Les gloses de Marcellus de Bordeaux (Des médicaments)
Le célèbre De medicamentis de Marcellus de Bordeaux mentionne treize mots qu'il qualifie de gaulois, et un quatorzième d'une manière dont on peut qu'il fut également considéré comme tel. En outre, ce même ouvrage contient également quelques formules magiques considérées comme gauloises.
MARCELLI DE MEDICAMENTIS LIBER
LE LIVRE DES MÉDICAMENTS DE MARCELLUS
[III, 9] Trifolium herbam, quae Gallice dicitur uisumarus, aqua frigida macerato et eam aquam diebus decem bibito, sed ut herbam cotidie mutes.
[III, 9] L'herbe trifolium (le Trèfle), qui se dit visumarus en gaulois, faire macérer dans de l'eau froide, et faire boire cette eau pendant dix jours ; à condition de changer l'herbe tous les jours.
[VII, 13] Herba, quae Graece acte, Latine ebulum, Gallice odocos dicitur, exprimitur etiam cum suis granis, eiusque suco cotidie inlito pectine crines, qui inficiendi sunt, perducuntur.
[VII, 13] L'herbe, qui se dit acte en grec (l'Hièble), ebulum en latin et odocos en gaulois, est pressée avec ses graines, et les cheveux qui sont infectés sont amenés chaque jour à travers des peignes trempés dans son suc.
[IX, 131] Herbam, quae Gallice uernetus dicitur, conteres et exprimes [et] sucum eius auriculaeque non audientis infundes.
[IX, 131] L'herbe, qui se dit vernetus en gaulois, vous l'écraserez et la presserez, [et] verserez son suc dans les oreilles du sourd.
[IX, 132] Herbam, quae Gallice dicitur blutthagio, nascitur locis umidis ; eam teres sucumque eius, etiamsi modicus fuerit, cum modico aceti confundes et pariter teres colatumque ac tepefactum auribus instillabis.
[IX, 132] L'herbe, qui se dit blutthagio en gaulois, pousse dans les lieux humides ; tu la broieras et son suc, si peu qu'il y en ait, tu le mélangeras avec un peu de vinaigre et tu le malaxeras, puis tu instilleras, filtré et réchauffé, dans les oreilles.
[X, 58] Polypum emendat herba proserpinalis, quae Graece draconteum, Gallice gigarus appellatur, uel sucus eius naribus infundatur uel si papyrus inde infecta et spicillo inuoluta naribus inseratur et postera die educatur ; omnes enim morbi radices extrahi eius iniectione manifestum est.
[X, 58] L'herbe proserpinalis (le Serpentaire / l'Arum), appelée draconteum en grec et gigarus en gaulois, soigne le polype du nez. Soit que l'on instille le suc de la racine dans les narines, soit que l'on imprègne un papier et qu'on l'introduise dans la narine comme une sonde, qu'on enlèvera le lendemain. Car, manifestement, cette instillation arrache toutes les racines du mal.
[XI, 10] Serpullum herbam, quam Galli gilarum dicunt, ieiunus diu commanducet, cui os fetebit, et gluttiat.
[XI, 10] L'herbe serpullum (le Serpolet), que les Gaulois nomment gilarum, le jeûneur la mâchera longtemps, sa bouche la sentira, et il l'avalera.
[XVI, 101] Ad tussem remedium efficax : Herba, quae Gallice calliomarcus, Latine equi ungula uocatur, collecta luna uetere liduna die Iouis siccata prius in ollam nouam mittitur cum prunis ardentibus, quae intra ollam mitti debent. Superficies sane eius argilla diligenter claudi debet et calamus inseri, per quem umor uel fumus caloris hauriatur intra os, donec arteria omnia et stomachum penetret.
[XVI, 101] Un remède efficace contre la toux ; c'est l'herbe appelée calliomarcus en gaulois, et equi ungula ("l'ongle de cheval", le Tussilage) en latin. Après avoir été cueillie lors de la vieille lune et séchée le jeudi, on la met dans une marmite neuve avec des charbons ardents, qui doivent être posés à l'intérieur de la marmite. La partie supérieure de la marmite doit être recouverte d'un couvercle d'argile. On introduit ensuite un roseau dans ce couvercle pour inspirer les vapeurs de la marmite.
[XX, 68] Fastidium stomachi relevat papauer siluestre, quod Gallice calocatanos dicitur, tritum et ex lacte capruno potui datum.
[XX, 68] Les nausées de l'estomac sont soulagées par le papaver silvestre (le Coquelicot), qui se dit calocatanos en gaulois, broyé et donné à boire dans du lait de chèvre.
[XXII, 19] Malagma ad omnem uiscerum dolorem, praecipue ad iocineris stricturas. Conficitur sic : Nardi Celticae, id est saliuncae, [...]
[XXII, 19] Une pommade pour toutes les douleurs dans les intestins, en particulier pour les rétrécissements des intestins. Elle est faite de cette façon : c'est le nardus celtica (la Valériane celte), qui est ici la saliunca […].
[XXV, 37] Herbae pteridis, id est filiculae, quae ratis Gallice dicitur quaeque in fago saepe nascitur, radices tunsae in potione ieiuno dantur cum uino coxarum doloribus laboranti.
[XXV, 37] L'herbe pteridis (la Fougère), qui se dit ratis en gaulois, pousse sous les hêtres ; on en donne les racines à jeun, dans une potion à quelqu'un qui souffre des hanches.
[XXVI, 41] Artimisia herba est, quam Gallice bricumum appellant. Hanc ubi nascatur require et inuentam mane ante solis ortum sinistra manu extrahes et ex ea nudos renes praecinges ; quo facto singulari et praesentaneo remedio uteris.
[XXVI, 41] L'artemisia (l'Armoise) est une herbe qu'ils appellent bricumum en gaulois. Il faut la chercher là où elle pousse, et l'ayant trouvé le matin avant le lever du soleil, et l'arracher de la main gauche et en frotter les reins nus ; c'est là un remède remarquable et instantané.
Ce passage est corrigé par la glose anonyme suivante (CGL. 3, 631, 22) :
Artemisia gallice briginus appellant.
L'artemisia (l'Armoise), ils l'appellent briginus en gaulois.
[XXVIII, 50] Ad colum mirum remedium. Colo et omnibus intestinorum doloribus et tam hominibus quam iumentis ex hac re laborantibus efficacissime subuenit auis galerita, quae Gallice alauda dicitur, siue ipsa assata in cibo sumatur siue cum plumis suis combusta redigatur in cinerem atque ex eo diligentissime trito terna cocliaria ex aqua calida potui per triduum dentur.
[XXVIII, 50] Un merveilleux remède pour le côlon. Un oiseau galerita (l'Alouette huppée), qui se dit alauda en gaulois, apporte une aide très efficace au côlon et à toutes les douleurs des intestins, aussi bien chez l'homme que chez les animaux de trait, qu'elle soit mijotée comme nourriture prise, soit qu'elle soit brûlée avec ses plumes et réduites en cendres et que 3 cuillerées de cette poudre (cendre) très soigneusement broyée sont données à boire dans de l'eau tiède pendant trois jours.
[XXXI, 29] Symphyti radix, quae herba Gallice halus dicitur, aut commanducatur aut usta et trita in potione datur aduersum haemorrhoidas nimium profluentes
[XXXI, 29] La racine de symphytum (la Consoude), herbe qui se dit halus en gaulois, est soit mâchée, soit brûlée et broyée dans une boisson, contre les hémorroïdes trop abondantes.
[XXXIII, 63] Herba est, quae graece nymphaea, latine claua Herculis, gallice baditis appellatur.
[XXXIII, 63] Il y a une herbe qui est appelée nymphaea (le Nénuphar) en grec, clava Herculis ("massue d'Hercule") en latin, et baditis en gaulois.