Pour compléter l’analyse de M. Detienne que j’ai cité plus haut, voici les trois tableaux manquants :
![Image](http://img140.imageshack.us/img140/9303/tableaux01wg8.jpg)
Plutôt que de faire une référence à un soma, ou tout autre produit hallucinogène (gui…), possibles mais non démontrés dans les textes anciens, à moins de partager l’opinion de M. Eliade
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Ch.J. Guyonvarc’h : Textes mythologiques irlandais I, La courtise d’Etain, 1980, pp.244-245 :
"demander Etain qu'il était venu. «Elle ne te sera pas donnée», dit Ailill, «car je ne tirerai aucun profit de toi, à cause de la noblesse de ta famille, de l'étendue de tes pouvoirs et des pouvoirs de ton père. Si tu causes quelque honte à la jeune fille on ne pourra rien obtenir de toi». «Il n'en sera pas ainsi», dit le Mac Oc, «mais je vais te l'acheter tout de suite». «Cela, tu l'auras», dit Ailill. «Fais ta demande», dit le Mac Oc. «Ce n'est pas difficile», dit Ailill, «tu défricheras pour moi dans les terres douze plaines qui sont en déserts et en forêts, pour qu'elles soient à tout jamais des pâturages à bestiaux, qu'elles aient des habitations humaines, qu'elles puissent servir de terrain de jeu et d'assemblée, de conseil et de forteresse».
§ 13. «Cela sera fait», dit le Mac Oc. Il retourna chez lui et il se plaignit de son ennui au Dagda. Il fit en sorte que douze plaines fussent défrichées en une nuit dans la terre d'Ailill. Voici quels sont les noms de ces plaines : Mag Macha, Mag Lemna, Mag nltha, Mag Tochair, Mag nDula, MagTecht, Mag Li, Mag Line, Mag Murthemne. Quand il eut accompli ce travail, le Mac Oc alla chez Ailill pour lui demander Etain. «Tu ne l'auras», dit Ailill, «que si tu transformes en douze rivières sortant de ce pays pour aller vers la mer, tout ce qu'il y a de sources, de tourbières et de marais, afin qu'elles fournissent des produits de la mer aux tribus et aux familles, et qu'elles drainent le pays et la terre».
§ 14. Il alla à nouveau trouver le Dagda et il se plaignit de son ennui. Il fit en sorte en une seule nuit que douze grandes eaux courussent vers la mer. On ne les avait jamais vues avant que cela ne se produisit. Voici quels sont les noms des eaux : Find et Modornn, Slena, Amnas, Oichen, Or, Banda, Samair et Loche. Quand il eut terminé ces travaux, le Mac Oc alla s'entretenir avec Ailill pour lui demander Etain. «Tu ne l'auras pas avant de l'avoir achetée, car je n'aurai plus rien de bon de la fille après que tu l'auras emmenée, en plus de ce que j'ai eu tout de suite». «Que demandes-tu de moi maintenant ?», dit le Mac Oc. «Je demande», dit Ailill, «l'équivalent du poids de la jeune fille pour moi, en or et en argent, car telle est ma part de son prix. Tout ce que tu as fait jusqu'à présent profitera à ses enfants et à sa famille». «Cela sera fait», dit le Mac Oc. On l'installa sur le sol de la maison d'Ailill et on apporta son poids d'or et d'argent. On laissa cette richesse à Ailill et le Mac Oc emmena Etain chez lui.
§ 15. Midir souhaita la bienvenue à cette compagnie. Etain coucha avec Midir cette nuit-là . Et on lui donna (à Midir) le lendemain matin le manteau qui lui convenait et un char. Il fut content de son fils adoptif. Il resta alors une année entière dans le Brug avec Aengus. Puis le même jour, un an après, Midir partit pour son pays, Brig Leith, et il emmena Etain. Le jour où il le quitta, le Mac Oc, dit à Midir : «Fais attention à la femme que tu emmènes à cause de la femme redoutable et experte qui t'attend, avec tout le savoir, la connaissance et le pouvoir qui appartiennent à sa race», dit Aengus. «Elle a en plus ma parole et ma protection devant les Túatha Dé Dánann». C'était Fuamnach, femme de Midir, des enfants de Beothach, fils de lardanel. Elle était sage, prudente et avisée dans la science et les pouvoirs des Túatha Dé Dánann, car c'était le druide Bresal qui l'avait élevée avant qu'elle ne fût mariée à Midir.
