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Si je ne me trompe, aux trois fonctions traditionnelles -sacerdotale, guerrière et productrice- correspondent, dans le contexte indo-européen, trois couleurs, à savoir, respectivement : le Blanc, le Rouge et le Noir, non ?
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![Question :?:](./images/smilies/icon_question.gif)
Je relève notamment cette réponse faite par Déirdré à Leborcham dans l'Histoire de Déirdré : Le seul homme que j'aimerais serait celui qui aurait sur lui ces trois couleurs : la chevelure comme le corbeau, le joue comme le sang et le corps comme la neige.
On retrouve bien là , les trois couleurs "fonctionnelles".
En alchimie, on retrouve également ces trois couleurs associées (plus le jaune) sous les formes suivantes (Psychologie et Alchimie, Jung, Buchet/Chastel, 1970, p.301-303) :
Nigredo ou Noir : état initial, qui est ou présent dès le début en tant que qualité de la prima materia (matière primordiale), du chaos ou de la masse confuse, ou produit par la décomposition.
A ce Noir succède le lavage qui conduit immédiatement au blanc ou albedo (et je ne veux pas entendre de plaisanteries sur tel ou tel produit à lessiver !!!
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Albedo ou Blanc : qui contient toutes les couleurs et conduit à une couleur unique (unité dans la diversité, diversité dans l'unité) "que beaucoup d'alchimistes estimaient autant que si il avait été le but dernier du processus".
La transition jusqu'au rouge ou rubedo est formée par le citrinitas, le jaune.
Citrinitas ou Jaune : stade intermédiaire entre le blanc et le rouge mais qui semble avoir été supprimé ultérieurement.
Rubedo ou Rouge : il est dit que si le blanc peut être comparé à l'aube, le rouge, lui, est le lever du soleil.
Avec la mise à l'écart du jaune, on retrouve les trois couleurs essentielles, à la différence près que le rouge semble un aboutissement supérieur au blanc, ce qui constitue une inversion par rapport à l'ordre traditionnel qui veut que la fonction sacerdotale (blanc) soit la première et la fonction guerrière (rouge), la seconde.
Si ce n'était cette inversion et l'ajout du jaune mais qui, comme on le voit, semble avoir une importance moindre que les trois autres couleurs, nous retrouverions là les trois couleurs "fonctionnelles" traditionnelles.
Toutefois, les quatre couleurs existent bien, semble-t-il, dans la tradition kabbalistique si j'en crois le Grand dictionnaire des symboles et des mythes de Nadia Julien (Marabout, 1997, p.13) et se rapporterait même à Adam.
Dans la tradition kabbalistique, le premier Adam représentait la synthèse de l'humanité, renfermant l'âme de tous les hommes à venir, l'unité totale de la vie humaine, en dehors de la vie individuelle. Pour le créer, Dieu rassembla de la terre (=adamah) rouge, noire, blanche et jaune provenant des quatre coins du monde (points cardinaux). Ainsi, son âme était, comme la mèche d'une lampe, composée d'un nombre infini de fils.
"Rouge, noire, blanche et jaune"... Dans la tradition kabbalistique, si l'on en croit Nadia Julien, quatre couleurs seraient donc bien associées et non trois, et cela me fait étrangement penser, sans que j'établisse pour autant un lien entre les deux éléments, aux quatre fêtes celtiques dont on distingue la première (Samain), la troisième (Beltaine) et la quatrième (Lugnasad), de la deuxième, Imbolc, comme si la triade se trouvait, dans les deux cas, "encombrée" en quelque sorte, d'un quatrième élément différent, de moindre importance voire un tantinet "dérangeant" pour l'agencement trinitaire et tripartite...
Imbolc est une "lustration" ou une purification au sortir des rigueurs de l'hiver. Ne croyons surtout pas que c'est une fête d'ouverture d'année. C'est aussi et surtout le nom archaïque d'une fête pratiquement disparue -faute peut-être d'avoir jamais existé en tant que fête pleine et entière-, à l'époque où se transcrivaient pour la première fois les informations textuelles qui la concernent. (Les fêtes celtiques, Leroux et Guyonvarc'h, Ouest-France Université, 1995).
Et aussi : Et au-delà de ces constatations, nous entrerions dans le domaine brumeux et incertain des hypothèses, quitte à conclure que Imbolc est un nom de rite, sans plus, pour une cérémonie d'importance secondaire. (Idem).
Et il me semble bien, en effet, avoir rencontré cette hypothèse faisant de Imbolc une fête secondaire par rapport aux trois autres fêtes celtiques (ne pourrait-on en dire autant du quatrième veda, jugé indigne d'être mis sur le même pied que les trois premiers ?).
Je ferme la parenthèse sur les fêtes celtiques, dont le but était d'illustrer un autre exemple d'apparente -mais peut-être trompeuse- opposition "3"/"4", dans le contexte celtique.
Pour revenir à nos quatre couleurs kabbalistiques se référant à Adam, nous noterons au passage qu'il est difficile de ne pas penser au mythe raciste des quatre prétendues races humaines -blanche, noire, rouge et jaune- qui, même en faisant abstraction des éléments étiques et génétiques- n'a jamais correspondu à aucune réalité physique...
Coïncidence ou corruption et détérioration, voire récupération, d'un élément traditionnel ???
Les quatre couleurs nous les retrouvons également chez Dante :
Oh ! qu'il me parut une étonnante merveille ! quand je vis trois faces à sa tête : l'une sur le devant et qui était vermeille;
Les deux autres, qui s'attachaient à celle-là , s'élevaient sur le milieu de chaque épaule, et se joignant au sommet de la tête,
Le visage de droite paraissait jaune et blanc; celui de gauche était de la couleur de ceux qui habitent au lieu où s'engouffre le Nil. (La Divine Comédie, Enfer Chant XXXIV).
Ainsi Dante décrit-il Lucifer.
On voit encore ici le jaune se glisser entre les trois autres couleurs et s'établir sur le même visage que le blanc, car si il y a quatre couleurs il n'y a bien que trois visages, alors que le rouge est bel et bien cité en premier lieu. Le traducteur, A.Brizeux (1853) ajoute à la confusion en indiquant de manière illogique en bas de page, pour ce qui est des trois têtes de Lucifer : "Représentant les Européens, les Asiatiques et les Africains". Il ne tient là aucun compte du rouge et n'a sans doute pas pu, voulu ou osé évoquer une "quatrième race" de prétendus "peaux-rouges" comme d'autres ne se priveront pas de le faire...
On retrouve donc les trois couleurs "fonctionnelles" mais, dirait-on, inversées pour ce qui est du rouge et du blanc; a-t-on une explication ? Encore une fois, comme dans le cas du "roi assoiffé", je m'interroge sur les origines de ces trois couleurs et sur les éventuelles influences qui ont fait qu'on les retrouve dans la tradition "trifonctionnelle" et en Alchimie ?
On retrouve également ce jaune qui semble toujours jouer le rôle de "quatrième roue de la charrette" et qui me fait penser, peut-être à tort, à Imbolc et au quatrième veda, ce qui renforcerait l'idée d'une apparente opposition entre "trinité" et "quaternité", non ? Ce jaune a-t-il été retranché des quatre couleurs d'origine, a-t-il au contraire été ajouté ou tout cela, finalement, n'est il que coïncidences ou le résultat d'une "unité spirituelle originelle", d'une "tradition unique" ?
Cette quatrième couleur jaune, en tant que couleur associée aux trois autres, est-elle vraiment absente des traditions indo-européennes et, notamment, la tradition celtique ? Ou peut-on, au contraire, la retrouver dans certains récits ?
J'ai commencé par la description de Noisé dans l'Histoire de Déirdré et je terminerai par cette description d'Etaine, qui nous révèle peut-être un élément "or", donc "jaune" ou peut-être pas, aux spécialistes de nous donner leur avis
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Elle était vêtue d'un beau manteau brodé de pourpre claire, avec des broches d'argent et une épingle d'or sur la poitrine.
La couleur pourpre est évidente (rouge), l'argent, si l'on se réfère à nouveau à Jung, se rapporte clairement à l'albedo (blanc) qui correspond à la lune "qui doit être encore élevée à l'état de soleil (le rouge comme on l'a vu plus haut) quant à l'or, il se rapporte bien évidemment au jaune (bien que cela ne corresponde pas à la faible importance du citrinitas en alchimie, semble-t-il).
Et encore :
Elle avait deux tresses de cheveux couleur or sur la tête et quatre fermoirs de chaque côté et une perle d'or au sommet de chaque tresse. Alors la fille dénoua ses cheveux pour les laver et les prit à deux mains, les faisant retomber sur sa poitrine. Ses mains étaient plus blanches que la neige d'une nuit et ses joues plus rouges qu'une digitale.
Cette apparente association "jaune/or-blanc-rouge" -à moins que l'on puisse ajouter le noire par la référence à la nuit ?- correspond-t-elle, symboliquement, à l'association "blanc-rouge-noir" chez Noisé ou cela n'est-il en rien comparable ?
Je n'affirme évidemment rien -comment et avec quels moyens le pourrais-je d'ailleurs ?- et ne fais que soulever certaines questions peut-être fondées peut-être sans intérêt, sans fondement, à vous de voir...
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Personnellement, comme dans le cas du roi assoiffé, je me demande toujours si tout cela résulte d'influences, d'une "origine traditionnelle unique", d'une "vérité à multiple visage" ou simplement de coïncidences ne soulignant que des éléments sans véritable rapports entre eux ???
![Question :?:](./images/smilies/icon_question.gif)
Voilà , voilà ... J'espère susciter réponses, réflexions et autres cogitations dans l'assistance !
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Si je ne vous lis plus aujourd'hui, je vous souhaite à tous, d'ores et déjà , une excellente nuit !
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Dulovios...
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