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Diodore de Sicile - Histoire universelle

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Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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15 messages • Page 1 sur 1

Diodore de Sicile - Histoire universelle

Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:09

Diodore de Sicile (en grec ancien Διόδωρος / Diódôros) est un historien et chroniqueur grec du Ier siècle av. J.-C., né à Agyrium en Sicile.

Il vit du temps de César et d'Auguste. Après avoir visité les principaux pays de l'Europe et de l'Asie, il s'établit à Rome et y laisse une œuvre considérable, la plus riche d'informations sur la Grèce antique, la Rome antique et l'Égypte antique, la Bibliothèque historique, qui couvre mille cent trente-huit années d'histoire, sans prendre en compte les temps mythologiques. Diodore a notamment permis de sauver de l'oubli de nombreuses œuvres, en particulier celles de deux utopistes avant la lettre : Iamboulos (au livre II de la Bibliothèque) et Évhémère (au livre V).

L'interprétation de ces textes étonnants soulève de nombreux problèmes : Iamboulos et Évhémère ont sans doute effectué des voyages lointains ; il est cependant difficile aujourd'hui de distinguer, dans les écrits de l'un et de l'autre, ce qui rend compte fidèlement de leurs périples de ce qui relève de l'affabulation — a beau mentir qui vient de loin —, ou de ce qui exprime une volonté métaphorique délibérée.

Diodore de Sicile a également participé à l'élaboration de la liste des sept Merveilles du Monde, notammant avec ses descriptions de Babylone dans sa Bibliothèque Historique.

Source : Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Diodore_de_Sicile
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:10

La traduction qui suit est de l'abbé Terrasson, membre de l'Académie Française. Elle a été publiée en 1737.

Livre II

XXVIII. Des Hyperboréens.


Pendant que nous en sommes aux peuples de l'Asie voisins du Nord, nous dirons un mot de ceux qu'on a appelés Hyperboréens. Entre les écrivains qui ont ramassé les antiquités du monde, Hécatée et quelques autres disent qu'au‑delà des Gaules, dans l'Océan et du côté du septentrion, il y a une île aussi grande que la Sicile. C'est-là qu'habitent les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'on les croit au‑dessus de l'origine du vent Borée. Le terroir de l'île est excellent. Il est propre à toutes sortes de fruits et fournit deux récoltes par an. C'est, disent‑ils, le lieu de la naissance de Latone et de là vient que ces insulaires révèrent particulièrement Apollon son fils. Ils sont tous, pour ainsi dire, prêtres de ce dieu ; car ils chantent continuellement des hymnes en son honneur. Ils lui ont consacré dans leur île un grand terrain au milieu duquel est un temple superbe, de forme ronde, toujours rempli de riches offrandes. Leur ville même est consacrée à ce dieu et elle est pleine de musiciens et de joueurs d'instruments qui célèbrent tous les jours ses vertus et ses bienfaits. Ils parlent une langue particulière. Ils ont aimé de tout temps les Grecs et surtout ceux d'Athènes et de Délos. Ils prétendent que plusieurs de cette nation sont venus chez eux et qu'ils y ont laissé des offrandes chargées d'inscriptions grecques. Ils ajoutent que de leur côté Abaris vint autrefois dans la Grèce pour renouveler l'ancienne alliance des Hyperboréens avec les Déliens. Les mêmes historiens rapportent que la lune paraît là très proche de la terre et qu'on y découvre clairement des montagnes semblables aux nôtres. Les Hyperboréens croient qu'Apollon descend dans leur île tous les dix‑neuf ans qui sont la mesure du cycle lunaire. Les Grecs appellent cette période le cycle de Méton. Le dieu lui‑même joue de la lyre et danse toutes les nuits l'année de son apparition, depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au lever des Pléiades comme s'il se réjouissait des honneurs que l'on lui rend. La dignité royale et en même temps sacerdotale est possédée dans cette île par les Boréades descendants de Borée, dont la succession n'a point encore été interrompue.
Dernière édition par Fergus le Mer 17 Jan, 2007 12:32, édité 1 fois.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:18

Livre IV

VI. Continuation de la vie et des voyages d'Hercule placée par l'auteur entre le détail ou l'énumération de ses travaux. Il va chez les Celtes et dans les Gaules.


MAIS POUR reprendre le fil de notre histoire, Hercule donna l'Espagne à gouverner à quelques‑uns des habitants, en qui il avait reconnu le plus de vertu et de probité. Pour lui, s'étant mis à la tête de son armée il prit le chemin de la Celtique, et ayant parcouru toute cette contrée, il abolit plusieurs coutumes barbares en usage parmi ces peuples, et entre autres celle de faire mourir les étrangers. Comme il avait dans son armée quantité de gens qui l'étaient venus trouver de leur plein gré, il bâtit une ville qu'il appela Alésie, nom tiré des longues courses qu'ils avaient faites avec lui. Plusieurs d'entre les Celtes vinrent y demeurer et étant en plus grand nombre que les autres habitants ils les obligèrent de prendre leurs coutumes. Cette ville est encore à présent en grande réputation parmi les Celtes qui la regardent comme la capitale de tout leur pays. Elle a toujours conservé sa liberté depuis Hercule jusqu'à ces derniers temps. Mais enfin, Jules César qu'on a honoré du titre de dieu, à cause de la grandeur de ses exploits, l'ayant prise par force, la soumit avec toutes les autres villes des Celtes, à la puissance des Romains.

Il passe en Italie.


HERCULE voulant ensuite passer de la Celtique en Italie prit le chemin des Alpes. Il rendit les routes de ce pays, de rudes et de difficiles qu'elles étaient, si douces et si aisées qu'une armée y pouvait passer sans peine avec tout son bagage. Les habitants de ces montagnes avaient coutume de tailler en pièces et de voler toutes les troupes qui les traversaient. Mais Hercule ayant dompté cette nation et en ayant fait punir les chefs, établit pour toujours la sûreté de ces passages. Étant descendu des Alpes, il parcourut le plat pays de la Galatie et entra ensuite dans la Ligurie. La contrée qu'habitent les Liguriens est très âpre et très stérile. Cependant forcée par les travaux immenses de ses habitants, elle leur rapporte des fruits quoiqu'en fort petite quantité. C'est pour cela que tous les Liguriens sont de médiocre taille, mais d'ailleurs ils deviennent très vigoureux à cause des violents exercices auxquels ils sont condamnés par la nature de leur terroir ; l'éloignement où ils se trouvent des voluptés de la vie leur donne une force et une agilité surprenantes dans les combats. Comme la terre qu'ils cultivent demande beaucoup de soins et de labours, les femmes mêmes sont accoutumées à partager avec les hommes tous leurs travaux. Les personnes de l'un et de l'autre sexe se louent pour toutes sortes d'ouvrages moyennant une certaine récompense. Il arriva une chose étonnante et tout à fait extraordinaire par rapport à nous, à une femme de ce pays. Elle s'était louée, quoique grosse pour travailler avec des hommes Ayant senti les douleurs de l'enfantement, elle alla sans bruit se cacher dans des buissons. Là étant accouchée elle couvrit son enfant de feuilles et le laissa. Elle revint ensuite travailler avec ces hommes sans leur rien dire de ce qui lui était arrivé mais l'enfant s'étant mis à crier découvrit sa mère. Cependant quelque chose que lui dît celui qui commandait les ouvriers, il ne put lui persuader de quitter son travail jusqu'a ce qu'enfin son maître lui ayant payé son salaire, l'obligea d'aller prendre du repos.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:30

Livre V

XVI. L'Angleterre*.

Au-delà des Gaules et vis‑à‑vis des monts Hercyniens, qu'on dit être les plus hauts de toute l'Europe, sont plusieurs îles dont la plus grande est Angleterre. Aucune nation étrangère ne s'était autrefois emparée de cette île. Bacchus, Hercule, ni aucun des autres demi-dieux ou Héros n'y avaient jamais porté la guerre. Jules César, que ses belles actions ont fait mettre au rang des dieux, est le premier de tous les vainqueurs qui l'ait soumise à ses armes Ayant défait les Anglais il les rendit tributaires des Romains. Nous rapporterons cette expédition dans son temps et nous nous contenterons ici de parler de la figure de cette île et de l'étain qu'elle produit. L'Angleterre est triangulaire comme la Sicile, mais tous ses côtés sont inégaux. On appelle Cantium celui de ses promontoires qui est le plus proche du continent et qui n'en est même éloigné que de cent stades. C'est là qu'est l'ouverture du détroit. L'autre promontoire, appelé Bélérion, est éloigné de la terre ferme de quatre journées de navigation. Le dernier, qui s'appelle Orcan, s'avance dans la pleine mer. Le plus petit côté de l'Angleterre est parallèle à la terre ferme de l'Europe et a sept mille cinq cents stades de longueur, le second, depuis sa baie jusqu'à sa pointe vers le nord, quinze mille, et le dernier vingt mille, de telle sorte que cette île a quarante deux mille cinq cents stades de circonférence. On dit que les Anglais sont originaires du pays et qu'ils conservent encore leurs premières coutumes. Á la guerre, ils se servent de chariots comme les héros grecs qui assiégeaient Troie, et leurs maisons sont pour la plupart bâties de chaume et de bois. Ils ont coutume, quand ils moissonnent, de couper la tête à tous les épis et de les enfermer dans des caves souterraines. Ils se nourrissent des plus anciens épis, en les réduisant en farine à mesure qu'ils en ont besoin. Leurs mœurs sont simples et fort éloignées de la perversité des nôtres. La sobriété règne chez eux et ils ignorent encore à présent cette molle délicatesse que les richesses amènent avec elles. L'Angleterre est fort peuplée, mais l'air y est extrêmement froid, cette île étant située sous la grande Ourse. Elle est gouvernée par plusieurs rois qui gardent presque toujours la paix entre eux. Nous parlerons de leurs lois et des autres particularités du pays lorsque nous écrirons l'histoire de l'expédition de César en Angleterre. Les habitants du promontoire aiment les étrangers. Aussi, le grand nombre de marchands qui y abordent de toutes parts rend ces peuples beaucoup plus policés que les autres nations de l'Angleterre. Ce sont eux qui tirent l'étain d'une mine qu'ils entretiennent avec soin. Elle est extrêmement pierreuse, mais cependant coupée de veines de terre. Dès qu'ils ont tiré l'étain, ils le purifient en le faisant fondre. Lui ayant ensuite donné la figure de dés à jouer, ils le transportent sur des chariots dans une île voisine de l'Angleterre appelée Ictis en prenant pour y arriver le temps où la mer est basse. Car une particularité que l'on remarque dans toutes les îles qui sont entre l'Europe et l'Angleterre, est que dans les hautes marées, elles sont entièrement environnées d'eau, mais ensuite, lorsque l'océan se retire, la langue de terre qui les joint à la terre ferme se découvre entièrement, et elles ne sont plus alors que des presqu'îles. Enfin, les marchands étrangers qui ont acheté l'étain dans l'île d'Ictis, le font transporter dans la Gaule où ils le chargent sur des chevaux, après quoi ils mettent trente jours à la traverser depuis les côtes qui regardent l'Angleterre jusqu'à l'embouchure du Rhône.


* Le mot "Angleterre", employé par le traducteur, désigne évidemment la (Grande-)Bretagne. Rappelons que le traducteur, l'abbé Terrasson, écrivait au XVIII° siècle.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:34

XVII. De l'ambre des pays du Nord.

QUANT à l'ambre qui nous vient de ces cantons‑là, voici ce qu'on en raconte. A l'opposite de la Scythie, et au‑delà des Gaules, est une île appelée Basilée ou Royale. C'est dans cette île seule que les flots de la mer jettent l'ambre. Les anciens ont débité sur cette matière des fables tout à fait incroyables et dont l'expérience a découvert la fausseté. Car la plupart des poètes et des historiens disent que Phaéton, fils du Soleil, n'étant encore qu'en sa première jeunesse conjura son père de lui confier pendant un jour la conduite de son char. Ayant obtenu sa demande il monta sur ce char, mais bientôt les chevaux sentirent qu'ils étaient menés par un enfant qui n'avait pas la force de les retenir et ils quittèrent leur route ordinaire. Errant dans le ciel, ils l'embrasèrent d'abord et y laissèrent cette trace qu'on appelle la Voie Lactée. Ils brûlèrent aussi une grande partie de la terre, mais Jupiter indigné foudroya Phaéton et remit le Soleil dans la voie qui lui est prescrite. Phaéton tomba à l'embouchure du Pô, appelé autrefois l'Éridan. Ses sœurs pleurèrent amèrement sa mort. Leurs regrets, dit‑on, furent si grands qu'elles changèrent de nature et furent métamorphosées en peupliers. L'on dit que cette espèce d'arbre jette tous les ans des pleurs au temps de la mort de Phaéton, et que ces larmes épaissies font l'ambre, espèce de gomme qui surpasse en beauté toutes les autres. L'on ajoute même que l'ambre de ces peupliers se renouvelle toutes les fois qu'on prend le deuil de quelque jeune homme mort dans le pays. Mais le temps a démontré que ceux qui ont forgé cette fable nous ont trompés. La vérité est que l'ambre se recueille sur les rivages de l'île Basilée, comme nous l'avons dit plus haut, et que les habitants de cette île le transportent au continent voisin, d'où ensuite on l'envoie dans nos cantons.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:34

XVIII. Digression sur l'origine des Celtes ou Gaulois.

APRÈS avoir parlé des îles occidentales, nous croyons à propos de faire une courte digression sur les nations de l'Europe que nous avons omises dans les livres précédents. On raconte qu'autrefois, un roi fameux de la Celtique avait une fille d'une taille et d'une beauté extraordinaires. Cette princesse, que ces avantages rendaient très fière, ne jugea digne d'elle aucun de ceux qui la recherchaient. Hercule, qui faisait la guerre à Géryon, s'était pour lors arrêté dans la Celtique, où il bâtissait la ville d'Alésia. La princesse ayant vu que ce Héros surpassait le commun des hommes, autant par la noblesse de sa figure et par la grandeur de sa taille que par ton courage, elle fut éprise d'un violent amour pour lui et ses parents y consentant avec joie, elle reçut Hercule dans son lit. De cette union naquit un fils nommé Galatès, qui fut supérieur à tous les habitants de ce pays par sa force et par ses vertus. Quand il eut atteint l'âge d'homme, il monta sur le trône de ses pères. Il augmenta son royaume de plusieurs états voisins et il s'acquit beaucoup de réputation à la guerre. Enfin, il donna à ses sujets le nom de Galates et au pays de sa domination celui de Galatie ou de Gaule. Á l'égard des peuples voici ce qu'on en rapporte. Les Gaules sont présentement habitées par une infinité de nations plus ou moins nombreuses les unes que les autres. Les plus fortes sont de deux cent mille hommes et les plus faibles d'environ quarante mille. Entre toutes ces nations, il y en a une qui conserve de tous temps pour les Romains une amitié inviolable et qui y persévère encore aujourd'hui. Comme les Gaules sont fort septentrionales, l'hiver y dure longtemps, et le froid y est extrême. Car dans cette saison de l'année, lorsque le temps est couvert, il y tombe de la neige au lieu de pluie, et quand le ciel est serein, il y gèle avec tant de force que les fleuves, glacés et endurcis, y servent comme de ponts à eux‑mêmes. La glace est si épaisse, que non seulement elle soutient quelques voyageurs, mais que des armées entières passent dessus en toute sûreté avec les chariots et le bagage. On voit couler dans les Gaules plusieurs fleuves qui font divers tours dans les campagnes. Les uns ont leurs sources dans des lacs profonds, et les autres dans les montagnes. Quelques‑uns de ces fleuves vont se rendre dans l'océan, et les autres dans la Méditerranée. Le plus grand des fleuves qui se déchargent dans cette dernière mer est le Rhône. Ses sources sont dans les Alpes, et il se jette dans la Méditerranée par cinq embouchures. Le Danube et le Rhin sont les plus grands de ceux qui vont se rendre dans l'océan. De notre temps, Jules César ayant jeté par un travail incompréhensible un pont sur le Rhin, fit passer ce fleuve à son armée et alla dompter les Gaulois qui habitent de l'autre côté. Plusieurs autres rivières navigables traversent le pays des Celtes, mais il serait trop long d'en faire la description. Au reste, toutes ces rivières gèlent aisément et deviennent par là un chemin très ferme, d'autant plus même que l'on y répand de la paille, sans quoi ceux qui passent dessus courraient risque de glisser souvent. On remarque en divers endroits des Gaules un phénomène trop particulier pour omettre d'en parler ici. Les vents du couchant d'été, et ceux du nord ont coutume d'y souffler avec tant de violence qu'ils enlèvent de la terre des pierres grosses comme le poing et une poussière qui semble être du gravier. En un mot, les vents y sont si impétueux qu'ils dépouillent les hommes de leurs armes et de leurs habits, et qu'ils font perdre la selle aux cavaliers. Le froid est si violent dans les Gaules, qu'altérant la température de l'air, il empêche qu'il ne croisse en ce pays‑là ni vignes ni oliviers. C'est pourquoi les Gaulois, absolument privés de ces deux sortes de fruits, font avec de l'orge un breuvage qu'ils appellent de la bière. Ils ont encore une autre boisson qu'ils font avec du miel détrempé dans de l'eau. Comme ils ne recueillent pas de vin, ils enlèvent avidement tous ceux que les marchands apportent dans leur pays. Ils en boivent outre mesure, et jusqu'à ce que devenus ivres, ils tombent dans un profond sommeil ou dans des transports furieux. La plupart des marchands italiens naturellement attentifs à leurs intérêts, ne manquent pas de tirer avantage de la passion que les Gaulois ont pour le vin. Car ils font remonter les leurs dans des bateaux sur les rivières navigables ou bien ils les conduisent sur des chariots dans le plat pays. Échangeant ensuite un vase de vin contre un esclave, ils en tirent des profits considérables.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:35

XIX. Des mines de la Gaule.

IL N'Y A aucune mine d'argent dans toutes les Gaules, mais on y trouve abondamment de l'or que l'on y ramasse, sans employer les travaux que ce métal coûte ailleurs aux hommes. Comme les fleuves de cette contrée se font passage avec violence entre des rochers et des montagnes, il arrive souvent que les eaux emportent avec elles de grands morceaux de mine remplis de fragments d'or. Ceux qui sont occupés à recueillir ce métal, rompent et broient ces morceaux de mine. Ayant ensuite ôté toute la terre par le secours de l'eau, ils font fondre le métal dans des fourneaux. Ils amassent de cette sorte une grande quantité d'or qui sert à la parure des femmes et même à celle des hommes. Car ils en font non seulement des anneaux ou plutôt des cercles, qu'ils portent aux deux bras et aux poignets, mais encore des colliers extrêmement massifs, et même des cuirasses. Les peuples qui habitent la Celtique supérieure donnent un exemple singulier de fidélité. Dans leur pays, le pavé des temples est semé de pièces d'or qu'on a offertes aux dieux. Mais quoique tous les Celtes soient extrêmement avares, pas un d'eux n'ose y toucher, tant la crainte des dieux est imprimée dans leur âme.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:36

XX. Moeurs et coutumes des Gaulois par rapport à la guerre.

TOUS les Gaulois sont d'une grande taille. Ils ont la peau fraîche et extrêmement blanche. Leurs cheveux sont naturellement roux, et ils usent encore d'artifice pour fortifier cette couleur. Ils les lavent fréquemment avec de l'eau de chaux et ils les rendent aussi plus luisants en les retirant sur le sommet de la tête et sur les tempes de sorte qu'ils ont vraiment l'air de satyres et d'aegipans. Enfin leurs cheveux s'épaississent tellement qu'ils ressemblent aux crins des chevaux. Quelques‑uns se rasent la barbe, et d'autres la portent médiocrement longue, mais les nobles se rasent les joues et portent néanmoins des moustaches qui leur couvrent toute la bouche. Aussi, il leur arrive souvent que lorsqu'ils mangent, leur viande s'embarrasse dans leurs moustaches, et lorsqu'ils boivent, elles leur servent comme de tamis pour filtrer leur boisson. Ils ne prennent point leurs repas assis sur des chaises, mais ils se couchent par terre sur des couvertures de peaux de loups et de chiens et ils sont servis par leurs enfants de l'un et de l'autre sexe qui sont encore dans la première jeunesse. Á côté d'eux sont de grands feux garnis de chaudières et de broches où ils font cuire de gros quartiers de viandes. On a coutume d'en offrir les meilleurs morceaux à ceux qui se sont distingués par leur bravoure. C'est ainsi que chez Homère, les héros de l'armée grecque récompensent Ajax qui s'étant battu seul contre Hector, l'avait vaincu. Ils invitent les étrangers à leurs festins et à la fin du repas, ils les interrogent sur ce qu'ils font et sur ce qu'ils viennent faire. Souvent, leurs propos de table font naître des sujets de querelles, et le mépris qu'ils ont pour la vie, est cause qu'ils ne se font point une affaire de s'appeler en duel. Car ils ont fait prévaloir chez eux l'opinion de Pythagore qui veut que les âmes des hommes soient immortelles, et qu'après un certain nombre d'années, elles reviennent animer d'autres corps. C'est pourquoi, lorsqu'ils brûlent leurs morts, ils adressent à leurs amis et à leurs parents défunts des lettres qu'ils jettent dans le bûcher, comme s'ils devaient les recevoir et les lire. Dans les voyages et dans les batailles, ils se servent de chariots à deux chevaux, où monte un cocher pour le conduire, outre l'homme qui doit combattre. Ils s'adressent ordinairement aux gens de cheval, en les attaquant avec ces traits qu'ils appellent saunies, et descendent ensuite, pour se battre avec l'épée. Quelques‑uns d'entre eux bravent la mort jusqu'au point de se jeter dans la mêlée, n'ayant qu'une ceinture autour du corps et étant du reste entièrement nus. Ils mènent avec eux à la guerre des serviteurs de condition libre, mais pauvres, qui dans les batailles conduisent leurs chariots et leur servent de gardes. Les Gaulois ont coutume, avant que de livrer bataille, de courir à la rencontre de l'armée ennemie, dont ils défient les plus apparents à un combat singulier, en branlant leurs armes et en tâchant de leur inspirer de la frayeur. Si quelqu'un accepte le défi, alors ils commencent à vanter la gloire de leurs ancêtres et leurs propres vertus. Au contraire, ils abaissent tant qu'ils peuvent celle de leurs adversaires et ils trouvent effectivement le moyen d'affaiblir le courage de leur ennemi. Ils pendent au col de leurs chevaux les têtes des soldats qu'ils ont tués à la guerre. Leurs serviteurs portent devant eux les dépouilles encore toutes couvertes du sang des ennemis qu'ils ont défaits, et ils les suivent en chantant des chants de joie et de triomphe. Ils attachent ces trophées aux portes de leurs maisons, comme ils le font à l'égard des bêtes féroces qu'ils ont prises à la chasse, mais pour les têtes des plus fameux capitaines qu'ils ont tués à la guerre, ils les frottent d'huile de cèdre et les conservent soigneusement dans des caisses. Ils se glorifient aux yeux des étrangers à qui ils les montrent avec ostentation de ce que ni eux ni aucun de leurs ancêtres n'ont voulu changer contre des trésors ces monuments de leurs victoires. On dit qu'il y en a eu quelques‑uns, qui par une obstination barbare, ont refusé de les rendre à ceux-mêmes qui leur en offraient le poids en or. Mais si d'un côté, une âme généreuse ne met point à prix d'argent les marques de sa gloire, de l'autre, il est contre l'humanité de faire la guerre à des ennemis morts. Les Gaulois portent des habits très singuliers, comme des tuniques peintes de toutes sortes de couleurs et des hauts-de-chausses qu'ils appellent bracques. Par-dessus leur tunique, ils mettent une casaque d'une étoffe rayée ou divisée en petits carreaux, épaisse en hiver et légère en été, et ils l'attachent avec des agrafes. Leurs armes sont des boucliers aussi hauts qu'un homme et qui ont toutes leur forme particulière. Comme ils en font non seulement une défense, mais encore un ornement, on y voit des figures d'airain en bosse qui représentent quelques animaux et sont travaillées avec beaucoup d'art. Leurs casques, faits du même métal, sont surmontés par de grands panaches afin d'en imposer davantage à ceux qui les regardent. Les uns font mettre sur ces casques de vraies cornes d'animaux, et d'autres des têtes d'oiseaux ou de bêtes à quatre pieds. Ils se servent de trompettes qui rendent un son barbare et singulier, mais convenable à la guerre. La plupart d'entre eux ont des cuirasses composées de chaînes de fer, mais quelques‑uns, contents des seuls avantages qu'ils ont reçus de la nature, combattent tout à fait nus. Ils portent de longues épées qui leur pendent sur la cuisse droite par des chaînes de fer ou d'airain. Quelques‑uns ont cependant des baudriers d'or ou d'argent. Ils se servent aussi de certaines piques qu'ils appellent lances, dont le fer a une coudée ou plus de longueur et deux palmes de largeur. Leurs saunies ne sont guère moins grandes que nos épées, mais elles sont bien plus pointues. Entre ces saunies, les unes sont droites et les autres ont différents contours, de telle sorte que dans le même coup, non seulement elles coupent les chairs, mais aussi elles les hachent, et enfin, on ne les retire du corps qu'en augmentant considérablement la plaie.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:37

Moeurs et coutumes des Gaulois entr'eux en temps de paix.

EN GÉNÉRAL, les Gaulois sont terribles à voir. Ils ont la voix grosse et rude, ils parlent peu dans les compagnies et toujours fort obscurément, affectant de laisser à deviner une partie des choses qu'ils veulent dire. L'hyperbole est la figure qu'ils emploient le plus souvent, soit pour s'exalter eux‑mêmes, soit pour rabaisser leurs adversaires. Leur son de voix est menaçant et fier, et ils aiment dans leurs discours l'enflure et l'exagération qui va jusqu'au tragique. Ils sont cependant spirituels et capables de toute érudition. Leurs poètes, qu'ils appellent bardes, s'occupent à composer des poèmes propres à leur musique, et ce sont eux‑mêmes qui chantent, sur des instruments presque semblables à nos lyres, des louanges pour les uns et des invectives contre les autres. Ils ont aussi chez eux des philosophes et des théologiens appelés Saronides, pour lesquels ils sont remplis de vénération. Ils estiment fort ceux qui découvrent l'avenir, soit par le vol des oiseaux, soit par l'inspection des entrailles des victimes, et tout le peuple leur obéit aveuglément. La manière dont ils prédisent les grands événements est étrange et incroyable. Ils immolent un homme à qui ils donnent un grand coup d'épée au‑dessus du diaphragme. Ils observent ensuite la posture dans laquelle cet homme tombe, ses différentes convulsions et la manière dont le sang coule hors de son corps, en suivant sur toutes ces circonstances les règles que leurs ancêtres leur en ont laissées. C'est une coutume établie parmi eux, que personne ne sacrifie sans un philosophe, car persuadés que ces sortes d'hommes connaissent parfaitement la nature divine et qu'ils entrent pour ainsi dire en communication de ses secrets, ils pensent que c'est par leur ministère qu'ils doivent rendre leurs actions de grâces aux dieux, leur demander les biens qu'ils désirent. Ces philosophes, de même que les poètes, ont un grand crédit parmi les Gaulois, dans les affaires de la paix et dans celles de la guerre, et ils sont également estimés des nations alliées et des nations ennemies. Il arrive souvent que lorsque deux armées sont prêtes d'en venir aux mains, ces philosophes se jetant tout à coup au milieu des piques et des épées nues, les combattants apaisent aussitôt leur fureur comme par enchantement, et mettent les armes bas. C'est ainsi que même parmi les peuples les plus barbares, la sagesse l'emporte sur la colère, et les muses sur le dieu Mars.
Fergus
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:38

XXI. Distinction des Celtes et des Gaulois confondus par les Romains.

IL EST bon de rapporter ici quelques circonstances qui sont inconnues à un grand nombre de personnes. On appelle Celtes les peuples qui habitent au‑dessus de Marseille, entre les Pyrénées. Mais ceux qui demeurent au nord de la Celtique, le long de l'océan et de la forêt Hercynie jusqu'aux confins de la Scythie, sont appelés Gaulois. Cependant les Romains donnent indifféremment ce nom et aux vrais Gaulois et aux Celtes. Parmi les premiers, les femmes ne cèdent en rien à leurs maris du côté de la force et de la taille. Les enfants à leur naissance sont très blonds, mais ils deviennent aussi roux que leurs pères à mesure qu'ils avancent en âge. Ceux qui habitent au Septentrion et dans le voisinage de la Scythie sont extrêmement sauvages. On dit qu'ils mangent les hommes, comme font aussi les Anglais qui habitent l'Iris. D'ailleurs, ils se sont fait connaître par leur courage et par leur férocité, et l'on prétend que les Cimmériens qui ont ravagé toute l'Asie, et que depuis, on a appelé Cimbres par corruption, sont les mêmes que les Gaulois dont nous parlons. De toute ancienneté ces peuples se plaisent au brigandage, aiment à porter le fer et le feu dans les pays voisins et méprisent toutes les autres nations. Ce sont eux qui ont pris Rome, pillé le temple de Delphes et rendu tributaire une grande partie de l'Europe et de l'Asie. Ils occupaient ordinairement le pays des peuples qu'ils avaient vaincus, et leur mélange avec les habitants naturels de la Grèce, leur a fait même donner le nom de Gallo‑Grecs. Enfin, ils ont plusieurs fois défait les Romains en bataille rangée. Au reste, leur cruauté paraît encore davantage dans les sacrifices qu'ils offrent à leurs dieux. Car après qu'ils ont gardé leurs criminels pendant cinq ans, ils les empalent en l'honneur de leurs divinités et les brûlent ensuite sur de grands bûchers avec d'autres offrandes. Ils immolent aussi les prisonniers qu'ils ont faits à la guerre et avec eux, ils égorgent, ils brûlent ou ils font périr de quelque autre manière les bestiaux mêmes qu'ils ont pris sur leurs ennemis. Quoique leurs femmes soient parfaitement belles, ils ne vivent avec elles que rarement, mais ils sont extrêmement adonnés à l'amour criminel de l'autre sexe et couchés à terre sur des peaux de bêtes sauvages, souvent ils ne sont point honteux d'avoir deux jeunes garçons à leurs côtés. Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est que sans se soucier en aucune façon des lois de la pudeur, ils se prostituent avec une facilité incroyable. Bien loin de trouver rien de vicieux dans cet infâme commerce, ils se croient déshonorés si l'on refuse les faveurs qu'ils présentent.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:39

XXII. Des Celtibériens ou Espagnols mêlés aux Celtes.

PASSONS maintenant à l'histoire des Celtibériens, voisins des Celtes. L'on raconte que ces derniers et les Ibériens se firent longtemps la guerre au sujet de leur habitation, mais que ces peuples s'étant enfin accordés, ils habitèrent en commun le même pays et s'alliant les uns aux autres par des mariages, ils prirent le nom de Celtibériens, composé des deux autres. L'alliance de deux nations si belliqueuses et la bonté du terroir qu'ils cultivaient, contribuèrent beaucoup à rendre les Celtibériens fameux, et ce n'a été qu'après plusieurs combats et au bout d'un très long temps, qu'ils ont été vaincus par les Romains. On convient non seulement que leur cavalerie est excellente, mais encore que leur infanterie est des plus fortes et des plus aguerries. Les Celtibériens s'habillent tous d'un sayon noir et velu, dont la laine ressemble fort au poil de chèvre. Quelques‑uns portent de légers boucliers à la gauloise, et les autres des boucliers creux et arrondis comme les nôtres. Ils ont tous des espèces de bottes faites de poil et des casques de fer ornés de panaches de couleur de pourpre. Leurs épées sont tranchantes des deux côtés et d'une trempe admirable. Ils se servent encore dans la mêlée de poignards qui n'ont qu'un pied de long. La manière dont ils travaillent leurs armes est fort particulière. Ils cachent sous terre des lames de fer et ils les y laissent, jusqu'à ce que la rouille ayant rongé les plus faibles parties de ce métal, il n'en reste que les plus dures et les plus fermes. C'est de ce fer ainsi épuré qu'ils fabriquent leurs excellentes épées et tous leurs autres instruments de guerre. Ces armes sont si fortes qu'elles entament tout ce qu'elles rencontrent et qu'il n'est ni bouclier, ni casque, ni à plus forte raison aucun os du corps humain, qui puisse résister à leur tranchant. Dès que la cavalerie des Celtibériens a rompu les ennemis, elle met pied à terre et devenue infanterie, elle fait des prodiges de valeur. Ils observent une coutume étrange : quoiqu'ils soient très propres dans leurs festins, ils ne laissent pas d'être en ceci d'une malpropreté extrême, ils se lavent tout le corps d'urine, ils s'en frottent même les dents, estimant que cette eau ne contribue pas peu à la netteté du corps. Par rapport aux mœurs, ils sont très cruels à l'égard des malfaiteurs et de leurs ennemis, mais ils sont pleins d'humanité pour leurs hôtes. Ils accordent non seulement avec plaisir l'hospitalité aux étrangers qui voyagent dans leur pays, mais ils souhaitent qu'ils descendent chez eux et ils se battent à qui les aura et ils regardent ceux chez qui ils demeurent, comme des gens favorisés des dieux. Ils se nourrissent de différentes sortes de viandes succulentes, et leur boisson est du miel détrempé dans du vin, car leur pays leur fournit du miel en abondance, mais le vin leur est apporté d'ailleurs par des marchands étrangers. Les plus policés des peuples voisins sont les Vaccéens. Ces peuples partagent entre eux chaque année le pays qu'ils habitent. Chacun ayant cultivé le morceau de terre qui lui est échu, rapporte en commun les fruits qu'il a recueillis. Ils en font une distribution égale, et l'on punit de mort ceux qui en détournent la moindre chose.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:40

