Oestrymnicus (Golfe de Gascogne, ouest de la Manche et mer Celtique)
Oestrymnicus - Golfe mentionné par le seul Avienus (Ora Maritima, 94), à la fin du IVe s. ap. J.-C. Cet auteur est réputé avoir utilisé des sources très anciennes, sans, hélas pour le cas présent, les citer. Dans ce passage, il est fort probable qu'Aviénus fasse référence au périple d'Himilcon (milieu du Ve / IVe s. av. J.-C.). Le golfe Oestrymnicus semble bien être l'actuel golfe de Gascogne. En effet, partant de Gadir (Cadix), Himilcon a longé les côtés ibériques jusqu'à un promontoire montagneux (Monts Cantabriques), au-delà duquel s'ouvre un vaste golfe. Des îles (îles de l'Armorique ? îles de la Manche ?) sont présentes au niveau de ce golfe, à partir desquelles Sacra insula (Irlande) se trouve à deux jours de navigation. Le golfe Oestrymnicus serait alors le golfe de Gascogne, peut-être étendu à l'ouest de la Manche et à la mer Celtique.
Aviénus, Ora Maritima, v.88-128 - Traduction de C. L. F. Panckoucke (1843) (modifiée) : "Là se dresse le sommet de cette haute montagne que l'antiquité a nommée Oestrymnis : la masse élevée de la pointe rocheuse incline surtout vers le tiède Notus. Au pied de ce promontoire, les habitants voient s'ouvrir le golfe Oestrymnicus (golfe de Gascogne ?) : les îles Oestrymnides (île du golfe de Gascogne ? Île de la Manche ?) y apparaissent, avec leurs vastes plaines, avec leurs riches mines d'étain et de plomb. Elles sont très peuplées, leurs habitants ont le coeur fier, l'habileté qui amène le succès, la passion innée du commerce. Leurs barques connues de la mer la troublent au loin. Ils sillonnent l'abîme de l'Océan fécond en monstres. Ils ne savent point construire des vaisseaux avec le pin et l'érable ; ils ne font point, suivant l'usage, des barques avec le sapin recourbé ; mais, chose singulière ! ils façonnent toujours leurs esquifs avec des peaux cousues ensemble, et c'est sur du cuir qu'ils parcourent souvent le vaste Océanide là à l'île Sacrée (c'est ainsi que les anciens l'ont appelée) (Irlande), il y a pour un vaisseau une navigation de deux jours. Cette île élève au milieu de l'eau sa vaste surface : la nation hiernienne (Irlandais) l'habite sur une grande étendue. Près d'elle on rencontre l'île des Albiones (Grande-Bretagne). C'était la coutume des Tartessiens de faire du commerce sur les limites des Oestrymnides (la Manche ?) : de même les colons de Carthage et la multitude répandue autour des colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar) visitaient ces mers. Le carthaginois Himilcon, qui rapporte avoir fait lui-même l'expérience de cette navigation, affirme qu'on peut à peine les parcourir en quatre mois : ainsi nul souffle, ne vient pousser le vaisseau, ainsi les eaux de cette mer paresseuse demeurent immobiles. Il ajoute que des algues nombreuses s'élèvent du fond des abîmes et souvent retiennent le vaisseau comme ferait une haie : toutefois, dit-il, la mer n'est qu'une surface sans profondeur ; à peine si une légère couche d'eaux recouvre le sol. Cà et là rôdent toujours des animaux marins ; des monstres nagent au milieu des vaisseaux qui se traînent lentement et péniblement."
Le texte d'Aviénus (Ora Maritima, v.82-135) présenté sous la forme d'un itinéraire
Localisation des villes, peuplades et domaines géographiques mentionnés par Aviénus (Ora Maritima, v.82-135) - en vert, itinéraire supposé d'Himilcon et des Tartessiens.