Brogitaros - Notable galate, tétraque des Tolistobogiens au milieu du Ier s. av. J.-C., il ne nous est connu que par des mentions faites dans deux textes de Cicéron datés de 56 av. J.-C. (Oraison pour P. Sextius, XXVI ; Discours sur la réponse des Haruspices, XIII) et une tétradrachme sur laquelle il est qualifié de ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΒΡΟΓΙΤΑΡΟΥ ΦΙΛΟΡΩΜΑΙΟΥ, "le roi Brogitaros, ami de Rome". Son nom est un composé gaulois. Le terme brogi- "pays / territoire" y est associé à -taro, qui exprime l'idée de "traverser", ou à -taruo, le "taureau". Dans le premier cas, le composé *brogi-taro- signifierait "(celui qui) traverse le territoire", et dans le second, *brogi-taruo-, "le taureau du pays".
Alors qu'il occupait cette charge, le tribun du peuple Publius Clodius Pulcher lui permit d'acquérir le temple de Cybèle de Pessinonte. Cet acte fut fermement dénoncé par Cicéron qui ne pouvait cacher son aversion pour Brogitaros (Oraison pour P. Sextius, XXVI ; Discours sur la réponse des Haruspices, XIII). Il fut finalement chassé pas son beau-père, Deiotaros Philoromaios, qui prit le prétexte de cette acquisition pour s'emprarer de sa tétrarchie.
Cicéron, Oraison pour P. Sextius, XXVI :"Nous avons vu les orages de cette année s'étendre jusque sur les nations étrangères. A Pessinonte, le prêtre de Cybèle fut chassé et dépouillé du sacerdoce par une loi tribunitienne. Par cette loi, le temple consacré au culte le plus saint et le plus antique fut vendu pour une somme énorme à Brogitarus, homme impur, et d'autant plus indigne de ce ministère qu'il l'avait sollicité, non pour honorer les autels, mais pour les profaner."
Cicéron, Discours sur la réponse des Haruspices, XIII :"Ce temple que Déjotarus, de tous les princes de l'univers le plus fidèle à cet empire, le plus attaché au nom romain, entretenait avec un soin religieux, vous l'avez livré pour de l'argent à Brogitare ; et ce même Déjotarus, plusieurs fois jugé digne du nom de roi par le sénat, honoré par les témoignages des plus illustres généraux, vous ordonnez qu'il soit reconnu roi conjointement avec Brogitare. Mais qu'a-t-il besoin de votre suffrage ? Il est roi par le sénat ; et Brogitare n'a qu'un titre que vous lui avez vendu. Je ne croirai à sa royauté que lorsqu'il aura pu vous payer ce que vous lui avez avancé sur ses billets. Ce que j'admire en Déjotarus ; ce qui me paraît vraiment digne d'un roi, c'est qu'il ne vous a jamais donné d'argent ; c'est que de votre loi qui lui décernait la royauté, il n'a respecté que ce qui s'accordait avec le jugement du sénat ; c'est que Pessinonte ayant été indignement dévastée par vous, et dépouillée de son prêtre et de ses autels, il s'est remis en possession de cette ville pour y rétablir le culte ancien ; c'est enfin qu'il ne permet pas que des cérémonies, qui sont de tous les temps, soient souillées par Brogitare, et qu'il aime mieux que son gendre soit privé de votre bienfait, que ce temple d'une religion aussi antique. Mais revenons aux aruspices, dont la première réponse concerne les jeux. Qui ne reconnaît pas que la prédiction et la réponse s'appliquent tout entières aux jeux de Clodius ? Il est question ensuite des lieux saints et religieux."