros. Il raconte que lui-même, envoyé par l'empereur en mission de reconnaissance et d'exploration, avait abordé la plus voisine de ces îles désertes ; elle contenait bien quelques habitants, mais en très petit nombre et ils étaient tous regardés par les Bretons comme des personnages sacrés et inviolables.
Peu après son arrivée, dit-il, il se produisit dans l'atmosphère un grand trouble et de nombreux présages ; les vents se déchaînèrent et l'orage s'abattit. Quand le calme fut revenu, les habitants de l'île dirent que l'un des êtres supérieurs venait de disparaître. " En effet, expliquaient-ils, de même qu'une lampe allumée ne cause aucun désagrément, mais peut, en s'éteignant, incommoder beaucoup de gens, ainsi les grandes âmes, tant qu'elles brillent, ont un éclat qui n'est pas nuisible, mais bienfaisant, tandis qu'au moment où elles s'éteignent et périssent, souvent leur fin suscite, comme maintenant, les vents et la tempête ; souvent aussi elle répand dans l'air, qu'elle empoisonne, une influence pernicieuse. L'une des îles de cette région, ajoutaient-ils, retenait prisonnier Cronos, endormi sous la garde de Briarée, car on l'avait imaginé de se servir pour lui du sommeil en guise de lien, et de nombreux démons l'entouraient, disaient-ils, attachés à sa personne comme serviteurs.