La guerre galatienne (été / automne 189 av. J.-C.)
Après un certain nombre de déconvenues en Grèce et en mer Égée, l'armée séleucide fut finalement écrasée à la bataille de Magnésie du Sipyle (fin 190 av. J.-C.), mettant un terme aux prétentions d'Antiochos III Mégas. Alors que les différents belligérants travaillaient à conclure ce conflit, le nouveau consul, Cnaeus Manlius Vulso, fut envoyé en Asie mineure pour remplacer Lucius Cornelius Scipio (Scipion l'Asiatique), qui avait remporté la victoire décisive sur les Séleucides. Avide de gloire et voulant égaler son prédécesseur, il chercha un prétexte pour reprendre les hostilités et jeta finalement ses foudres sur les Galates.
À la fin de l'année 190 av. J.-C., 5500 Galates ont été mentionnés dans les rangs de l'armée d'Antiochos III à Magnésie du Sipyle (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 38 ; 40). Leur présence n'était aucunement le fait de mercenaires engagés par les Séleucides, mais était bien le fait d'une alliance assumée par les Galates (Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, X ; Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 12). D'ailleurs, Tite-Live indique clairement que seuls une partie des Tolistobogiens(1) ne prit pas part à ce conflit, en raison d'un potentiel traité avec Pergame (Histoire romaine, XXXVIII, 18). Aussi, le fait que les Galates ne déléguèrent pas d'ambassadeurs auprès des vainqueurs explique très certainement pourquoi, au début de l'année 189 av. J.-C., les Romains s'inquiétaient de leurs intentions (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVII, 51). Peut-être même savaient-on qu'ils se préparaient à un conflit ? De toute évidence, l'imminence de cette guerre ou le soutien véritable à la cause d'Antiochos III ne fit pas l'unanimité, si on se fie aux propos de Florus (Abrégé de l'Histoire romaine, II, 11) et aux accusations émises à l'encontre de Cnaeus Manlius Vulso (fin de l'été 187 av. J.-C.)..
Alors qu'il se trouvait à Ἔφεσος / Éphèse (Ayasoluk, province d'Izmir, Turquie), Cnaeus Manlius Vulso prit le commandement de l'armée de Lucius Cornelius Scipio et entama les préparatifs de la guerre contre les Galates. Il instrumentalisa les conflits fréquents qui opposaient les Pergamiens à ces derniers pour leur réclamer des renforts. En l'absence d'Eumène II, c'est son jeune frère, Attale (le futur Attale II), qui prit le commandement d'une troupe de 1000 fantassins et 200 cavaliers. Les deux armées firent leur jonction non-loin de Μαγνησίας του Σιπύλου / Magnésie du Sipyle (Manisa, province de Manisa, Turquie) (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 12). Arrivée en Carie, cette armée reçut encore les renforts apportés par Athénée, jeune frère d'Eumène II et Attale, le Crétois Leusos et le Macédonien Corragos, soit 1000 fantassins et 300 cavaliers supplémentaires (Histoire romaine, XXXVIII, 13). En Carie, en Phrygie, en Pamphylie, puis en Pisidie, cette armée obtint la soumission de diverses cités et régla quelques conflits locaux, avant de venir camper aux frontières des Tolistobogiens. Là, le consul Cnaeus Manlius Vulso tenta de négocier avec Eposognatos la reddition des chefs galates.
Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, X :"Nous envahîmes la Gallo-Grèce, ou la Galatie (car Galates ou Gaulois sonnent à peu près de même à l'oreille), parce qu'elle avait donné au roi Antiochus des secours contre les Romains. Le proconsul Manlius poursuivit les Galates, [...]."
Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, II, 11 :"La Galatie fut entraînée, elle aussi, dans l'écroulement de la Syrie. Ses habitants avaient-ils réellement aidé Antiochus, ou Manlius Vulso, désireux de triompher imagina-t-il cette intervention ? On ne sait. Toujours est-il qu'on lui refusa le triomphe malgré sa victoire, parce qu'il ne put faire approuver le motif de cette guerre. D'ailleurs, comme son nom seul l'indique, la nation gallo-grecque est une nation mélangée et abâtardie ; les restes des Gaulois qui, sous la conduite de Brennus, avaient dévasté la Grèce, se dirigèrent vers l'Orient et s'établirent au centre de l'Asie. Mais de même que les plantes dégénèrent quand on les change de terrain, le naturel sauvage de ce peuple fut amolli par le charme voluptueux de l'Asie."
Polybe, Histoire générale, XXII, 16 :"Tandis que les ambassadeurs venus de l'Asie traitaient à Rome de la paix avec Antiochus et des intérêts de leurs différents pays, qu'en Grèce l'Étolie était désolée par la guerre, s'achevait en Asie la lutte contre les Galates, dont nous allons tracer le récit."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 12 :"Pendant la même saison, ou plutôt durant les mêmes jours qui virent ces opérations du consul M. Fulvius en Étolie, l'autre consul Cn. Manlius faisait aux Gallo-Grecs la guerre que je vais raconter. Au commencement du printemps le consul arriva à Éphèse, prit le commandement des mains de L. Scipion, passa l'armée en revue et harangua les soldats. Il donna des éloges à cette valeur à qui il n'avait fallu qu'une bataille pour terminer la guerre contre Antiochus, puis il les exhorta à entreprendre une nouvelle guerre contre les Gallo-Grecs, auxiliaires et soutiens d'Antiochus, nation indomptable, dont l'humeur farouche rendrait inutile l'expulsion du roi au-delà du mont Taurus, tant que sa force principale, qu'il mettait dans les peuples, ne serait pas anéantie. Enfin il parla de lui-même en peu de mots, sans fard, sans exagération. La joie des soldats en écoutant le consul éclata en applaudissements répétés. Ils songeaient que les Gallo-Grecs avaient fait partie des armées d'Antiochus et que, le roi ayant été vaincu, les Gallo-Grecs, réduits à leurs seules forces, devaient être des ennemis peu redoutables. L'absence d'Eumène en ce moment (il était à Rome) parut au consul un contre-temps fâcheux, parce qu'il connaissait les lieux et les moeurs du pays, et qu'il avait intérêt à la ruine des Gallo-Grecs. Ne pouvant l'avoir près de lui, le consul fit venir son frère Attale, de Pergame, et l'invita à joindre ses armes aux siennes ; Attale promit sa coopération et celle de ses compatriotes, et retourna à Pergame pour faire ses préparatifs. Peu de jours après, le consul, qui s'était éloigné d'Éphèse, fut rejoint près de Magnésie par Attale, à la tête de mille hommes d'infanterie et de deux cents chevaux ; il avait donné à son frère Athénée l'ordre de suivre avec le reste des troupes, laissant la garde de Pergame à des hommes dont le dévouement à son frère et à l'état, lui inspirait le plus de confiance. Le consul donna des éloges au jeune prince, et s'avança avec toutes ses forces jusqu'au Méandre, où il campa, dans l'impossibilité de traverser le fleuve à gué, en attendant des barques pour faire passer son armée. Le passage effectué, on arriva à Hiéra Comè."