Pour Pline, cette plante fut découverte par les Vettons, un peuple d'Espagne. Elle fut ensuite connue des Gaulois qui lui donnèrent le nom de leurs inventeurs : Vettonica. Pline précise les noms utilisés en Italie (serratula) et en Grèce (cestros ou psychrotrophon). (Pline, Histoire Naturelle, XXV, 84)
Au Vème siècle après J.C, quand le Pseudo-Apulée écrivit son Herbier, le terme de Vettonica est communément admis, en Italie, pour désigner la bétoine. On peut penser que les latins ont assimilé le nom gaulois de la bétoine, par assimilation des usages que faisaient les Gaulois de cette plante. (Pseudo-Apulée, Herbarius)
La bétoine avait, dans l'antiquité, une telle réputation, que Pline écrivait que "cette plante est la plus estimée de toute et qu'elle a tant de renom qu'une maison dans laquelle elle a été semée est considérée comme préservée de tout danger" (Pline, Histoire Naturelle, XXV, 84).
Le Pseudo-Musa, qui écrivit un ouvrage entier à la louange de la bétoine (Antoni Musae de herba vettonica liber, Ed E. Horwald-H, E. Sigerist, Corpus Medicorum Latinorum IV, Leipzig, Teubner, 1927), la déclare prompte à lutter contre tous les maux, et ne recensait pas moins de quarante sept effets différents.
Dioscoride est également assez prolixe: "ses racines sont utiles comme celles de l'ellébore, lesquelles bues en eau miellée, font vomir le flegme. On donne à boire les feuilles au poids de une drachme en eau simple ou avec du miel, aux spasmés, au poids de trois drachmes dans du vin pour les morsures d'animaux. Ce que fait pareillement l'herbe emplâtrée sur la morsure. Elle aide contre les venins [...] Elle provoque l'urine et lâche le corps. Bue avec de l'eau elle guérit les frénétiques. On la donne au poids d'une drachme dans du vin aigre miellé à ceux qui sont travaillés du foie ou de la rate. Après le souper, avec du miel, elle fait digérer. Dans l'hémoptysie, on la donne dans un cyathe de vin trempé d'eau au poids de trois oboles. Bue en eau elle aide aux sciatiques et aux douleurs de vessie et des reins et avec de l'eau miellée au poids de deux drachmes aux hydropiques affligés de fièvre et ils n'en auront point avec vinaigre miellé. Elle guérit la jaunisse. Prise avec du vin au poids d'un drachme elle provoque le flux menstruel. Avec dix cyathes ou bichets d'eau miellée et au poids de quatre drachmes elle purge le corps" (Dioscoride, Sur la matière médicale, IV, 1).
Le Pseudo-Apulée offre à la bétoine le premier chapitre de son Herbier, et les indications qu'il nous en donne sont aussi diverses que nombreuses: il s'en servait pour les "fractures de tête, les vices et les douleurs des yeux, les vices et les douleurs des oreilles, la cécité, les douleurs de ventre, pour stimuler l'appétit, pour la toux, les accouchements difficiles et fébriles, les frissons, le sang rejeté par la bouche, pour lutter contre les effets de l'ivresse, pour ceux qui souffrent d'un refroidissement général du corps, pour la jaunisse, pour les fatigues de la route, pour les chutes de chariot (sic), pour stimuler l'intelligence, pour les vomissements, contre les vers, et enfin, comme contrepoison" (Pseudo-Apulée, Herbarius).