Marcus Vipsanius Agrippa écrase les Aquitains révoltés (38 av. J.-C.)
Deux courtes mentions faites par Appien (Guerres civiles, V, 92) et Eutrope (Abrégé de l'Histoire romaine, VII, 3) font état du fait qu'à la fin de l'année 38 av. J.-C., Octavien apprit la nouvelle d'une grande victoire remportée par Marcus Vipsanius Agrippa sur les Aquitains. Aucune source ne permet de collecter des informations relatives aux causes de ce conflit, ou aux détails des opérations menées par Marcus Vipsanius Agrippa. Ce manque peut cependant être partiellement comblé par quelques découvertes archéologiques.
Dans un article de 2013 publié par Florence Verdin (en collaboration avec Matthias Chataigneau), une vaste synthèse a été réalisée portant sur toutes les découvertes archéologiques pouvant être mises en relation avec l'intervention de Marcus Vipsanius Agrippa en Aquitaine. Plusieurs catégories d'artefacts ont été pris en compte dans cette étude, principalement les projectiles classiquement utilisés par les armées romaines lors des sièges. Les éléments les plus probants étudiés, proviennent de collections privées ou ont été mis au jour lors des fouilles effectuées en 1990 et 1994 par Richard Boudet sur l'oppidum de l'Ermitage à Agen. Il s'agît de quarante et une balles de fronde et un boulet de baliste, tous antérieurs à 40 / 30 av. J.-C. La plupart de ces découvertes sont anépigraphes, à quelques exceptions près. Parmi ces exceptions, quatre font directement référence à Marcus Vipsanius Agrippa : M AGRIP IMP (ERM. 27), M AGRIP IMP […] V (ERM. 28) et M AGR IMP (ERM. 31 et 32). Une autre balle de fronde (ERM. 245.1) porte la représentation d'un fulmen morphologiquement proche de ceux qui figurent sur des balles de fronde utilisées par l'armée d'Octavien lors du siège de Pérouse (41-40 av. J.-C.). La concentration de ces projectiles dans certaines sections de l'oppidum suggère qu'Aginnum, la métropole des Nitiobroges, aurait pu être assiégée par les troupes de Marcus Vipsanius Agrippa. Aussi, un autre site présente des éléments indéniablement liés à cette campagne, celui d'Elesiodunum / Elusio (Montferrand, Aude) dans la cité des Tolosates. Trois trois balles de fronde inscrites y ont été découvertes, stockées côte à côte. Deux d'entre elles portent la mention ESVREIS ET.ME CELAS "tu crêves (de faim) et tu (me) le caches", avec CASEVM COMES PERM(ITTO) "camarade, je t'envoie ce fromage" sur l'autre face (pour l'une d'elles). D'après Michel Passelac (2006), la seule autre balle de fronde portant cette inscription est connue. Elle a été mise au jour à Pérouse (CIL 01, 692 (p.188)) et remonte au siège de la ville par les troupes d'Octave (41-40 av. J.-C.). Dans ce dernier cas de figure, il s'agît très probablement des munitions d'un militaire ayant participé au siège de Pérouse, laissé en garnison à Montferrand.
Appien, Guerres civiles, V, 92 :"Alors qu'il était dans cet état de découragement, il apprit qu'Antoine était d'accord pour l'alliance, et il entendit parler d'une grande victoire sur les Gaulois d'Aquitaine, remportée par Agrippa. Ses amis et certaines villes lui promirent aussi des navires et les firent construire. C'est pourquoi, Octave passa outre son découragement, et fit des préparatifs plus grands que les précédents."
Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, VII, 3 :"Cependant, Sextus, fils de Cn. Pompée le Grand, excita en Sicile une guerre formidable, avec les restes du parti de Brutus et de Cassius, qui avaient afflué vers lui. César Auguste Octavien et M. Antoine le combattirent d'abord, et finirent par faire la paix avec lui. A cette époque, M. Agrippa obtint de grands succès en Aquitaine, et L. Ventidius Bassus battit dans trois rencontres les Perses qui faisaient irruption en Syrie."
Sources
• M. Passelac, (2006) - "D'Elesiodunum à Elusio, nouveaux documents sur l'occupation préromaine de Montferrand (Aude) et le déplacement de l'agglomération", Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, tome CV, pp.21-34
• F. Verdin, (2013) - "Marcus Agrippa et l'Aquitaine", Aquitania, Pessac : Fédération Aquitania, vol. 29, pp.69-104
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique