Polystichum filix mas Roth. (André, p. 194) (Fougères)
Nom gaulois:
Ratis
Seul Marcellus nous en cite un nom gaulois: "Herba pteridis, que les Gaulois appellent ratis, pousse sous les hêtres; on en donne les racines à jeun, dans une potion à quelqu'un qui souffre des hanches" (Marcellus de Bordeaux, De Medicamentis Liber, XXV, 37).
Dioscoride distingue plusieurs espèces de fougères:
- la fougère mâle: Il lui confère une action anti-parasitaire intestinale. De plus, "sa racine prise en breuvage ou enduite avec de la graisse guérit les plaies faites avec des flèches de roseaux". L'auteur précise que ceci est dû à l'observation suivante: "si on plante des fougères autour de roseaux, les roseaux trépassent...", Dioscoride cite également des propriétés cicatrisantes et laxatives. (Dioscoride, Sur la matière médicale, V, 178).
- la fougère femelle: "Si une femme en use, elle ne concevra point, et si étant enceinte, elle marche dessus, elle avortera" (Dioscoride, Sur la matière médicale, V, 179). Nous retrouvons la même chose chez Théophraste (Théophraste, Histoire des plantes, 9, 20; chez Galien, simp. med. Livre 8).
- le polypode: "Pilée et enduite, elle est bonne pour les luxations, ainsi que pour les crevasses qui viennent entre les doigts". (Dioscoride, Sur la matière médicale, V, 180).
- la fougère des chênes: "La fougère, nommée dryoptéris, croît parmi la mousse des vieux chênes [...] La dryoptéris pilée et appliquée avec les racines, fait tomber le poil". (Dioscoride, Sur la matière médicale, V, 181). (idem chez Galien, Simp. med, Livre 6).
J.André assimile la ptéridis de Marcellus à la fougère mâle (J. André, Noms de plantes gaulois ou prétendus gaulois dans les textes grecs et latins in Etudes Celtiques 22, 1985). N'y a-t-il pas eu chez Marcellus une confusion, entre les effets du polypode (pour les luxations) et la fougère des chênes pour les caractéristiques socio-botaniques.
Pline considère la fougère, prise per os, comme très dangereuse, et à utiliser seulement, avec grande précaution, en cas de parasitose intestinale (Pline, Histoire Naturelle, XXVII, 79). De plus, il est affirmatif sur ce point, "il ne faut pas la donner aux femmes car elle cause l'avortement chez les femmes enceintes et la stérilité chez les autres" (Pline, Histoire Naturelle, XXVII, 80). Il la conseillait aussi en topique pour "les ulcères de mauvaise apparence" (Pline, Histoire Naturelle, XXVII, 80).
L'origine du mot ratis est bien attestée comme gauloise, puisqu'on retrouve la racine du mot avec le même sens dans l'irlandais "raith", le vieux gallois "redin", le breton "raden".
Sources
• J. André, Noms de plantes gaulois ou prétendus gaulois dans les textes grecs et latins in Etudes Celtiques 22, 1985.
• Pierre Louarn pour l'Arbre Celtique