XXIII. Des Cimbres : les Portugais*.

LA PLUS courageuse nation des Cimbres est celle des Lusitaniens.
Ceux‑ci portent à la guerre de très petits boucliers faits de cordes de boyau assez serrées pour garantir parfaitement le corps. Ils s'en servent adroitement dans les batailles, pour parer de tous côtés les traits qu'on leur lance. Leurs saunies sont toutes de fer et faites en forme d'hameçon, mais leurs casques et leurs épées sont semblables à celles des Celtibériens. Ils lancent leurs traits avec une grande justesse, et, quoiqu'ils soient fort éloignés de leurs ennemis, les blessures qu'ils leur font sont toujours considérables. De plus, ils sont très légers à la course, soit qu'il s'agisse d'éviter ou d'atteindre leur adversaire, mais ces mêmes hommes font paraître dans les adversités moins de courage que les Celtibériens. En temps de paix, ils s'exercent à une espèce de danse fort légère et qui demande une grande souplesse dans les jarrets. Quand ils vont à la guerre, ils observent toujours la cadence dans leurs marches et ils chantent ordinairement des hymnes dans le moment de l'attaque. Les Ibériens, et surtout les Lusitaniens, ont une coutume assez singulière. Ceux d'entre eux qui sont à la fleur de leur âge, mais plus particulièrement ceux qui se voyant dénués des biens de la fortune, se trouvent de la force et du courage, ceux‑là, dis‑je, ne prenant avec eux que leurs armes seules s'assemblent sur des montagnes escarpées. Formant ensuite de nombreux corps de troupes, ils parcourent toute l'Ibérie et s'enrichissent par leurs vols et par leurs rapines. Ils se croient même à l'abri des dangers dans cette expédition, car étant armés à la légère, et d'ailleurs extrêmement agiles, il est très difficile de les surprendre, d'autant plus qu'ils se retirent fréquemment dans les creux de leurs rochers qui sont pour eux des lieux de sûreté, et où l'on ne saurait conduire des troupes réglées. C'est pourquoi les Romains, qui les ont souvent attaqués, ont bien réprimé leur audace, mais ils n'ont jamais pu faire entièrement cesser leurs brigandages. On trouve dans le pays des Ibériens beaucoup de mines d'argent, et ceux qui y travaillent, deviennent extrêmement riches.


* Là aussi, le mot "Portugais" est anachronique, n'apparaissant qu'au Moyen-Âge. Il s'agit des Lusitaniens.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:41

XXIV. Des Pyrénées

Nous avons fait mention dans le livre précédent des montagnes de l'Espagne, que l'on nomme les Pyrénées, lorsque nous avons rapporté les actions d'Hercule. Ces montagnes surpassent toutes les autres par leur hauteur et par leur continuité. Car séparant les Gaules de l'Espagne ou du pays des Celtibériens, elles s'étendent vers le nord l'espace de trois mille stades, depuis la mer du Midi jusqu'à l'océan. Autrefois, elles étaient couvertes d'une épaisse forêt, mais quelques pasteurs y ayant mis le feu, elle fut entièrement consumée. L'embrasement ayant duré plusieurs jours, la superficie de la terre parut brûlée, et c'est pour cette raison que l'on a donné à ces montagnes le nom de Pyrénées. Des ruisseaux d'un argent raffiné et dégagé de la matière qui le renfermait, coulèrent sur cette terre. Les naturels du pays en ignoraient alors l'usage, et les Phéniciens, qui en connaissaient le prix, leur donnèrent en échange d'autres marchandises de peu de valeur. Transportant ensuite cet argent dans l'Asie, dans la Grèce et en d'autres endroits, ils en retirèrent des profits immenses. Leur avidité pour ce métal fit, qu'en ayant amassé plus qu'ils n'en pouvaient charger sur leurs vaisseaux, ils s'avisèrent d'ôter tout le plomb qui entrait dans la fabrique de leurs ancres et d'employer à cet usage l'argent qu'ils avaient de trop. Les Phéniciens ayant continué ce commerce pendant un fort long temps, devinrent si riches qu'ils envoyèrent plusieurs colonies dans la Sicile et dans les îles voisines, dans l'Afrique, dans la Sardaigne et dans l'Ibérie même. Mais enfin, les Ibériens ayant reconnu les avantages de ce métal, creusèrent de profondes mines et en tirèrent de l'argent parfaitement beau et en assez grande quantité pour se faire des revenus très considérables. Nous rapporterons ici de quelle manière on conduit ce travail.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:42

XXV. Travail des mines d'Espagne.

IL Y A dans l'Ibérie plusieurs mines d'or, d'argent et de cuivre. Ceux qui travaillent à ces dernières, en retirent ordinairement la quatrième partie de cuivre pur. Les moins habiles de ceux qui entreprennent les mines d'argent, en rendent en l'espace de trois jours la valeur d'un talent euboïque. Car les morceaux de mines sont pleins d'un argent fort compact et très brillant, de sorte que la fécondité de la nature est là, aussi merveilleuse que l'adresse des hommes. Les naturels du pays s'enrichissaient beaucoup autrefois à ce travail, auquel l'abondance de la matière les attachait extrêmement. Mais depuis que les Romains ont subjugué l'Espagne, ses provinces ont été remplies d'un nombre infini d'Italiens qui en ont rapporté des richesses immenses. Car achetant des esclaves en grand nombre, ils les mettent sous la conduite des intendants des mines. Ceux‑ci leur faisant creuser en différents endroits des routes ou droites ou tortueuses, trouvent bientôt des veines d'or et d'argent. Ils donnent à leurs mines, non seulement la longueur de plusieurs stades, mais encore une profondeur extraordinaire et ils tirent ainsi leurs trésors des entrailles de la terre. Au reste, si l'on compare ces mines avec celles de l'Attique, quelle différence ne trouvera‑t-on pas entre les unes et les autres ! Dans ces dernières, outre un travail excessif, on est encore obligé à de grandes dépenses. Souvent même, au lieu d'en tirer le profit qu'on en espérait, on y perd le bien qu'on possédait, comme le chien de la fable. Au contraire, ceux qui travaillent aux mines de l'Espagne, ne sont jamais trompés dans leurs espérances, et pourvu qu'ils rencontrent bien en commençant, ils découvrent à chaque pas qu'ils font, une matière toujours plus abondante, et les veines semblent s'entrelacer les unes avec les autres. Les ouvriers trouvent assez souvent quelques‑uns de ces fleuves qui coulent sous terre. Pour en diminuer la violence, ils les détournent dans des fossés qui vont en serpentant, et l'avidité du gain les fait venir à bout de leur entreprise. Ce qu'il y a de plus surprenant, c'est qu'ils dessèchent entièrement ces fleuves par le moyen de la roue ou de la vis égyptienne qu'Archimède de Syracuse inventa dans son voyage en Égypte. Ils s'en servent pour faire monter continûment ces eaux jusqu'à l'entrée de la mine, et ayant mis à sec l'endroit où elles coulaient, ils y travaillent à leur aise. En effet, cette machine est si artistement inventée, que par son moyen, on transporterait aisément un fleuve entier d'un lieu profond sur une plaine élevée. Mais ce n'est pas seulement en ceci qu'on a lieu d'admirer Archimède. Nous lui devons encore plusieurs autres machines qui ont rendu son nom fameux par toute la terre. Nous en ferons un détail exact lorsque nous serons parvenus à l'histoire de sa vie. Les esclaves qui demeurent dans les mines rapportent, comme nous l'avons dit, des revenus considérables à leurs maîtres, mais la plupart d'entre eux meurent de misère, après avoir été excessivement tourmentés pendant leur vie. On ne leur donne aucun relâche, et les hommes qui les commandent, les contraignent par les coups à des travaux qui passent leur force, jusqu'à ce qu'ils y laissent leur malheureuse vie. Ceux d'entre eux dont le corps est plus robuste et l'âme plus patiente, ont à souffrir plus longtemps, en attendant une mort que l'excès des maux qu'ils endurent, leur doit faire préférer à la vie. Entre les différentes choses que l'on observe dans ces mines, celle‑ci ne me semble pas une des moins remarquables. On n'en voit aucune qui soit nouvellement ouverte, mais elles le furent toutes par l'avarice des Carthaginois, du temps que ces peuples étaient les maîtres de l'Espagne. Ce fut par le moyen de l'argent qu'ils tirèrent de ces mines, qu'ils eurent à leur solde des soldats courageux, dont ils se servirent dans les grandes expéditions qu'ils firent alors. Car les Carthaginois avaient pour maxime de ne se fier jamais ni à leurs propres soldats ni à ceux de leurs alliés. Combattant à force d'argent, ils ont prodigieusement inquiété les Romains, les Siciliens et les Africains. Au reste, il semble qu'on puisse dire que la passion des Carthaginois pour les richesses, leur a fait chercher tous les moyens d'en acquérir, et que celle des Romains a été de ne rien laisser à personne. On trouve aussi de l'étain en plusieurs endroits de l'Espagne, non pas sur la superficie de la terre, comme l'ont faussement écrit quelques historiens, mais dans des mines, d'où il faut le tirer, pour le faire fondre comme l'or et l'argent. La plus grande abondance de ce métal est dans des îles de l'Espagne situées au‑dessus de la Lusitanie, et qu'on nomme pour cette raison les îles Cassitérides. Il y en a aussi quantité dans l'île Britannique, située vis‑à‑vis des Gaules. Les marchands chargent l'étain sur des chevaux et le transportent au travers de la Celtique jusqu'à Marseille et à Narbonne. Cette dernière ville est une colonie des Romains. Sa situation et ses richesses la rendent la plus commerçante de toutes les villes de ces cantons.
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Messagede Fergus » Mer 17 Jan, 2007 12:42

XXVI. Des Liguriens.

LES LIGURIENS qui viennent ensuite, habitent un canton sauvage et stérile. Ils mènent une vie misérable, travaillant assidûment à des ouvrages rudes et fâcheux. Comme leur pays est couvert d'arbres, ils sont obligés de passer tout le jour à les couper. Pour cet effet, ils se servent de haches extrêmement fortes et pesantes. Ceux qui travaillent à la terre sont le plus souvent occupés à casser les pierres qu'ils y rencontrent, car ce terroir est si ingrat qu'il serait impossible d'y trouver une seule motte de terre qui fût sans pierre. Cependant, quelque rudes que soient leurs travaux, la longue habitude les leur fait paraître supportables. Ils achètent une très petite récolte par beaucoup de peines et de fatigues. L'assiduité au travail et le défaut de nourriture les rendent extrêmement maigres, mais en même temps très nerveux. Leurs femmes les aident dans leurs travaux, car elles ne sont pas moins laborieuses que leurs maris. Les Liguriens vont fréquemment à la chasse et ils réparent, par le nombre des bêtes qu'ils y tuent, la disette de fruits qui règne chez eux. Comme dans leurs chasses ils sont souvent obligés de passer sur des montagnes couvertes de neige et par des lieux très escarpés, leurs corps en deviennent plus forts et plus agiles. La Ligurie étant pour ainsi dire un pays inconnu à Cérès et à Bacchus, la plupart de ses habitants ne boivent que de l'eau et ne mangent que de la chair des animaux domestiques ou sauvages, et quelques herbes qui croissent dans leurs campagnes. Ils passent ordinairement la nuit couchés à plate terre, rarement dans des cabanes, mais plus souvent dans les fentes des rochers ou dans des cavernes creusées naturellement et capables de les garantir des injures de l'air. Au reste, ils conservent en ceci comme en toute autre chose leurs premières et plus anciennes façons de vivre. On peut dire en général que dans la Ligurie, les femmes y sont aussi fortes que les hommes, et que les hommes y ont la force des bêtes féroces. Aussi leur entend‑on souvent dire qu'à la guerre, le plus faible Ligurien ayant appelé à un combat singulier le Gaulois le plus grand et le plus fort, ce dernier a presque toujours été vaincu et tué. Les Liguriens sont armés plus à la légère que les Romains. Ils portent un bouclier à la gauloise et une épée d'une médiocre grandeur. Par-dessus leur tunique ils mettent un ceinturon et leurs habillements sont de peaux de bêtes fauves. Cependant, quelques‑uns d'eux ayant servi sous les Romains ont changé l'ancienne forme de leurs armes pour se conformer aux usages de leurs chefs. Ils font paraître leur courage non seulement dans la guerre, mais encore dans toutes les rencontres périlleuses de la vie. Ils courent des risques infinis, lorsqu'ils vont négocier dans les mers de Sardaigne et d'Afrique, s'exposant aux plus horribles tempêtes, dans des barques ordinaires, et qui n'ont point les agrès nécessaires à la navigation.
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