Volques Tectosages - Peuple celte de Germanie, ils furent mentionnés par Ératosthène aux abords de la forêt Hercynienne (cité par César, Guerre des Gaules, VI, 24). Ératosthène a rédigé son ouvrage au cours du IIIe s. av. J.-C., cependant selon les propres mots de César, leur présence en Germanie était toujours d'actualité au milieu du Ier s. av. J.-C. César ne les situe pas avec précision, cependant on leur attribue communément le maintien tardif de la culture de La Tène en Moravie. Ceci faisait certainement d'eux les voisins des Boïens de Bohème. Leur nom est gaulois. Le premier composé, volcos, signifie "faucon". Le second composé s'explique par les termes tecto-, qui signifie "bien / possession", associé à -sagi, "chercher / rechercher". Tectosages signifie donc littéralement "(ceux qui sont) en quête de possessions".
Kruta (1977 ; 2006) corrèle l'arrivée des Volques Tectosages dans la région, avec la supplantation des tombes à incinération sous tumulus ou fosses plates de tradition hallstatienne (type de Cítobily), par les tombes plates à inhumation (type de Turnov), au cours de la période de La Tène B1 à C1. Antérieurement, ce faciès était répandu dans les régions du Rhin-central et du haut-Rhin (Kruta, 1969 ; Drda & Rybová, 1995 ; Sankot, 2006 ; 2007). Cette thèse est séduisante cependant, comme le précise Lejars (2015), ces possibles synchronismes sont délicats, tant la datation du mobilier (notamment méridional) est sujet à débats.
Au milieu du Ier s. av. J.-C., César les a mentionné comme étant en voie de germanisation. Ces derniers avaient adopté "le genre de vie et l'habillement" des Germains. La mention faîte par César est la dernière allusion évoquant les Volques Tectosages. Que sont-ils devenus ? Ni Tacite, ni Ptolémée ne les mentionnent, ils indiquent par contre la présence en Moravie des Quades, lesquels avaient pour voisins les Marcomans, vainqueurs des Boiens (entre 9 av. et 6 ap. J.-C.). Alliés de longue date aux Marcomans, les Quades se sont certainement installés dans la région en même temps que ces derniers (fin du Ier s. av. J.-C.). Ils sont certainement à l'origine de la disparition (assimilation ?) de ce peuple celte.
César, Guerre des Gaules, VI, 24 :"II fut un temps où les Gaulois surpassaient les Germains en valeur, portaient la guerre chez eux, envoyaient des colonies au-delà du Rhin, vu leur nombreuse population et l'insuffisance de leur territoire. C'est ainsi que les terres les plus fertiles de la Germanie, près de la forêt Hercynienne, (qui me paraît avoir été, par la renommée, connue d'Eratosthène et de quelques autres Grecs, sous le nom d'Orcynie), furent envahies par les Volques Tectosages, qui s'y fixèrent. Cette nation s'est jusqu'à ce jour maintenue dans cet établissement et jouit d'une grande réputation de justice et de courage ; et encore aujourd'hui, ils vivent dans la même pauvreté, le même dénuement, la même habitude de privation que les Germains, dont ils ont aussi adopté le genre de vie et l'habillement."
Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 4 :"Les Gaulois, après leur funeste expédition contre Delphes, où ils avaient éprouvé le pouvoir des dieux plutôt que la force des ennemis, privés de Brennus leur chef, et se voyant sans patrie, s'étaient réfugiés, les uns dans la Thrace, les autres en Asie. Un de leurs corps s'établit au confluent du Danube et de la Save, et prit le nom de Scordisque. Les Tectosages, de retour à Toulouse, leur antique patrie, et en proie à la peste, ne furent délivrés de ce fléau, que lorsque, d'après l'avis d'un oracle, ils eurent jeté dans le lac de cette ville l'or et l'argent fruit de la guerre et du sacrilège."
Strabon, Géographie, IV, 1, 13 :"Au moins est-ce ce qui ressort de la présence en ce pays d'une nation portant le nom de Tectosages. Effectivement, des trois nations qui se le partagent, il y en a une, celle qui occupe Ancyre et les environs de cette ville, qui s'appelle ainsi. Quant aux deux autres peuples connus sous les noms de Trocmes et de Tolistobogiens, sans doute ils sont venus aussi de la Gaule, leur confraternité avec les Tectosages donne lieu de le croire, mais de quelle partie de la Gaule sont-ils sortis ?"
Sources
• Drda P. & Rybová A., (1995) - Les Celtes de Bohème, Editions Errance, Paris, 191p.
• Kruta V., (1969) - " Les Celtes sur le territoire tchécoslovaque ", Rapport sur les conférences 1968-1969, École pratique des hautes études. 4e section, Sciences historiques et philologiques, Paris, pp.221-227
• Lejars T., (2015) - "De l'Âge du fer ancien à l'Âge du fer récent", in. Buchsenschutz O., (Ed.) L'Europe celtique à l'âge du Fer (VIIIe - Ier siècle), Presses Universitaires de France, Paris, pp.120-123
• Sankot P., (2006) - "Le passage du Hallstatt final à La Tène ancienne en Bohème", in. Vitali D., (Ed.) Les Celtes et Gaulois, l'archéologie face à l'histoire, Actes de la table ronde de Bologne (Bologne-Monterenzio, 28-29 mai 2005), Centre archéologique européen de Bibracte, Paris, pp.143-156
• Sankot P., (2007) - "Le rite funéraire de nécropoles laténiennes en Bohème", in. Luca S. A., (Ed.) Funerary Practices in Europe, before and after the Roman Conquest (3rd century BC-3rd century AD), Proceedings of the 8th International Colloquium of Funerary Archaeology, Acta Terrae Septemcastrensis, Alba Iulia, vol. VI, n°1, pp.111-120
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique