Photo : image de synthèse du grand temple d'Acy-Romance, par Jean-Réné Chatillon du site Archéomaquettes
C'est en 1979 que fut découvert à Acy-Romance sur le lieu-dit "La Warde", les vestiges archéologiques du tout un village gaulois de la deuxième moitié du IIème siècle avant J.-C. au début du siècle suivant (Tène C2-D). Par chance, le site se trouvait intégralement sur des terres agricoles, sans aucune occupation ultérieure, et a donc fait l'objet de fouilles intensives d'une remarquable clarté.
Les fouilles commencées en 1986 ont duré quinze ans. Elles ont mis en évidence la structure complète d'un village de près de vingt hectares : lieu de culte, quartier artisanal, quartier des éleveurs, quartier des agriculteurs, quartier des ouvriers agricoles, quartier des esclaves. Deux surprenantes nécropoles, où les inhumés sont enterrés assis pour l'une, et en boule pour l'autre.
Le tumulus
Au centre du village se trouve un tertre funéraire de l'âge du bronze entouré d'une enceinte d'une vingtaine de mètres de diamètre. L'ensemble du village semble s'articuler tout autour, ce qui fait dire à B. Lambot que le tumulus a été construit volontairement autour de "la tombe sacrée de l'ancêtre" (B. Lambot, Un si joli petit village, in Historia thématique 77, 2002).
La grand place
Etabli sur la partie la plus haute du village, une place de 3500 m² entourée d'une palissade, vers laquelle convergent les chemins du village. Utilisée certainement pour des activités commerciales (Marché, foire), elle servait aussi aux rassemblements et aux banquets, comme l'atteste la découverte de nombreux ossements de boeufs et de chevaux dans le fossé de la palissade.
L'allée des temples
Sur la face Nord-Ouest de la grand-place sont alignés un ensemble de bâtiments de grand taille, interprétés comme étant des temples. Le plus grand, qui est aussi celui qui est le plus au nord, faisait plus de 100 m². Vers le centre de ce temple la présence de quatre fosses ayant servi pour caler de gros poteaux, semble indiquer une architecture complexe avec une partie centrale (une tour?) dont l'élévation devait voisiner les 15 mètres. Au centre de ce même bâtiment fut retrouvé un puit de 7m60 de profondeur qui en l'absence de toute nappe phréatique, ne pouvait avoir qu'un rôle cultuel.
Les quartiers
Le quartier des artisans. Tout comme dans le quartier des éleveurs, une maison sort du lot, et semble indiquer que les artisans à l'instar des éleveurs avaient un chef. Selon B. Lambot, ce quartier aurait été placé volontairement au Sud-Est, mettant compte tenu des vents dominants, le village à l'abri de la propagation des incendies (B. Lambot, Un si joli petit village, in Historia thématique 77, 2002.)
Le quartier des éleveurs situé au Nord-Est est le plus proche de l'Aisne, et des patures. Facilitant ainsi, l'alimentation et l'abreuvage du bétail. Une maison plus grande que les autres, indique que les éleveurs avaient un chef. C'est dans ce quartier que fut découvert le corps de trois personnes enterrées en position assise.
Le quartier des agriculteurs se caractérise par des habitations plus petites que dans le quartier précédent et un mobilier moins riche. Aucune maison ne se démarque du lot, la présence d'un chef dans ce quartier n'est pas avérée.
Le quartier des ouvriers agricoles situé presque au centre du village est composé de maisons alignées sur des ruelles. Il fournit durant la belle saison la main-d'oeuvre aux activités agricoles. Les fouilles ont aussi démontré que durant l'hiver, les habitants de ce quartier fabriquaient des objets manufacturés en os, en corne ou en bois.
Le quartier des esclaves est archéologiquement le plus pauvre de tous. Y vivaient très probablement les gens de basse condition : gens de service, dépendants, "esclaves" (l'esclavage chez les Gaulois n'a rien à voir avec celui plus connu des Romains, et ressemblait plus au servage du moyen-âge)
J.-L. Brunaux, (2004) - guerre et religion en Gaule, Errance, Paris, 180p.: "Néanmoins, il est inapproprié de parler à leur sujet, comme celà l'a été, de "sacrifices humains". La mise à mort judiciaire est tout le contraire d'un sacrifice où la victime possède un statut positif, celui de nourrir la divinité en finissant par se fondre avec elle. Ici, les humains reconnus coupables sont abandonnés à tout jamais des hommes et des dieux et leurs dépouilles ne trouvent jamais l'asile définitif que leur donnerait une sépulture."
Les inhumés assis(Photo : B. Lambot). Au milieu du quartier des éleveurs fut découverts des fosses carrées dans lesquelles étaient enterrées trois personnes, elles aussi momifiées, en position assise la tête tournée vers le soleil levant. A l'inverse des dix-neuf corps en boule, cette méthode d'inhumation dénote un acte religieux.
Remarques:
Le site mis à jour à l'aide de grands décapages de surface, a été rebouché et rendu aux exploitants agricoles. Une visite des lieux ne vous apportera malheureusement pas grand chose.