Je voudrais d'abord revenir sur le titre donné à l'émission : « druides et régents ». André-Yves se demande si le mot régent ne traduit pas un terme allemand ; en fait le titre allemand est « Tod am Keltenhof » qu'on pourrait traduire « meurtre à la cour d'un Celte » (le titre se veut d'emblée accrocheur). Le choix du mot « régent » est maladroit ; le tlfi donne pour régent
- Celui, celle qui exerce le pouvoir, qui gouverne un état durant la minorité du souverain ou dans certaines circonstances exceptionnelles où il en est empêché
- Celui qui dirige, administre (un établissement, un service).
Le premier sens ne convient pas, le second est complètement anachronique.
Je voudrais revenir sur certains passages du film, pour faire ressortir les raccourcis diachroniques, les amalgames hardis, les hypothèses hasardeuses, les commentaires creux et les conclusions embrumées.
L'auteur du commentaire a écrit:La colline artificielle surmontant les tombes ne servait pas seulement de sépulture au prince-druide ; il s'agissait aussi d'un calendrier naturel : les différents piliers qui l'entouraient marquaient le cycle des saisons... orientés très précisément sur la ligne d'horizon, les piliers montraient de façon précise la course du soleil
On aurait aimé avoir aussi une explication précise et plus concrète sur le fonctionnement d'un tel calendrier.
j'avoue ne pas très bien comprendre.Orientés très précisément sur la ligne d'horizon... la chaussée qui mène au tombeau... était orientée en fonction de l'horizon
Sur fond de scènes de sacrifice à grand spectacle, on nous transporte à une vitesse vertigineuse à travers les siècles, du chaudron de Gundestrup au sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre et aux écrits de César (qui ne sont pas des témoignages directs, mais ça, on ne nous le dit pas) ; tout ceci pour aboutir à la conclusion que
dans l'état actuel des recherches, rien ne permet d'affirmer ou d'exclure que les vingt-quatre Celtes retrouvés dans la fosse du Glauberg ont été victimes d'un sacrifice rituel.
Et on continue sur le mode Agatha Christie (meurtre à la cour d'un prince celte)
mais dans le cas où ces hommes, ces femmes et ces enfants auraient mis à mort par un druide, le prince du Glauberg serait le premier suspect
Mais si vous pensiez comprendre quelque chose dans cette accumulation d'hypothèses et de clichés sensationnels
Tout ça pour ça !Les Celtes n'ayant pas laissé de témoignages écrits, la cause des événements qui se sont produits il y a 2500 ans reste inexpliquée
On avait pourtant cherché à nous faire comprendre les sacrifices humains perpétrés par le supposé prince-druide en faisant un détour par les sources de la Seine
Mais les Celtes offraient aussi à Sequana des têtes sculptées en bois, d'où l'hypothèse que les têtes représentées sur le torque du Glauberg pourraient représenter les sacrifices humains faits par le prince
Il fallait l'oser.
Au passage, on nous dit que
et on nous parle de « Sequana, la déesse de l'eau » pendant que la caméra nous montre la statue du XIXème siècle dans la grotte de la même époque.des siècles durant, la statue d'une déesse celte a veillé dans une petite grotte sue la source de la Seine
Que perçoit le spectateur lambda d'une telle superposition ?
On peut aussi reprocher le parti-pris de rendre les images brumeuses et ténébreuses, y compris dans les laboratoires des anthropologues, les batailles toujours nocturnes, les mouvements très rapides de caméras tombant sur des images de crânes avec le crescendo subito sur une note grave en fond sonore, comme dans les films d'épouvante, le tout montrant bien l'esprit spectaculaire et racoleur du film, auquel il manque beaucoup d'explications et de rigueur scientifique.