§ 16. Elle souhaita la bienvenue à son mari, c'est-à -dire à Midir, et la femme leur parla beaucoup de ...?... «Viens, ô Midir», dit Fuamnach, «que je te montre ta maison et les étendues de terre, et que la fille du roi voie tes richesses». Midir fit avec Fuamnach le tour complet de son domaine et elle le lui montra, à lui et à Etain. Puis il emmena à nouveau Êtain devant Fuamnach. Fuamnach alla devant eux dans la chambre à coucher dans laquelle elle dormait, et elle dit à Etain : «C'est dans la couche d'une femme noble que tu es venue». Quand Etain s'assit sur la chaise au milieu de la maison, Fuamnach la frappa avec une baguette de coudrier pourpre, et elle en fit une flaque d'eau au milieu de la maison. Fuamnach retourna chez son tuteur, Bresal, et Midir abandonna la maison à l'eau en laquelle avait été transformée Etain. Midir fut sans femme après cela.
§ 17. La chaleur du feu et de l'air, le bouillonnement du sol firent leur effet sur l'eau si bien que la flaque du milieu de la maison fut transformée en un ver. Et ce ver devint ensuite une mouche pourpre. Elle était de la taille de la tête d'un homme, et c'était la plus belle qui fût au monde. Le son de sa voix, le bourdonnement de ses ailes étaient plus doux que les cornemuses, que les harpes et les cornes. Ses yeux brillaient comme des pierres précieuses dans l'obscurité. Son odeur et son parfum faisaient passer la soif et la faim à quiconque autour de qui elle venait. Les gouttelettes qu'elle lançait de ses ailes guérissaient tout mal, toute maladie et toute peste chez celui autour de qui elle venait. Elle accompagnait et entourait Midir par toute sa terre, partout où il allait. Cela aurait nourri des armées dans les conseils et les assemblées de camps que de l'écouter et de la regarder. Midir savait que c'était Etain qui était sous cette forme. Il ne prit pas de femme tant que cette mouche s'occupa de lui et cela le nourrissait que de la regarder. Il s'endormait à son bourdonnement et elle le réveillait quand il venait vers lui quelqu'un qui ne l'aimait pas.
§ 18. Fuamnach vint à nouveau rendre visite à Midir après un certain temps. Les trois dieux de Dana allèrent avec elle en garantie, à savoir Lug, Dagda et Ogma. Midir fit de grands reproches à Fuamnach. Il lui dit qu'elle ne se serait pas en allée si ce n'avait été la force des trois garants qui l'avaient amenée. Fuamnach dit qu'elle n'avait pas de regret de l'action qu'elle avait faite; qu'elle préférait se faire du bien à elle-même plutôt qu'à quelqu'un d'autre et que, quel que soit l'endroit d'Irlande où elle serait, elle ne ferait que du mal à Etain, quelle que soit la forme sous laquelle elle serait. Elle dit de grandes incantations et les enseignements de Bresal le druide pour repousser et rejeter Etain loin de Midir, car elle savait que la mouche pourpre qui faisait le plaisir de Midir était Etain. Midir n'aima pas d'autre femme tant qu'il vit la mouche pourpre. Il n'avait de plaisir, ni à la musique, ni à la boisson, ni à la nourriture quand il ne la voyait pas et quand il n'entendait pas sa musique et son bourdonnement. Fuamnach fit souffler un vent d'agression et de druidisme, et Etain fut rejetée de Bri Leith si bien qu'elle ne pût trouver d'endroit, ni cime d'arbre, ni colline, ni hauteur où se poser pendant sept ans, excepté les rochers de la mer et les vagues de l'océan. Elle flotta dans l'air pendant sept ans devant la poitrine du Mac Oc sur la colline du Brug.
§ 19. Voici ce que dit le Mac Oc : «Bienvenue à Etain, dans sa promenade pleine de soucis. Tu as couru de grands dangers à cause de l'art de Fuamnach. Elle n'a pas encore trouvé de joie à mon côté devant Midir...
§ 20. Le Mac Oc souhaita la bienvenue à la jeune fille, c'est-à -dire à la mouche pourpre. Il l'envelop¬pa dans un pli de son manteau sur sa poitrine. Il la porta chez lui dans une pièce aux fenêtres brillantes pour entrer et sortir. On mit sur elle un manteau pourpre et, partout où il allait, le Mac Oc emportait cette pièce avec lui. Il dormait chaque nuit à côté d'elle, veillait à la réconforter jusqu'à ce que sa joie et ses couleurs lui revinssent. Et cette pièce était remplie d'herbes odorantes et merveilleuses. Elle dépassait l'odeur et le parfum de ces herbes excellentes et précieuses.
§ 21. Fuamnach entendit parler de l'amour et de l'honneur dans lesquels elle était chez le Mac Oc. Fuamnach dit à Midir : «Fais appeler ton fils adoptif pour que je fasse la paix entre vous deux, et j'irai à la recherche d'Etain». Un messager vint chez le Mac Oc de la part de Midir et il alla pour s'en¬tretenir avec lui. Fuamnach vint en faisant un détour jusqu'au Brug et elle envoya sur Etain le même souffle qui la chassa de la pièce et l'envoya dans le même voI qu'elle avait fait auparavant pendant sept ans à travers l'Irlande. Le souffle du vent la poussa dans sa misère et dans sa faiblesse jusqu'à ce qu'elle se posât sur le toit d'une maison dans laquelle les Ulates étaient à boire. Elle tomba dans la coupe d'or qui était dans la main de la femme d'Etair, le champion d'Inber Cichmaine, de la province de Conchobar. Elle l'avala avec le liquide qui était dans la coupe. Elle fut conçue ensuite dans son sein et elle fut sa fille. On lui donna le nom d'Etain, fille d'Etar. Il y eut mille douze ans depuis la première conception d'Etain par Ailill jusqu'à la dernière conception par Etar.
§ 22. Etain fut alors élevée à Inber Cichmaine par Etar, entourée de cinquante jeunes filles de princes. Il les nourrissait et les habillait seulement pour veiller constamment sur Etain. Il arriva qu'un jour toutes les jeunes filles se baignaient dans l'estuaire quand elles virent un cavalier sortir de l'eau et venir vers elles dans la plaine. Il était sur un cheval brun, faisant des sauts, fort, large, à la crinière et à la queue frisées. Il avait un manteau magique vert replié autour de lui, une chemise avec des broderies rouges, une broche d'or à son manteau qui venait jusqu'à son épaule de chaque côté. Il avait un bouclier d'argent avec une bordure d'or. Il avait une lance à cinq pointes avec des cercles d'or depuis le sommet jusqu'au fût, dans la main. Il avait une chevelure blonde et un bandeau sur le front pour que sa chevelure ne lui vint pas sur le visage. Il s'arrêta un moment à cet endroit, regar¬dant les jeunes filles, et toutes les jeunes filles l'aimèrent. Il fut alors le chant suivant :
C'est Etain qui est ici aujourd'hui, au Sid de Ban Find, à l'ouest d'Ailbe. Elle est parmi de petits garçons sur le rivage d'Inber Cichmaine.
C'est elle qui a guéri l'œil du roi
à la fontaine de Loch Da Lig.
C'est elle qui a été avalée dans une boisson
par la femme d'Etar dans une coupe."
Voir aussi Nantosvelta et sa curieuse petite construction au sommet d’un hampe, s’agit-il d’une ruche ?
A+