Contrairement aux boucliers des Romains et des Grecs, qui ont un usage purement défensif, le bouclier des Gaulois est à la fois une arme défensive protégeant le guerrier lors de l'assaut, mais aussi une arme offensive servant à enfoncer les lignes adverses, et éventuellement à porter des coups à l'ennemi. Les Celtes l'utilisaient parfois lors de batailles en frappant l'épée dessus : le bruit provoqué mêlé à leurs chants et cris de guerre était un moyen d'impressionner l'ennemi.
Composé de deux planches de bois, les ais. Il est renforcé par une épine verticale en bois, la spina. Au centre, à l'intérieur, un évidement est aménagé pour placer la main du porteur, qui le tenait grâce à une poignée horizontale, le manipule. Cet évidement était protégé, coté extérieur, par une protection métallique, l'umbo. Le bouclier pouvait être recouvert d'une peau de cuir, ou d'un feutre de laine. Et était probablement décoré avec des motifs symboliques.
Peu attesté avant le IIIème siècle, son usage se généralisera à partir de cette date. S'il conserve sa forme oblongue initiale, et sa taille, le bouclier fera l'objet de nombreuses améliorations techniques. L'umbo qui couvrait la partie centrale de la spina, s'élargira progressivement à l'horizontale afin de couvrir les fixations de la manipule. L'umbo de forme circulaire, entraînera la disparition de la spina, qui sera compensée par un renfort métallique sur le pourtour du bouclier, l'orle.
Jean-Louis Brunaux dans Guerre et religions en Gaule, réfute l'aspect offensif du bouclier, qui selon lui aurait dans ce cas était plus dangereux pour son porteur, qu'à l'adversaire. Mais nous connaissons certaines troupes de reconstitution historique, qui ayant travaillé le sujet, sont capable de vous démontrer le contraire.
En 57 avant J.-C. Jules César mentionne l'utilisation d'un type particulier de bouclier, fait d'écorce ou d'osier par les Atuatuques.
Les Celtibères, quant à eux, utilisaient peu ce grand bouclier. Lui préférant la caetra, un petit bouclier rond en cuir avec un umbo circulaire en métal.
Le nom gaulois n'est pas attesté. Possible que ce soit une forme apparentée au latin Scutum, et à l'irlandais scíath, toutefois Xavier Delamarre, et Jacques Lacroix évoque un forme *talo-/*talu-, évoquant le front, mais aussi le bouclier, et ayant aussi donné le nom de la taloche.
Polybe, Histoire générale, II, 1: "Ils [les Gaulois] ne savaient que faire pour parer les coups: leur bouclier n'était pas assez large pour les couvrir; ils étaient nus, et plus leurs corps étaient grands, plus il tombait de traits sur eux. Se venger sur les archers mêmes des blessures qu'ils recevaient, cela était impossible, ils en étaient trop éloignés; et d'ailleurs, comment avancer au travers d'un si grand nombre de traits ? [...] Si leurs armes eussent été les mêmes que celles des Romains, ils remportaient la victoire. Ils avaient à la vérité comme eux des boucliers pour parer, mais leurs épées ne leur rendaient pas les mêmes services : celles des Romains taillaient et perçaient, au lieu que les leurs ne frappaient que de taille."
J.-L. Brunaux, (2004) - guerre et religion en Gaule, Errance, Paris, 180p., p. 55: "L'usage particulier du bouclier comme une sorte de rempart portatif est la raison principale de sa curieuse manipulation, à l'aide d'une poignée en position centrale qui rendait non seulement pénible son transport (le, bras étant toujours en position repliée) mais aussi son maintien lors des corps à corps. Il n'est, en effet, pas imaginable que ce bouclier fixé sur la rotule centrale que serait le poignet ait pu servir d'arme quasi offensive, comme certains ont pu l'envisager. La rotation en tous sens autour du pivot que formait le bras tenant le manipule était source de blessures multiples pour le guerrier qui tenait le bouclier: le bord supérieur du plat entraîné par un coup de pique ou d'épée pouvait heurter son visage, le bord inférieur, entraîné de la même manière, pouvait heurter le genou ou la cuisse ; dans tous les cas c'est le poignet qui risquait de se briser."