Bonsoir à tous,
Bertrand de Born emploie en deux occasions le nom Bresilianda qu'il met en rapport 1/ d'une part avec Geoffroy Plantagenêt, 2/ d'autre part avec le fils posthume de ce dernier, Arthur de Bretagne.
1/ Lo coms Jaufrés, cui es Bresilianda,
Volgra fos premiers natz,
Quar es cortés, e fos en sa comanda
Regismes e duchatz.
2/ Breto son fors de garanda
E son donor bas,
Quar us coms de saint Tomas
Entret en Bresilianda.
Ben paron de bon cor blos
E tornat de sus en jos,
Quar lor Artus demandon frevolmen;
No'n dirai plus, quar negus no m'enten.
Bresilianda est généralement donnée comme une leçon occitane pour le nom de Brocéliande (Brecheliant chez Wace, Brecelian[ensis] chez Guillaume le Breton) et cela va sans dire.
Sans remettre en cause cette identification, l'interprétation donnée par A. Stimming, éditeur des oeuvres de Bertrand de Born en 1879, allait plutôt dans le sens du symbole : Bresilianda aurait représenté la Bretagne toute entière, ce qui paraît d'ailleurs évident à la lecture de ces deux textes.
Or Bertrand de Born connaissait également le mot Bretanha, qu'il emploie en deux autres occasions au moins, en rapport avec Geoffroy :
Senher Rassa, aquest comtat
Vos crescha·l reis ab Bretanha.
Lo reis joves s'a pretz donat
De Burcs trosqu'en Alamanha.
Rassa, als rics es orgolhosa
E fai gran sen a lei de tosa,
Que no vol Peiteus ni Tolosa
Ni Bretanha ni Saragoza.
Mais il est intéressant de souligner que Bertrand de Born n'emploie pas en même temps (= dans le même poème) Bresilianda et Bretanha.
Une idée m'a effleuré l'esprit sur laquelle j'aimerais avoir l'avis de linguistes : au delà d'une représentation symbolique, Bresilianda pourrait-il avoir un rapport avec Breith ?
Merci de vos commentaires avisés
Bien cordialement,
André-Yves Bourgès