Vercingetorix attaque les Boïens (début 52 av. J.-C.)
L'attaque surprise des Romains contre les Arvernes contraignit Vercingetorix à se porter au secours de ses compatriotes. Le chef gaulois ne réalisa que trop tardivement que cette offensive n'était qu'un leurre visant à l'éloigner du territoire des Bituriges et à permettre à César de regagner ses légions sans encombre, chez les Lingons. Dés qu'il réalisa qu'il était tombé dans un piège, il revint sur ses pas et conduisit son armée chez les Bituriges, les sachant certainement menacés par les Romains et leurs alliés. Il lança à son tour une offensive contre les Boïens, peuplade vaincue par les Romains en 58 av. J.-C., puis installée sur une portion du territoire des Éduens. Immédiatement, il fit assiéger Gortona (Sancerre), leur principale ville (Guerre des Gaules, VII, 9).
Aux yeux de César, cette attaque était inquiétante, puisque la chute d'une ville tributaire des Éduens aurait pu entraîner une plus large défiance vis-à-vis de la capacité de Rome à réprimer ce soulèvement et à défendre ses alliés. L'autre risque était que sous l'effet de la pression exercée par Vercingetorix, les Boïens prissent part à l'insurrection. César se trouvait donc dans une position délicate : sans réaction rapide, Gortona tomberait assurément ; par contre une intervention, en hiver, impliquait nécessairement des problèmes logistiques pour assurer les approvisionnements des troupes. César décida donc d'intervenir. Pour réduire les difficultés d'approvisionnement, il ne laissa pas son armée concentrée en un seul point, gagna le territoire des Sénons, où il laissa les bagages de toute l'armée et deux légions à Agedincum (Sens), puis fit route pour secourir les Boïens (Guerre des Gaules, VII, 10). César ne le précise pas mais le fait de laisser deux légions (1) chez les Sénons visait aussi à tenir en respect ce puissant peuple, allié de Vercingetorix.
(1) Théoriquement, à la fin de l'époque républicaine, une légion comportait 6000 hommes. Les deux légions cantonnées chez les Sénons équivalaient donc à 12000 hommes.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, VII, 9 :"Arrivé chez les Lingons, il (César) dépêche des courriers aux autres légions, et les réunit toutes avant que les Arvernes puissent être instruits de sa marche. À cette nouvelle, Vercingétorix ramène son armée chez les Bituriges, et de là va mettre le siège devant Gorgobina, ville des Boïens, que César, après les avoir vaincus dans la même bataille que les Helvètes, avait établie sous la dépendance des Héduens."
César, Guerre des Gaules, VII, 10 :"Cette entreprise mettait César dans un grand embarras. Quel parti prendrait-il ? Si, pendant le reste de l'hiver, il tenait les légions réunies sur un seul point, il craignait que la prise d'une ville tributaire des Héduens ne le fit abandonner de toute la Gaule, parce que l'on verrait que ses amis ne pouvaient compter sur sa protection ; s'il entrait en campagne plus tôt que de coutume, la difficulté des transports pouvait le faire souffrir du côté des vivres. Cependant il crut plus à propos de s'exposer à tous ces inconvénients que d'essuyer un affront propre à aliéner les esprits de tous ses alliés. Ayant donc engagé les Héduens à lui envoyer des vivres, il fait prévenir les Boïens de sa marche, et les exhorte à rester fidèles et à soutenir vigoureusement l'attaque des ennemis. Laissant à Agédincum deux légions avec les bagages de toute l'armée, il se dirige vers les Boïens."
César, Guerre des Gaules, VII, 12 :"Vercingétorix, à la nouvelle de l'approche de César, lève le siège et part au-devant de lui. Celui-ci avait résolu d'assiéger Noviodunum, ville des Bituriges, placée sur sa route."