Cette forme d'exploitation du sel est l'un des plus connues. Elle dérive des techniques employées dans le cadre de l'exploitation du sel gemme. L'exemple le plus connu est le Saulnois (vallée de la Haute-Seille, Moselle). Le Saulnois a la particularité de concentrer de formidables réserves d'eau salée, provenant d'une longue évolution géologique. Les saumures étaient exploitées et cuites suivant la technique du briquetage. Cette activité s'est prolongée dans le Saulnois du Néolithique à la période romaine, générant près de 4 millions de mètres cubes de déchets (éléments de terre-cuite, restes de fourneaux). L'essentiel de cette production de déchets remonte à la période d'apogée de cette exploitation, c'est-à-dire entre le milieu du VIIIe s. av. J.-C. et le milieu du Ier s. ap. J.-C. Ces volumes incroyables de déchets s'étendent sur près de 10 kilomètres de long et sont répartis sur six zones principales - Marsal, Moyenvic, Vic-sur-Seille, Salonnes, la butte de Châtry et le château de Burthécourt - sur une épaisseur pouvant attendre 12 mètres. La technique du briquetage sera abandonnée à l'époque romaine au profit de l'usage de poêles chauffés au bois.
A la lecture des travaux de R. Berton (1989), il apparaît que la production de sel par briquetage s'effectuait en deux temps :
- La première phase : la concentration
Des cuvettes à fond plat de 10 à 20 litres sont remplies d'eau salée, puis placées sur des cales dans un four circulaire creusé dans le sol. La chaleur émise par le foyer, préalablement chargé de combustible, provoque l'évaporation de l'eau et la concentration de la saumure.
- La seconde phase : le conditionnement
Un deuxième type de four a été identifié dans le Saulnois, un four en forme de " fer à cheval ", structuré sous la forme d'un grille à plusieurs étages, réalisée à l'aide de bâtonnets et de colifichets. La saumure, alors concentrée dans des moules en argile, prend place dans les logements de la grille. On chauffait la saumure à une température de 60 à 80°C, permettant ainsi la cristallisation du sel. Une fois le sel cristallisé, les godets d'argile sont brisés de manière à récupérer des pains de sel.
Des mission de prospection récentes invitent à penser que cette industrie du sel ait pu avoir une plus grande étendue encore. Le terme "industrie" n'est en rien exagéré, quelques estimations actuelles laissent supposer que la production annuelle de sel dans cette vallée de la Seille a pu atteindre 10 000 tonnes de sel par an.
Sources
• R. Berton, La Mémoire du sol : guide et album de voyage dans le passé du Val de Seille, Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1989
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique