Massalia, Massilia, Massilie…, quelle que soit l’écriture qu’on lui donne, Marseille fut fondée par une colonie originaire de la ville de Phocée en Asie Mineure (Ionie) au VIè siècle avant JC.
Les Phéniciens exploitèrent, dit’ on, leurs colonies pendant des siècles sans leur offrir en retour la moindre compensation, mais l'emprise de Massalia se répandit petit à petit sur toute la côte gauloise et jusqu’à l’embouchure de l’Ebre en territoire ibérique.
Placée sous la protection de la grande Artémis d’Ephèse, Massalia sut prouver que les colons grecs savaient allier une œuvre culturelle et empreinte cultuelle stable et durable à leurs entreprises commerciales :
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http://perso.wanadoo.fr/marseilleveyre/ ... dation.htm
http://www.culture.gouv.fr/culture/arcn ... s_pop2.htm
Les Grecs civilisent les Gaulois
« Sous l’influence des Phocéens, les Gaulois adoucirent et quittèrent leur barbarie et apprirent à mener une vie plus douce, à cultiver la terre et à entourer les villes de remparts.
Ils s’habituèrent aussi à vivre sous l’empire des lois plutôt que sous celui des armes, à tailler la vigne et à planter l’olivier, et le progrès des hommes et des choses fut si brillant qu’il semblait, non que la Grèce eût émigré en Gaule, mais que la Gaule eut passé dans la Grèce ».
Justin, historien latin du IIè siècle ap JC, XLIII, 3 et 4 (traduction Chambry).
Les populations provençales autochtones furent progressivement hellénisées et des relations commerciales étendues et florissantes furent établies non seulement autour de la Méditerranée, mais aussi le long d’un réseau de fleuves navigables, dont les liaisons Rhône, Saône, Seine, Moselle, Rhin, étaient les routes navigables les plus importantes. Des monnaies frappées d’un côté d’une tête d’Artémis et de l’autre d’un lion ont été retrouvées dans toute la France, en Suisse, en Italie du nord jusque dans les vallées alpines. Le drachme sera une inspiration non seulement aux statères macédoniens puis au serterces gaulois.
Intrusion toute en douceur et en commerce, mais aussi par à coup, comme on put le démontrer les riches tombes du Hallstatt des princes et princesses (dont celle de Vix), mais aussi des grands cultes religieux (Déméter et Coré, Dionysos…).
Pourtant au IIIè siècle avant notre ère, le poète latin Silius Italicus dans son Punica, XV, 169-172 nous indique que les Massaliotes sont "entourés de tribus arrogantes et terrifiés par les rituels sauvages de leurs voisins barbares".
En 125, les Romains avaient commencé à ériger en province romaine la Gaule méridionale jusqu’à Lugdunum (Lyon). Le souvenir de cette annexion survit encore dans le terme "Provence". La romanisation s’y fit à un rythme accéléré, tant elle était facilitée par l’influence culturelle de l’hellénique Massalia qui maintient son rang de plus grand port des Gaules, position qu’elle occupe d’ailleurs toujours de nos jours.
Massalia : école de tous les savoirs
« De même qu'Athènes fut l'école de la Grèce, "Marseille fut l'école des Barbares"».
Strabon, Géographie, IV.4,1,5.
On peut être déconcerté par l’intrusion et l’inconstance conflictuelle du monde helléniste dans le monde barbare des Celtes. Mais c’est surtout le rayonnement et confrontation de Massalia en tant que concurrente des écoles de tous les savoirs grecques (écriture, mathématique, philosophie, sophisme, médecine…) de l’Asie mineure, d’Athènes, de Pergame ou même d’Alexandrie avec la pensée, la culture et les légendes celtes qui nous intéresse.
Ils enseignèrent l’écriture littérale au gotha intellectuel gaulois et ibérique; et en effet, nul besoin d’un long et dispendieux voyage nous dit Strabon dans son livre IV, ch.1, 5 : tous les gens distingués s'y portent vers l'éloquence et la philosophie, si bien que leur ville, qui depuis peu était devenue une école ouverte aux Barbares, et avait rendu les Galates philhellènes au point de rédiger leurs contrats en langue hellénique, a présentement persuadé aux plus illustres des Romains de renoncer au voyage d'Athènes et de venir à Massilia pour l'amour de l'étude.
ejds