Négociations de la paix avec les Galates (automne 189 / fin de l'été 188 av. J.-C.)
À l'issue de la bataille du mont Magaba (automne 189 av. J.-C.), les Galates déléguèrent des ambassadeurs auprès de Cnaeus Manlius Vulso. Celui-ci fixa un rendez-vous avec ces délégués à Ἔφεσος / Éphèse (Selçuk, province d'Izmir, Turquie), où il comptait faire hiverner ses troupes (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 27).
Compte-tenu des victoires récentes de Cnaeus Manlius Vulso, aussi bien sur diverses cités d'Asie que sur les Galates, il fut prolongé dans ses fonctions en tant que proconsul à l'issue des comices centuriates. La mission qui lui fut confiée consistait à statuer sur les conditions de la paix avec les différents peuples vaincus (dont les Séleucides et les Galates) et à exiger le versement de tributs à quelques cités réticentes. Ce fut dans ce contexte, au cours de l'hiver 189-188 av. J.-C., que diverses délégations, dont celle d'Ariarathe IV Eusèbes, roi de Cappadoce (1), et celle des Galates, arrivèrent auprès du consul. Cnaeus Manlius Vulso reçut cette délégation, mais repoussa toute négociation, en raison de l'absence d'Eumène II de Pergame, qui poursuivait son voyage à Rome (Histoire romaine, XXXVIII, 37).
Au retour d'Eumène fut d'abord négociée la paix d'Ἀπάμεια / Apamée (Dinar, province d'Afyonkarahisar, Turquie) avec les Séleucides (printemps 188 av. J.-C.), laquelle aboutit à une augmentation considérable de l'étendue du royaume de Pergame et de Rhodes. À Pergame revint la Lydie, la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie, la Chersonèse de Thrace, la Pamphylie (retirées aux Séleucides) et la Mysie (retirée aux Bithyniens), ce faisant, ce royaume devint frontalier de la portion occidentale et méridionale de la Galatie. L'objectif fut ici de réunir ces différents territoires et de les placer sous l'autorité d'Eumène, allié des Romains, afin de garantir leur sécurité contre d'éventuelles futures incursions des Bithyniens, des Séleucides, ou des Galates. À Rhodes revint la Carie et la Lycie. Les Séleucides perdirent donc toutes leurs possessions situées à l'ouest du Taurus (Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, XI).
Ce ne fut qu'à la fin de l'été 188 av. J.-C., lorsque le proconsul Cnaeus Manlius Vulso engagea le retour de l'armée romaine vers l'Hellespont, que les négociations eurent lieu avec les délégués galates. Peu de détails sont connus sur les termes précis du traité de paix, sinon le fait que les Galates se sont engagés à ne plus mener d'expéditions hors de la Galatie et à maintenir la paix avec les Pergamiens (Histoire romaine, XXXVIII, 40).
(1) Ariarathe IV Eusèbes de Cappadoce prit part à la bataille de Magnésie du Sipyle (fin 190 av. J.-C.) aux côtés d'Antiochos III Mégas. Malgré son ralliement à la cause des Romains lors de la bataille du mont Magaba, il dût donc s'acquitter d'une forte somme d'argent en guise de réparations.
Sources littéraires anciennes
Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, XI :"Antiochus, le plus puissant des rois de Syrie, fit une guerre formidable au peuple romain. Il mit sur pied trois cent mille hommes, que soutenaient encore des chars armés de faux et des éléphants ; il fut vaincu en Asie, près de Magnésie, par le consul Scipion, frère de Scipion l'Africain ; il obtint la paix et la permission de régner dans les limites du mont Taurus."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 27 :"Les Gaulois, dispersés, se rassemblèrent sur un même point, blessés pour la plupart, sans armes, sans aucune ressource. Ils envoyèrent demander la paix au consul. Manlius leur donna rendez-vous à Éphèse, et, comme l'on était déjà au milieu de l'automne, ayant hâte d'abandonner un pays glacé par le voisinage du mont Taurus, il ramena son armée victorieuse sur les côtes, pour y prendre ses quartiers d'hiver."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 37 :"Pendant l'hiver où ces faits se passaient à Rome, Cn. Manlius, d'abord consul, puis proconsul, recevait dans ses quartiers d'hiver en Asie des ambassades de toutes les villes et de toutes les peuplades en deçà du mont Taurus ; car si la victoire remportée sur Antiochus était plus brillante et plus glorieuse pour les Romains, la défaite des Gaulois était plus agréable aux alliés que celle d'Antiochus. Le despotisme royal avait été plus tolérable que la sauvage domination de ces barbares farouches qui tenaient l'Asie toujours haletante et dont les ravages semblaient se promener comme un tourbillon sur les campagnes. Ils devaient donc la liberté à l'expulsion d'Antiochus, la paix à la soumission des Gaulois, et ils venaient apporter avec leurs félicitations des couronnes d'or, chacun suivant ses moyens. Antiochus et les Gaulois eux-mêmes avaient aussi envoyé des députés pour prendre les conditions du vainqueur ; et Ariarathe, roi de Cappadoce, pour s'humilier et pour expier à prix d'argent la faute dont il s'était rendu coupable en donnant des secours à Antiochus. Il fut taxé à six cents talents d'argent. Pour les Gaulois, on leur répondit qu'à l'arrivée d'Eumène ils sauraient à quoi s'en tenir ; les députés des cités obtinrent des réponses bienveillantes et s'en retournèrent encore plus joyeux qu'ils n'étaient venus."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 40 :"Ces traités et ces décrets ratifiés, Manlius, accompagné des dix commissaires, et à la tête de toute son armée, prit la route de l'Hellespont, où il avait donné rendez-vous aux chefs des Gaulois et leur notifia les conditions qui devaient les maintenir en paix avec Eumène ; il leur signifia en même temps qu'ils eussent à renoncer à cette vie nomade, et à se renfermer dans les limites de leur territoire."