Sura - Nom antique de la rivière Sûre, affluent de rive gauche de la Moselle, qui prend sa source dans l'Ardenne centrale belge. Cette rivière fut mentionnée sous une unique forme latine, Sura, vers 371 ap. J.-C. par Ausone (La Moselle, v.355-356), vers 576 et 588 ap. J.-C. par Vénance Fortunat (Poésies, VII, 4 ; X, 9). ou encore en 698, 762, 978, etc. (Gysseling, 1960).
Sources littéraires anciennes
Ausone, La Moselle, v.349-358 :"Mais comment cesser enfin de chanter tes vertes ondes et de vanter ta gloire, ô Moselle, rivale de l'océan, sans dire ces innombrables rivières qui viennent au loin se joindre à toi par diverses embouchures ? Elles pourraient retarder leur jonction, mais elles ont hâte de confondre leur nom dans le tien. Grossie des eaux de la Pronéa et de la Némésa, la Sura, qui n'a pas démérité, s'empresse de se rendre dans ton sein ; la Sura, qui t'enrichit des affluents qu'elle a reçus, et fait plus pour sa gloire en s'attachant ainsi à ton nom, que si elle allait se perdre par des embouchures ignorées dans l'océan commun."
Vénance Fortunat, Poésies, VII, 4 :"Nuages qui venez à moi chassés par le rapide Aquilon, nuages que le soleil suspendu sur son axe fait rouler dans l'espace, dites-moi comment se porte mon cher Gogon, de quelles agréables affaires il occupe son brillant esprit, s'il est arrêté sur les bords du Rhenus au cours capricieux, pour y pécher au filet le gras saumon, s'il se promène sur la Mosella aux riches vignobles, où la chaleur du milieu du jour est tempérée à la fois par la brise, par le fleuve et par les pampres, où l'ombre de la vigne est froide, et fraîche l'eau du fleuve ? Est-il retenu vers la Mosa aux doux murmures, que hantent la grue, l'oie sauvage, l'oie domestique et le cygne, et où fleurit le triple commerce du poisson, des oiseaux de basse-cour et des bateaux ? Ou est-il vers l'Axona qui ronge ses rives herbeuses et qui fertilise les prairies, les pâturages et les moissons ? Est-ce l'Esara qui le possède, la Sara, le Cares, le Scaldis, la Saba, la Somena ou la Sura ? Est-ce la rivière qui tire son nom du sel et qui coule vers Mettis ? Bat-il les bois où il a établi ses quartiers d'été, pour y frapper de l'épieu les bêtes fauves ou les prendre dans ses toiles ? L'Ardenna ou le Vosagus entendent-elles le sifflement des flèches meurtrières dont il perce le chevreuil, le cerf, l'élech et l'aurochs ?"
Vénance Fortunat, Poésies, X, 9 :"Sorti de ce mauvais pas, je me donne le plaisir de contempler les campagnes qui se déroulent devant moi, et je file de ce côté, fuyant la haute mer. J'arrive au point où l'Orna se jette dans la Mosella. Là, le courant, dont la force est doublée, seconde notre marche. Nous affrontons ces vagues qui se contrarient, mais avec prudence, et pour ne pas nous exposer à être repêchés comme des poissons dans la nasse. De là, passant entre les villas qui bordent les rives, nous gagnons l'embouchure de la Sura."
Sources
• M. Gysseling, (1960) - Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226) - Deer I : A-M, Belgisch Interuniversitair Centrum voor Neerlandistiek, Brussel, 1407p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique