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Les Pré- et les Proto-Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice
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Les Pré- et les Proto-Bonjour,
On revient toujours de façon récurrente sur la question des origines, mais le débat tourne court à chaque fois parce que nous manquons de perspective historique ce qui est assez logique puisque nous nous trouvons confrontés à des temps pré-historiques dans tous les sens du terme; ce n'est pas qu'une question de classement, c'est qu'il n'y a plus et il ne peut plus y avoir en remontant au premier âge du fer et en deça le moindre écrit sur les celtes. L'apport linguistique est essentiel et a permis l'identification indo européenne. Pour autant, quand nous voulons rentrer dans la perspective géographique et historique,(spatio-temporelle ) disons plutôt chronologique, ça devient franchement nébuleux Muskull nous a déjà donné pas mal de repères, mais j'aimerais essayer d'évoquer un cadre sur le plus long terme d'après l'intro de BRAUDEL sur l'identité de la France (je sais, j'ai déjà noté quelques critiques très virulentes sur cet historien, très école historique,pas du totu spécialiste des temps très anciens mais on en reparlera après si vous voulez bien) Le but ici, c'est d'avoir un "cadre".... C'est au VII° millénaire (avant 6000 av JC) qu'apparaissent les prémices de la révolution agricole "neolitihique" dans la zone occidentale européenne, dans ce qui deviendra la Gaule. Les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique cueillent de plus en plus, collectent et engrangent. Vers -6000, c'est l'apparition du mouton sur les côtes méditerrannéennes, un animal "apporté" du Moyen Orient", et de son élevage. Le mouton sera identifié vers -5000, en Aquitaine et vers -4500, en Bretagne, effectivement (comme le soulignait déjà précédemment Muskull), la "révolution" est lente, très lente. La révolution agricole proprement dite, elle aussi venue d'Orient (patrie originelle des céréales et de tout ce qui va aller avec) ne gagne nos contrées que vers -5000 et par deux routes distinctes.... - Le midi méditerranéen, comme toujours parce qui semble être un processus (toujours trés lent) d'acculturation. Il s'agirait dans le midi d'une intégration progressive amenant à la sédentarisation sans bouleversements, sans heurts....Cette première civilisation sédentaire, dans ce qui deviendra la France laisse les premiers villages et est connue par sa poterie spécifique dite "cardiale" - Dans la moitié Nord de la France, l'agriculture aurait été introduite par des colonisateurs venus (déjà ), du Danube..... Bon, je n'ai pas le temps, alors je reviens tout à l'heure
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Vers 4500 av JC des populations Danubiennes maîtrisant les techniques agricoles essentielles parviennent jusque dans le Bassin Parisien où ils rencontrent des populations de chasseurs-cueilleurs, sans difficultés semble t'il car ils sont à la recherche des terres limoneuses de fonds de vallée Non encore occupées. Ce sont les bâtisseurs des grandes maisons néolitihiques (comme en voit une à Samara) capables d'accueillir plusieurs dizaines de personnes, en bois et en torchis; ils créent les premières communautés villageoises clairement identifiées dans cette partie du globe. Ce sont de vrais paysans, très défricheurs, par opposition aux méditerranéens dont l'acculturation est très progressive, ils cultivent essentiellement le blé et l'orge et élèvent essentiellement des porcs et des bovins...Leur civilisation est identifiée comme étant celle de la poterie "rubanée" par ses décors en volutes. Et l'Ouest, la façade Atalantique se singularise déjà ....(des proto Bretons )la poterie est ici ni cardiale, ni rubanée et on a longtemps pris les néolithiques de l'Ouest pour des rustres, sauf que.......les datations au carbone 14 ont permis l'identification des premiers mégalithes, au Portugal et en Bretagne, dès le V° millénaire. La civilisation mégalithique est aussi une société paysanne associée à une conception collective de la sépulture. Cette architecture fantasmatique va essaimer dans tout l'Ouest et le Sud de la France où elle va perdurer de longs siècles.... Au IV° millenaire, il y a trois zones "culturelles" en France, "cardiale", "rubanée" et "mégalithique". Des liaisons vont nécessairement s'établir pour finir par l'établissement d'une civilisation relativement homogène, c'est la période du "Chasséen" à partir de 3600 av JC caractérisée par une belle poterie lissée, à la décoration en motifs géométriques, un matériel agricole abondant......Impression d'abondance d'ailleurs et de forte population (je vais y revenir) que Braudel interpréte notamment comme le résultat de l'assimilation des descendants des chasseurs cueilleurs avec ceux des vallées.....Le Chasséen correspondrait à l'achévement de la révolution néolithique avec assimilation de toutes les populations et augmentation considérable des ressources vivrières. Il ya partout des villages qui s'agrandissent et sur le plan cultuel c'est le régne de la Désse mère de la fertilité caractérisée par la découverte de quelques figurines et statues... A partir de 2500 av JC, c'est le chalcolithique, l'âge du cuivre mais aussi toujours de la pierre. Là , le mouvement vient du Sud, d'Espagne et d'Italie et de fait les foyers de métallurgie resterons limités longtemps au Languedoc, aux Cévennes, au Quercy. La civilisation Campaniforme, baptisée ainsi à cause de la forme de ses poteries (en forme de cloches renversées) est associée à la diffusion des objets en cuivre et prend véritblement son essor dans toute l'Europe vers 2200 av JC. Guerriers, archers, marchands, colporteurs en tout cas grans voyageurs, en quelques siècles, ils semblent être présents de l'Ecosse à l'Andalousie, de la Sardaigne à la Bohême.... Pour autant ces grands diffuseurs de techniques et d'objet s nouveaux ne sont pas des "dominants" leur culture se diffuse mais ne s'impose pas et leur culture cohabite avec la culture traditionnelle; ainsi cohabitent les grandes sépultures collectives des communautés villageoises avec les sépultures individuelles campaniformes. Ce n'est que vers 1800 av JC que le bronze apparaît en occident alors qu'il est déjà bien connu en Orient et en Europe Centrale.... C'est à nouveau une révolution, on entre véritablement dans l'age des métaux et la société paysanne traditionnelle va s'en trouver bouleversée J'en resterai là pour l'instant
Chic, chic ! Merci Thierry, voilà un bel et bon sujet
J'ai trouvé un extrait du livre de Guilaine et Zammit qui colle pile-poil à la période que tu évoques. Je la scanne ce soir... Euh... C'est pas interdit au moins quand on cite le livre et les auteurs ? @ Talaleure ! Muskull / Thomas Colin
Comme l'eau modèle la terre, la pensée modèle le possible. http://muskull.arbre-celtique.com/ http://thomascolin.fr
En examinant les données fournies pas les tombes, certainement notre meilleur miroir des structures sociales, trois zones culturelles (au mini-mum) caractérisent ainsi, au 3° millénaire, l'Europe centrale et occidentale.
En Méditerranée de l'Ouest fleurissent alors les tombes collectives (hypogées, mégalithes, grottes sépulcrales) dans lesquelles s'entassent, sur la durée d'un millénaire voire plus, de nombreux défunts. Une telle pratique permet d'identifier plutôt des groupes (familles, clans) que des personnages. Dans un tel contexte, l'autorité des « chefs» pouvait reposer sur leur capacité à dominer des réseaux de dépendance fon-dés sur la parenté biologique ou sociale et dont beau-coup de membres finissaient dans le caveau lignager. Sur la façade atlantique, du Portugal à l'Irlande, la situation ne devait pas être tellement différente. Le rôle des tombes mégalithiques, héritage du Néo-lithique. y était encore suffisant pour que l'émergence de nouvelles cultures -par exemple l'horizon à vases campaniformes -ne remette en question la tradition des dépôts de corps dans les grands caveaux de pierre. L'Europe du Centre et du Nord est alors marquée par l'usage de la tombe individuelle sous tumulus. ici, donc, le poids de l'individu semble mieux marqué. Ce comportement n'est pas nouveau. Les populations à poterie cordée obéissent déjà à cette pratique dès la première moitié du 3e millénaire. Les sociétés à céra-miques caliciformes, qui prendront la suite, conserve-ront ce rite. D'ailleurs, en Europe centrale, le principe de la tombe individuelle est ancien et a, peu ou prou, traversé toute la durée du Néolithique du 6e au 3e mil-lénaire. On pourrait en dire de même de la partie alpine de l'Italie où les tombes en caisson de la civilisation de Remedello (au 1V millénaire) ont des antécédents locaux dans la culture des vases à bouche carrée du 5e millénaire. On voit donc que des continuités existent, dans le domaine du funéraire, qui relient les civilisa-tions européennes du 3e millénaire à des racines, à des traditions antérieures en une sorte de permanence « braudélienne » de certains espaces culturels. Et pourtant, en dépit du poids de ces entités, cette Europe bouge. Elle achève de se convertir à l'usage de la métallurgie (déjà présente en Europe centrale aux 5e et 4e millénaires et en Méditerranée de L'Ouest à la fin du 4e). Le poignard de cuivre va dès lors détrôner La hache de prestige en pierre comme marqueur de la puissance sociale et de la force virile. Cette Europe laisse surtout transparaître une propension pour les gobelets à boire (culture de Baden, cordés, campani-formes) qui ne sont pas de simples témoins de goûts mais un traceur de pratiques culturelles (beuveries ? rites avec partage de breuvages ? banquets ? recours à des boissons initiatiques ?). Ces pratiques favorisent la propagation de certaines idées et constituent peut-être le socle comportemental d'une classe émergente qui confisque à son profit -pour s'identifier et mar-quer la différence -certains usages. Il semble donc que s'esquisse alors une « proto-aristocratie ». peut-être en partie héréditaire, mais dont les membres sont sans doute périodiquement remis en question en fonc-tion de la compétition interne et de la malléabilité des réseaux de relations. Cette contestation des hiérarchies pourrait expliquer que le stade des chefferies n'est jamais dépassé et cette situation se prolongera encore au cours de l'Âge du bronze. Le sentier de la guerre. Jean Guilaine, Jean Zammit, pages 266,267. Editions du Seuil. Muskull / Thomas Colin
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Merci Muskull, c'est très intéressant
Quant à moi, j'essaierai de reprendre mon misérable résumé (6000 ans, une paille ) quand Internet passera mieux. Le jour où je me lance dans une grande tirade, la machine infernale me laisse en carafe (comme un fait exprès ), la faute à Ouanadoudou, une divinité mineure d'extrême occident A bientôt
Bonjour
Comme je ne suis pas Idéfix mais Muskull voici un article de Bernard Sergent sur le sujet : http://www.clio.fr/article.asp?article=407&auteur=2723 Extrait : "Cette origine « steppique » des Indo-Européens est admise aujourd'hui, pour les raisons qu'on vient de dire dans leurs grandes lignes, par l'immense majorité des spécialistes du dossier indo-européen. Les autres théories qui ont fleuri en divers lieux et temps et très souvent avec des relents nationalistes, sont obsolètes et quelques-unes, récentes et différentes, sont l'oeuvre d'auteurs qui ne sont précisément pas des spécialistes du dossier." La première vague ukhrainienne nommée par Marija Gimbutas "Kurgane I" intervient vers - 4200 B.C. Elle est archéologiquement identifiée en Moldavie et Bulgarie. Partant de leur base (les cours inférieurs du Don et du Dniepr) les envahisseurs vont remonter le cours du Danube, dévaster la plaine de Tizla (Hongrie) anéantissant la culture des indigènes ; ils vont ensuite aller vers le Sud jusqu'en Macédoine. L'archéologie témoigne aussi d'une occupation non durable, les implantations kurgane fusionnant rapidement avec les cultures autochtones. Elle a aussi retrouvé les traces des populations danubéennes fuyant l'invasion kurgane jusqu'à l'Ouest européen (à partir de 3900 B.C.), notamment sur les sites de Longrais en Soumont Saint Quentin et dans la chambre VI du site mégalitique de la Hoguette. Inhumations en fosses en position foetale qui vont durer de nombreux siècles (Jean Guilaine). Kurgane II Est plus décisif, daté de 3400 B.C., l'origine est située cette fois au Nord de Caucase ; l'Ukhraine, la Pologne, l'Allemagne jusqu'à l'Elbe, l'Italie du Nord sont envahis... Kurgane III va venir sur cette seconde vague un siècle ou deux plus tard, les avis sont partagés, Gimbutas 3200, André Martinet parle de 2800 B.C.; et cette fois l'invasion qui concerne surtout les plaines du Nord atteint le Rhin... Bref, au lu de l'article de Sergent et de l'historique de l'expansion Kurgane l'affaire semble entendue, net, clair et sans bavure... Et pourtant ces invasions viennent en surimpression sur des développements culturels jouant sur le long terme (Guilaine) et des similitudes existent en des régions non touchées directement par les kurganes et parfois très éloignées (Sud Espagne). Alors, l'influence culturelle kurgane sur le campaniforme qui serait à l'origine des langues celtiques par diffusion ? Le campaniforme maritime est très intéressant à ce sujet, on ne peut en effet imaginer un peuple éleveur nomade devenant marins expérimentés aussi vite, mais plutôt une fusion cultuelle avec les autochtones qui après tout ont eu le temps de "s'y faire". A mon sens, au vu des manques de rupture flagrants dans les cultures occidentales, rien ne permet de dire que les premiers danubéens n'avaient pas déjà les structures de langage I.E. Les langues proprement celtiques venant de l'influence culturelle et cultuelle forte des éleveurs nomades. Muskull / Thomas Colin
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Ben heu ????
Moi pas comprendre la joke Quand on comprend pas une blague on se sent un peu visé, normal ! Alors c'est koâ ce post ? Tu décompresses après une dure journée ? Muskull / Thomas Colin
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Moi non plus, je ne comprends pas tout
I wanna do (contraction de I want to do), donc tu ne veux pas faire grand chose ? Tu es fatigué ? Je ne t'en veux pas, moi aussi. D'ailleurs, je suis en train de sécher sur l'âge du bronze, BRAUDEL qui résume déjà d'autres auteurs est très confus.... Muskull, je reviens bientôt sur les Kurganes mais pour faire court, ce qui me semble effectivement frappant, c'est semble t'il une (tout de même) remarquable continuité depuis la percée Danubéenne au Néolitihique et en tout cas l'absence de ruptures brutales.... Mais on va en recauser
Bon, l'âge du bronze....toujours en lisant Braudel...
La métallurgie du bronze ne s'organisera sur le territoire de la France (même s'il ya déjà circulation d'objets probablement bien avant) que vers 1800 av JC et c'est une zone Rhodanienne et Alpine qui est d'abord concernée, puis le Jura et l'Alsace pour glisser progressivement vers le Bassin Parisien.... Vers 1500 av JC, apparaissent de nombreux foyers sur le littoral atlantique et avec eux, une fabication "en série", l'outil de pierre est définitivement supplanté... Avec ces cultures, on relève des changements significatifs dans les pratiques funéraires notamment, puisque se développe de plus en plus la sépulture individuelle avec objets personnels, bijoux, parures.... Il y aurait de nouveaux dieux, mâles et armés, de nouveaux cultes....(l'auteur ne donne guère de précisions...) Vers 1200 av JC, c'est l'émergence sur les trois quarts de ce qui sera notre territoire national de la civilisation dite des "Champs d'Urnes" appelées ainsi parce que (et c'est un fait nouveau), les morts sont incinérés, les cendres sont placés dans des urnes, elles mêmes entérées les unes à côté des autres dans des cimetières. Cette culture des champs d'Urnes correspondrait à un fort développement économique, une croissance de chaque village de plaine liés au développement de l'usage de l'araire, l'utilisation du chariot et du cheval comme animal de trait.... Ces phénomènes seraient liés à l'apparition de"nouveaux venus"... Pourtant d'après jean Guilaine, il n'ya pas eu à proprement parler d'invasion.....Sur des siècles vont cohabiter encore en de nombreuses zones les fameux champs d'urnes et les inhumations, parfois dans les mêmes cimetières. Acculturation liée à l'amélioration des transports, à l'augmentation des échanges, l'âge du Bronze, c'est aussi sinon l'ouverture du moins la confortation des très grands axes d'échanges, les lingots de cuivre et d'étain s'échangent et circulent sur des distances considérables... A noter que la zone atlantique, zone "forte" de production reste à l'écart des Champs d'Urnes.... Le premier âge du fer commence avec une forte détérioration climatique et un important développement forestier qui coincidera avec le développement de la nouvelles métallurgie très gourmande de bois du fait des très hautes températures requises. La métallurgie du fer est longtemps restée secrète dans son pays d'origine, chez les Hittites, avant de se propager très lentement mais se développer de façon considérable au cours de la période de Halsttat, au coeur de l'Europe Avec cette civilisation que les auteurs cette fois ci n'hésitent plus (généralement) à qualifier de celte, apparait la maitrise du cheval, cette fois-ci non plus comme animal de trait mais comme monture.... Les guerriers ont une épée lourde donnant une supériorité sans réplique à ceux qui utiliseraient le poignard de bronze.... Le credo habituel est une configuration centre-européenne qui en France va englober Alsace, Lorraine, Bourgogne, Champagne, Franche Comté (en gros).... Cette conception est largement battue en brèche notamment par Kruta qui relève que les premières inscriptions celtique au VI° s av JC sont précisément relevées en dehors de la sphère "usuelle" celte du premier âge du fer (culture de Golasecca, en Italie)... C'est surtout la diffusion des objets et encore une fois la superposition des rites (plutôt que le remplacement brutal) qui permet d'indiquer une plus large diffusion d'une civilisation identifiée comme celte avant l'âge de la Tène. Fait majeur à cette époque, les riches tombes "princières" sous tumulus où le personnage soit incinéré, soit inhumé l'est de toutes façons avec armes,objets de prestige et son char..... Autre fait majeur l'évidente ouverture vers les mondes grecs et étrusques de par la profusion des objets d'importation qui témoignent de la richesse de ces princes commerçants.... Après tout ce n'est pas un hasard si le centre reconnu de cette civilisation correspond aux zones de tombes princières, zone névrlagique d'un actif commerce Sud/ Nord; zones des princes du Sel pour ce qui est de la Lorraine (on a déjà vu sur un autre fil le carctère industrialisé et massif de la production du sel à cette époque) Avec le second âge du fer, La tène, les riches principautés celtiques disparaissent, invasions, bouleversements sociaux, à ce stade je m'arrête pour aujourd'hui... Je reviens (si je peux) évoquer des hypothèses démographiques.... A+, Thierry
Pour compléter ce résumé presque caricatural tellement il est résumé; les hypothèses démographiques.
On doit faire le constat que le futur espace français a été très tôt, très peuplé. Aux populations du Mésolithique, s'ajoute les agriculteurs migrants du Néolithique et avec eux une croissance démographique rapide. Pour le III°millénaire, Louis René Nougier estimait (en 1950) un peuplement d'environ cinq millions d'âmes dans le futur espace de la Gaule (narbonnaise inclus). Ce que relève Braudel et qui est stupéfiant c'est que des cartes de l'occupation agricole au Chasséen peuvent révéler sur certaines régions une plus forte implantation qu'aujourd'hui....Il n'y a alors évidemment aucune concentration urbaine mais pas non plus.....de désertification compléte.... En tout cas l'estimation précitée est compatible avec l'évolution "gauloise" mieux connue que nous avions évoqué lors d'un précédent fil "démographie" que je vous invite à retourner voir. Quand César arrive en Gaule, il est confronté aux territoires qui sont parmi les plus peuplés de son temps, de façon relativement homogène s'agissant d'un peuplement rural largement disséminé quasi exclusivement par exploitations agricoles..... Voilà , je ne voulais ici ni vous assomer, ni me faire plaisir mais plutôt poser un cadre pour....débattre. Il faudrait que je vienne aussi résumer le point de vue de Kruta qui consacre tout un chapitre de son livre "Les Celtes" à cette question des origines, mais bon le temps me manque.... On ne peut se contenter d'invoquer l'origine indo européenne pour comprendre, ni reprendre inlassablement le schéma de "l'expansion celtique" à partir du V° siècle, ce schéma étant partiellement faux... Le premier constat que je ferai est celui d'une grande permanence de peuplement à partir du V° millenaire, à l'époque de l'arrivée très progressive d'une civilisation néolithique agricole. Le second constat est celui de l'absence d'éradication de ces foyers de peuplement. A chaque fois qu'apparait un élément nouveau, armes, objets, techniques, pratiques funéraires, apparition de symboles célestes, d'images guerrières.... Il semble y avoir eu pendant longtemps des juxtapositions, des superpositions.....parfois sur des siècles avant qu'un élement ne devienne prépondérant. J'imagine qu'il n'ya jamais eu de ruptures brutales et totales dans notre lointain passé, plutôt une lente évolution jusqu'aux celtes "historiques" ce qui n'exlut pas des épisodes brutaux mais qui ne sont que des phénomènes finalement annexes. A bientôt, Thierry.
Merci Thierry pour l'ensemble de ces exposés très synthétiques et très complets sur ce sujet difficile.
Je pense que tu as entièrement raison sur le fait que les explications "ordinaires" sont trop simples pour être justes. Il est cependant nécessaire d'intégrer le phénomène linguistique dans ce schéma bien plus réaliste, et c'est là le problème depuis toujours : comment concilier nos connaissances archéologiques avec les données linguistiques et culturelles. Il est un fait réel : les langues indo-européennes, et avec elle certaines structures de pensée, se sont répandues du Bengale à l'Irlande, de Scandinavie en Iran. Selon quelles modalités, avec quelles avancées, quels reculs, quelles méthodes ? Certainement de manière bien plus complexe qu'on ne le dit généralement. N'oublions pas la durée : il a dû se passer plusieurs millénaires. Fergus
-------------- - Ceist, a gillai forcetail, cia doaisiu mac ? - Ni ansa : macsa Dana, DÃ n mac Osmenta, (...) Ergna mac Ecnai, Ecna mac na tri nDea nDÃ na Extrait du Dialogue des Deux Sages
Tu as raison Fergus, il faut intégrer le phénomène linguistique à ce schéma.
Il y a quasiment toujours eu plusieurs thèses dont Mikhail, Muskull, et toi-même se sont fait l'écho sur plusieurs fils de ce forum. A ce sujet, V.KRUTA fait une excellente synthèse en introduction de son ouvrage "Les Celtes". J'essaierai de vous apporter quelques bribes de son rapport sur le sujet très prochainement....
Voici quelques extraits de V.Kruta :
L'origine du peuplement indo-européen de l'Europe, associé progressivement, non sans discussions, non seulement à une famille de langues mais encore à une pensée religieuse et à une certaine organisation de la société et des institutions, a été cherché par tous ceux qui ont tenté d'en identifier la trace archéologique dans une importante vague migratoire....... Deux hypothèses principales..... La première.......considére que le seul événement d'une telle ampleur a été la colonisation de l'Europe par des agriculteurs... ....au néolithique.. L'auteur décrit ensuite la lente progression qui a amené ces agriculteurs dans les Balkans puis en remontant le cours du Danube pour atteindre le cours du Rhin à la fin du VI° millénaire.... Il décrit ensuite les mêmes particularités méditerranéennes et atlantiques déjà décrites par Braudel (v. plus haut) En tout cas La conquête apparemment pacifique des plaines les plus fertiles de l'Europe intérieure par les agriculteurs danubiens....a pu effectivement constituer un excellent support pour la diffusion et l'implantation durable de parlers appartenant à l'origine à une souche commune. Rien ne s'oppose à priori, à ce que cette souche ait été indo-européenne. C'est même une hypothèse très satisfaisante car elle expliquerait non seulement le mécanisme d'introduction de cette langue en Europe, ainsi que les liens qui l'unisse au Hittite... mais également la concentration indiscutable de fortes traces d'un substrat non indo-européen dans les régions qui n'ont pas été directement touchées par le courant Danubien..... L'auteur évoque ensuite le III° millénaire, l'apparition du métal, la domestication du cheval ( la seconde hypothèse ? ) Durant cette période apparaissent des éléments de nature diverse qui tranchent...avec la situation antérieure et que l'on croit pouvoir associer à l'image reconstituée des indo-européens : domestication du cheval, métallurgie du cuivre, développement d'une économie pastorale spécialisée, émergence d'un hiérarchie sociale notamment dans le domaine funéraire...... Cette période nous dit l'auteur a pu constituer aux yeux de beaucoup, le cadre idéal de l'arrivée de populations indo-européennes, associée à un modèle de conquête par la force, toutefois, il poursuit : Dans cette hypothèse, la diffusion des parlers introduits par ces peuples installés surtout dans les plaines du Nord et sur le cours du Moyen Danube aurait dû se prolonger à partir de la moitié du III° millénaire dns plusieurs directions pout atteindre toutes les régions où elles sont attestées à l'époque historique Kruta reléve alors immédiatement que cette période est une époque de grande stabilité; il écarte donc l'hypothése, en tout état de cause de la conquête brutale pour indiquer que l'hypothèse d'un essaimage à partir de 2500 av Jc n'est compatible qu'avec le schéma d'une adoption progressive de proche en proche par l'action de petits groupes de migrants..... Pour finir, l'auteur retient l'idée que les deux hypothèses, loin d'être incompatibles sont plutôt complémentaires : C'est une indo européanisation cumulative de l'Europe en deux étapes commencée par la colonisation Danubienne et amplifiée par une deuxième vague au III° millénaire qui semble aujourd'hui lamieux adaptée aux données disponibles... Ces idées ressemblent aux généralités exposées plus haut et là encore je relève l'idée de très lente progression et de diffusion (relativement)pacifique..... Les Celtes viennent de très loin
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