Un vaste trésor monétaire constitué de 152 statères d'or allié d'argent et de cuivre, a été découvert dans les années 1990, dans le quartier des Sablons (Le Mans). Le terrain où a été effectué cette trouvaille extraordinaire est remblais ancien, remanié dans le cadre de l'aménagement des berges de l'Huisne. Cette découverte ayant été effectuée hors-contexte archéologique, aucun élément ne permet de déterminer la nature précise de ce dépôt (dépôt votif ou thésaurisation). Malgré cette absence de contexte, le trésor gaulois des Sablons a offert aux chercheurs l'opportunité de mener une étude d'ampleur sur le monnayage du centre-ouest de la Gaule et l'usure des coins monétaires (Aubin et al., 2011).
D'un point de vue stylistique, ces monnaies sont des réinterprétations celtiques du statère de Philippe II de Macédoine (359-336 av. J.-C.), frappées dans la première moitié du Ier s. av. J.-C. (1). Elles appartiennent à trois séries monétaires distinctes (Aubin et al., 2011) :
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132 statères appartenant à deux séries "à la boucle sur la joue", attribuées aux Aulerques Cénomans,
L'étude de cet ensemble de statères, et notamment des défauts de frappe (flancs éclatés, images floues ou dégradées) a permis de déterminer que la fabrication a été hâtive, très certainement dans une situation de crise, et s'est accompagnée par l'utilisation prolongée de coins monétaires, jusqu'à un degré important d'usure abrasive. Aubin et al. (2011) évoquent une production à caractère industriel, évaluable à 610000 monnaies. Une telle quantité supposerait l'utilisation de 2,2 tonnes d'or et de 1,7 tonne d'argent.
La découverte de ce trésor a suscité une vaste polémique. Dans une première version, les inventeurs de ce trésor ont évoqué avoir découvert quelques pièces à fleur de sol, en 1997, en se promenant sur les bords de l'Huisne. Ils auraient alors creusé et mis à jour 82 pièces. Des fouilles ont alors été réalisées, lesquelles ont permis d'extraire 70 statères supplémentaires. Il est apparu par la suite que la découverte était plus ancienne qu'initialement déclaré, et qu'elle remonterait en fait à 1991. Les découvreurs auraient, dans un premier temps, vendu illégalement une partie des monnaies déterrées avant d'être à leur tour victimes d'escrocs. Ce n'est qu'en 1997, par peur de poursuites judiciaires, que ce couple s'est décidé à déclarer sa trouvaille (Béguin, 2003). Après un conflit juridique ayant opposé les inventeurs à la Société d'Équipement du Mans (SEM), propriétaire du terrain, la justice accorda une part de ce trésor archéologique à ses découvreurs, laquelle fut vendue aux enchères en 2001. Ayant partiellement obtenu gain de cause, la SEM fit don à la ville du Mans des 84 statères qui lui sont revenus. Ils sont actuellement exposés au Musée d'archéologie et d'histoire du Mans.
(1) Les statères à l'effigie de Philippe II de Macédoine ont servi de prototype à la frappe de nombreuses monnaies d'or gauloises, certainement dés le IVe s. av. J.-C.
Sources
• G. Aubin et al., (2011) - "Le dépôt monétaire des Sablons, Le Mans (sarthe) : statères gaulois en or allié", in : M. Amandry (dir.), Trésors monétaires. Volume XXIV : Trésors d'or. Les Sablons (Le Mans), Lava (Corse), Partinico, Martigné-sur-Mayenne, collection : Trésors monétaires, Bibliothèque nationale de France, Paris, pp.1-90
• A. Béguin, (2003) - Le trésor gaulois du Mans, du rêve au cauchemar, collection : Part De Verite, éditions Cheminement, 286p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique