La bataille du mont Olympe (fin de l'été 189 av. J.-C.)
Les chefs galates ayant refusé de traiter avec les Romains et les Pergamiens, la guerre devint inévitable. En conséquence, les Galates se retirèrent dans les montagnes, sur des hauteurs inexpugnables, espérant que les difficultés inhérentes à attaquer de telles positions poussassent les Romains à renoncer à les y en déloger. Les Tolistobogiens menés par Ortiagon, chef ayant pris l'ascendance sur les Galates, et les soldats trocmes, trouvèrent refuge sur le mont Olympe (1), une hauteur escarpée qu'ils fortifièrent par un rempart et un fossé, et dotèrent de réserves suffisantes pour soutenir un siège (2). D'après Tite-Live, les Galates espéraient bien que la topographie et les difficultés de ravitaillement suffiraient à les tenir à bonne distance des Romains et Pergamiens, si bien qu'ils négligèrent de doter les défenseurs de la place de provisions suffisantes de traits (Histoire romaine, XXXVIII, 19).
Contrairement aux attentes des Galates, le consul Cnaeus Manlius Vulso était bien décidé à braver la rudesse des montagnes pour les y affronter, si bien qu'il y lança ses troupes. Ayant conscience du fait que la position qu'ils occupaient leur était très avantageuse, il se résolut à les attaquer à distance, donc dota son armée de conséquentes réserves de traits (Histoire romaine, XXXVIII, 20).
Romains et Pergamiens vinrent camper à près de cinq mille pas (3) et depuis cette position, commencèrent à reconnaître le terrain. Alors que Cnaeus Manlius Vulso et Attale (le futur Attale II de Pergame) étaient à la tête de cette mission de reconnaissance, leurs troupes furent surprises et attaquées par une unité de cavalerie galate, qui leur occasionna des dommages notables et les mit en fuite (Histoire romaine, XXXVIII, 20).
Deux jours après cet accrochage, le consul Cnaeus Manlius Vulso réunit ses troupes afin de les informer sur sa stratégie pour prendre d'assaut les positions galates. L'exploration des abords du mont Olympe lui ayant permis de localiser trois endroits au niveau desquels la topographie moins escarpée permet l'ascension de la montagne, il divisa ses troupes en trois corps. Aux côtés d'Attale, Cnaeus Manlius Vulso prit le commandement du gros des troupes, lesquelles devaient se hisser vers le sommet par l'endroit le moins rapide. Les troupes dirigées par Lucius Manlius Vulso (père du consul) devaient quant à elle donner l'assaut par le sud-est, tandis que celles commandées par Caius Helvius devaient y parvenir par le nord-ouest. Enfin, les auxiliaires pergamiens furent également divisés en trois corps et laissés au pied de la montagne, où elles étaient chargées de venir au secours les troupes lancées à l'assaut en cas de besoin (Histoire romaine, XXXVIII, 20).
Voyant les troupes de Cnaeus Manlius Vulso et leurs alliés gravir les pentes du mont Olympe, les Galates, détachèrent près de 1000 hommes à un mille de leur camp (4), pour tenir la voie d'accès méridionale, qu'ils avaient négligé de fortifier. Immédiatement, les forces en présence se préparèrent à l'affrontement. Les Romains disposèrent en avant leurs vélites, les archers crétois d'Attale, les frondeurs, les Tralles et les Thraces. La bataille qui s'engagea fut d'abord équilibrée. Cependant, rapidement, les Galates payèrent cher leur négligence. En effet, plus le combat se prolongea, plus leur manque de projectiles devint flagrant, puis handicapant. Les Romains étant à l'inverse bien dotés en traits divers. Les défenseurs du mont Olympe se trouvèrent donc dans une position plus qu'inconfortable, puisqu'il leur fut dés leur impossible de tenir efficacement leurs positions, sous des pluies de projectiles. Ils furent donc réduits à répondre à ces attaques en lançant aux assaillants des pierres, mais en vain. Les défenseurs de ce passage méridional furent donc taillés en pièces, mais quelques uns parvinrent à regagner le camp galate, tant bien que mal (Histoire romaine, XXXVIII, 21).
Les troupes dirigées par Lucius Manlius Vulso et Caius Helvius renoncèrent à poursuivre leur route sur les itinéraires qui leur avaient été attribués, en raison des difficultés que leur opposait la topographie, et firent finalement route par le passage méridional, à la traîne du corps dirigé par Cnaeus Manlius Vulso. L'ensemble des troupes romaines et pergamienne fit dés lors route pour gagner le camp galate. À leur approche, les défenseurs sortirent de leurs retranchements pour tenter d'engager un combat au corps à corps. Les Romains les criblèrent immédiatement d'une pluie de traits, les contraignant à regagner leur camp. Les assaillants avancèrent encore puis accablèrent, les portes et l'intérieur du camp lui-même, de projectiles (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 22 ; Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, II, 11).
Les portes du camp galates ayant été désertées par leurs défenseurs, Romains et Pergamiens s'y précipitèrent, déclenchant un mouvement de panique. Les Galates tentèrent de quitter le camp par des lieux plus ou moins accessibles, avec plus ou moins de succès. Les assaillants renoncèrent à piller le camp pour se lancer dans la poursuite des fuyards. La victoire des Romains et des Pergamiens fut donc totale (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 22).
Les troupes commandées par Lucius Manlius Vulso arrivèrent à leur tour et continuèrent à pourchasser les fuyards. Elles furent bientôt rejointes par les troupes de Caius Helvius, qui pillèrent le camp (bien qu'elles n'aient pas pris part aux combats). Au pied de la montagne, les troupes de cavalerie laissées en retrait tombèrent bientôt sur de nombreux galates fuyant le chaos, et en tuèrent et en firent prisonnier un grand nombre. Enfin, le consul Cnaeus Manlius Vulso fit brûler les armes prises aux Galates et repartir le butin. Le bilan humain de cette bataille du mont Olympe fut catastrophique pour les Galates, qui perdirent 40000 hommes, selon Quintus Claudius Quadrigarius, ou 10000 hommes, selon Valerius Antias (cités par Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 23). Le nombre de prisonniers est quant à lui évalué à 40000, essentiellement des femmes et des enfants, parmi lesquels figurait Chiomara, l'épouse d'Ortiagon. Tous furent convoyés en direction d'Ancyra (Ankara, province d'Ankara, Turquie) où l'armée romaine se dirigeait en vue d'affronter les Tectosages.
Notes
(1) Le mont Olympe n'est pas localisé avec précision.
(2) Les Tectosages et les femmes des Trocmes gagnèrent quant à eux le mont Magaba, tout aussi bien protégé par la nature.
(3) 5 milia passuum équivalaient à environ 7,37 à 7,40 kilomètres.
(4) 1 milia passuum équivalait à environ 1,48 kilomètre.
Sources littéraires anciennes
Festus Historicus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, X :"Nous envahîmes la Gallo-Grèce, ou la Galatie (car Galates ou Gaulois sonnent à peu près de même à l'oreille), parce qu'elle avait donné au roi Antiochus des secours contre les Romains. Le proconsul Manlius poursuivit les Galates, qui se réfugièrent en partie sur l'Olympe, en partie sur le mont Magaba, appelé aujourd'hui Modiacus ; Manlius les débusqua de leurs rochers, les fit descendre en plaine, les vainquit et les réduisit à une paix perpétuelle."
Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, II, 11 :"Aussi suffit-il de deux batailles pour les vaincre et les mettre en fuite, bien qu'à l'arrivée de l'ennemi ils eussent abandonné leurs demeures pour se retirer sur de très hautes montagnes. Les Tolostobogiens avaient occupé l'Olympe, les Tectosages, le Magaba. Chassés à coups de frondes et de flèches, les deux peuples se rendirent et conclurent une éternelle paix."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 19 :"Des nouvelles plus positives furent bientôt apportées par les envoyés des Oroandiens. Les Tolostoboges avaient transporté, disent-ils, leur demeure sur le mont Olympe ; les Tectosages avaient pris d'un autre côté, et s'étaient réfugiés sur une autre montagne appelée Magaba ; les Trocmes avaient confié leurs femmes et leurs enfants aux Tectosages, pour aller en armes se joindre aux Tolostoboges. Les trois peuplades avaient pour chefs Orgiago, Combolomarus et Gaudotus. Ce qui leur avait fait adopter ce plan de défense, c'était l'espoir qu'en les voyant maîtres des montagnes les plus élevées du pays et pourvus de tout ce qui leur était nécessaire pour un séjour indéfini, les ennemis finiraient par se lasser. Il n'était pas probable, pensaient-ils, qu'ils voulussent s'aventurer au milieu de ces hauteurs inaccessibles ; en tout cas, une simple poignée d'hommes suffirait pour les arrêter et les précipiter ; enfin ils ne s'acharneraient pas à faire sentinelle au pied de ces montagnes glacées pour y mourir de froid ou de faim. Malgré l'élévation des lieux, qui était pour eux un rempart, ils entourèrent d'un fossé et autres fortifications les pics sur lesquels ils s'étaient établis. Ils s'inquiétèrent peu des provisions de traits, comptant sur les pierres de leurs montagnes."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 20 :"Le consul, prévoyant que l'on ne combattrait pas de près et qu'il aurait à assaillir de loin des montagnes, avait fait ample provision de traits, de lances pour les vélites, de flèches, de balles de plomb et de cailloux de bonne grosseur pour les frondes. Avec cette forêt de dards, il marcha sur le mont Olympe et campa à environ cinq milles de l'ennemi. Le lendemain, accompagné d'Attale et de cinq cents chevaux, il se porta en avant pour reconnaître la montagne et la position des Gaulois. Un détachement de cavalerie ennemie, deux fois plus fort, fondit sur eux et les mit en fuite. On perdit quelques hommes dans la poursuite et on eut assez de blessés. Deux jours plus tard, le consul sortit avec toutes ses troupes pour faire des reconnaissances, et, aucun ennemi ne se hasardant hors des retranchements, il fit tranquillement le tour de la montagne. Il remarqua que du côté du sud plusieurs collines sablonneuses s'élevaient en pente douce jusqu'à une certaine hauteur ; que du côté du nord, les rochers étaient raides, coupés à pic et la position inabordable, excepté en trois endroits : l'un au milieu de la montagne, où il y avait de la terre végétale ; les deux autres, plus difficiles, au sud-est et au nord-ouest. Ces observations faites, le jour même il plaça son camp au pied de la montagne. Le lendemain, il fit célébrer un sacrifice, où les premières victimes s'offrirent pour témoigner de la faveur des dieux ; puis il partagea son armée en trois corps et marcha à l'ennemi. À la tête du plus considérable de ces corps, il tenta l'ascension par l'endroit le moins rapide. L. Manlius, son père, devait, par le sud-est, s'élever autant que faire se pourrait, sans imprudence, sans s'acharner, en cas de dangers et d'obstacles insurmontables, à lutter contre le terrain et contre un ennemi inexpugnables ; en ce cas, il devait se rapprocher du consul en tournant obliquement la montagne, et venir le rejoindre. C. Helvius, à la tête du troisième détachement, avait ordre de tourner insensiblement au bas de la montagne pour grimper ensuite par le nord-ouest. Les auxiliaires d'Attale furent également partagés en trois corps de même force ; le consul garda le jeune prince à ses côtés ; la cavalerie et les éléphants durent rester sur le plateau le plus voisin des hauteurs. Les officiers eurent ordre d'avoir l'oeil partout, pour porter secours en toute hâte, partout où il en faudrait."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 21 :"Les Gaulois, comptant sur les lieux pour couvrir leurs flancs, ne songèrent à faire occuper que le passage du côté du midi. Ils détachèrent à cet effet environ mille hommes sur une hauteur qui commandait la route, à moins d'un mille de leur camp, se flattant d'avoir là une sorte de fort pour fermer le passage. Les Romains s'en aperçoivent et se disposent aussitôt au combat. À quelques pas en avant des enseignes marchent les vélites, les archers crétois d'Attale, les frondeurs, les Tralles et les Thraces. L'infanterie, comme l'exige la raideur de la pente, s'avance au petit pas, ramassée derrière les boucliers, afin d'être seulement à l'abri des traits, n'ayant pas l'intention d'en venir à un combat pied contre pied. La bataille s'engage par le tir de projectiles, avec équilibre d'abord, les Gaulois ayant pour eux l'avantage de la position, les Romains celui de la variété et de l'abondance des projectiles. Mais plus l'action se prolonge, plus l'égalité disparaît. Les boucliers longs, mais étroits, des Gaulois les couvrent mal ; et puis, ils n'ont bientôt plus d'autre arme que leur épée, qui, tant qu'on n'en vient pas à l'arme blanche, reste inutile entre leurs mains. Ils se voient réduits aux pierres, mais, n'en ayant pas fait provision d'avance, ils n'en trouvent que d'énormes : ils n'ont que celles qui leur tombent au hasard sous la main, et, dans leur inexpérience, ils ne savent ni les diriger, ni leur imprimer de la force. Cependant flèches, balles de plomb, javelots pleuvent sur eux de toutes parts ; ils ne savent que faire, aveuglés qu'ils sont par la rage et la crainte, engagés dans une lutte à laquelle ils ne sont pas adaptés. En effet, tant qu'on se bat de près, tant qu'on peut tour à tour recevoir ou porter des coups, ils sont forts de leur colère. Mais, quand ils se sentent frappés de loin par des javelines légères, parties on ne sait d'où, alors, ne pouvant donner carrière à leur fougue bouillante, ils se jettent les uns sur les autres comme des bêtes sauvages percées de traits. Leurs blessures éclatent aux yeux, parce qu'ils combattent nus, et que leurs corps sont charnus et blancs, n'étant jamais découverts que dans les combats : aussi le sang s'échappe-t-il plus abondant de ces chairs massives ; les blessures sont plus horribles ; la blancheur de leurs corps fait paraître davantage le sang noir qui les inonde. Mais ces plaies béantes ne leur font pas peur : quelques-uns même déchirent la peau, lorsque la blessure est plus large que profonde, et s'en font gloire. La pointe d'une flèche ou de quelque autre projectile s'enfonce-t-elle dans les chairs, en ne laissant à la surface qu'une petite ouverture, sans qu'ils puissent, malgré leurs efforts, arracher le trait, les voilà furieux, honteux d'expirer d'une blessure si peu éclatante, se roulant par terre comme s'ils mouraient d'une mort vulgaire. D'autres se jettent sur l'ennemi et ils tombent sous une grêle de traits, ou bien, arrivant à portée des bras, ils sont percés par les vélites à coups d'épées. Les vélites portent de la main gauche un bouclier de trois pieds, de la droite des piques qu'ils lancent de loin, à la ceinture une épée espagnole, et, s'il faut combattre corps à corps, ils passent leurs piques dans la main gauche et saisissent le glaive. Bien peu de Gaulois restaient debout ; se voyant accablés par les troupes légères et sur le point d'être entourés par les légions qui avançaient, ils se débandent et regagnent précipitamment leur camp, déjà en proie à la terreur et à la confusion. Il n'était rempli que de femmes, d'enfants, de vieillards. Les Romains, vainqueurs, s'emparèrent des hauteurs abandonnées par l'ennemi."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 22 :"Cependant L. Manlius et C. Helvius, après s'être élevés tant qu'ils l'avaient pu par le travers de la montagne, ne trouvaient plus de passage. Ils avaient obliqué vers le seul endroit accessible et s'étaient mis tous deux à suivre de concert, à quelque distance, la division du consul : c'était ce qu'il y avait de mieux à faire dès le principe, la nécessité y ramena. Le besoin d'une réserve se fait souvent vivement sentir dans des lieux aussi horribles ; car, les premiers rangs venant à ployer, les seconds couvrent la déroute et se présentent frais au combat. Le consul, voyant près des hauteurs occupées par ses troupes légères flotter les enseignes du tyran, laissa ses soldats reprendre haleine et se reposer un moment ; puis, leur montrant les cadavres des Gaulois étendus sur les éminences : Si les troupes légères ont combattu avec tant de succès, que dois-je attendre de mes légions, de troupes armées de toutes pièces, de mes meilleurs soldats ? La prise du camp, où, rejeté par la troupe légère, l'ennemi en est à trembler. Il fit néanmoins prendre les devants à la troupe légère, qui, pendant la halte des légions, au lieu de rester inactive, avait employé ce temps à ramasser les traits épars sur les hauteurs, afin de n'en pas manquer. Déjà on approchait du camp, et les Gaulois, dans la crainte de n'être point assez couverts par leurs retranchements, se tenaient l'épée au poing devant leurs palissades. Mais, accablés sous une grêle de traits que leurs rangs serrés et fournis laissent rarement tomber à faux, ils sont bientôt forcés de rentrer dans leurs fortifications et ne laissent qu'une forte garde. La multitude, rejetée dans le camp, y est accablée d'une pluie de traits, et tous les coups qui portent sur la foule sont annoncés par des cris où se mêlent les gémissements des femmes et des enfants. La garde placée aux portes est assaillie par les javelines des premiers légionnaires, qui, tout en ne blessant pas, percent les boucliers de part en part, les attachent et les enchaînent les uns aux autres. Les ennemis ne purent soutenir plus longtemps l'attaque des Romains."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 23 :"Les portes sont abandonnées ; mais avant que les vainqueurs s'y précipitent, les Gaulois ont pris la fuite dans toutes les directions. Ils se jettent en aveugles dans les lieux accessibles ou non : précipices, pointes de roc, rien ne les arrête ; ils ne redoutent que l'ennemi ! Une foule de gens s'abîment dans des gouffres sans fond, s'y brisent ou s'y tuent. Le consul, maître du camp, en interdit le pillage à ses soldats, et les lance à la poursuite des Gaulois, pour achever de les épouvanter à force d'acharnement. C'est alors qu'arrive L. Manlius avec sa division : l'entrée du camp lui est également fermée. Il reçoit l'ordre de se mettre immédiatement à la poursuite des fuyards. Le consul en personne, laissant les prisonniers aux mains de ses tribuns, partit aussi un moment après ; c'était, pensait-il, terminer la guerre d'un seul coup que de profiter de la consternation des ennemis pour en tuer ou en prendre le plus possible. Le consul était à peine parti, que C. Helvius arriva avec la troisième division : il lui fut impossible d'empêcher le pillage du camp, et le butin, par la plus injuste fatalité, devint la proie de ceux qui n'avaient pas pris part au combat. La cavalerie resta longtemps à son poste, ignorant et le combat et la victoire des Romains. Elle finit aussi, autant que pouvait manoeuvrer la cavalerie, par s'élancer sur les traces des Gaulois épars au pied de la montagne, en tua un grand nombre et fit beaucoup de prisonniers. Le nombre des morts ne peut guère être évalué, parce qu'on égorgea dans toutes les cavités de la montagne, parce qu'une foule de fuyards roulèrent du haut des rochers sans issue dans des vallées profondes, parce que dans les bois, sous les broussailles, on tua partout. L'historien Claudius, qui fait livrer deux batailles sur le mont Olympe, prétend qu'il y eut environ quarante mille hommes de tués. Valérius Antias, d'ordinaire si exagéré dans les nombres, se borne à dix mille. Ce qu'il y a de positif, c'est que le nombre des prisonniers s'éleva à quarante mille, parce que les Gaulois avaient traîné avec eux une multitude de tout sexe et de tout âge, leurs expéditions étant de véritables émigrations. Le consul fit brûler en un seul tas les armes des ennemis, ordonna de déposer tout le reste du butin, en vendit une partie au profit du trésor public et fit avec soin, de la manière la plus équitable, la part des soldats. Il donna ensuite des éloges à son armée et distribua les récompenses méritées. La première part fut pour Attale, au grand applaudissement de tous. Car le jeune prince avait montré autant de valeur et de talent au milieu des fatigues et des dangers que de modestie après la victoire."