Les galles de Pessinonte prédisent la victoire de Cnaeus Manlius Vulso (été 189 av. J.-C.)
Après avoir subi une première attaque de la cavalerie galate, le consul Cnaeus Manlius Vulso fit construire un pont sur le Sangarius (le Sakarya) afin que ses troupes gagnassent la rive gauche du fleuve. Alors que les armées romaines et pergamiennes se dirigeaient vers l'aval, deux prêtres du sanctuaire de la déesse phrygienne Cybèle, à Pessinonte (Ballihisar, province d'Eskişehir, Turquie), se présentèrent. Il s'agissait de deux galles, un attis et un battakès (1). Les prêtres de ce sanctuaire jouissaient visiblement d'une grande autonomie, si bien que malgré leur assujettissement par les Galates, ils n'ont jamais cessé de disposer d'une diplomatie qui leur était propre et de se montrer favorables à la cause des Pergamiens et des Romains (2). Ainsi, lorsqu'ils se présentèrent au consul Cnaeus Manlius Vulso, ce fut pour lui assurer le soutien de la déesse Cybèle et lui prédire une grande victoire sur les Galates (Polybe, Histoire générale, XXII, 20 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 18).
Les troupes de Cnaeus Manlius Vulso reprirent finalement leur marche pour gagner Gordion (Yassihüyük, province d'Ankara, Turquie), où les ambassadeurs d'Eposognatos vinrent à leur rencontre.
Notes
(1) Plusieurs auteurs se sont lourdement trompés dans la traduction de ces passages des oeuvres de Polybe et Tite-Live, puis qu'ils ont fait des Γάλλοι / Galli, des "Gaulois", tandis que Ἄττιδος καὶ Βαττάκου (génitif d'Ἄττιάς et Βαττάκης) furent vus comme des anthroponymes. Il s'agît vraisemblablement du nom donné à deux catégories distinctes de galles, comme l'attestent quelques autres sources.
(2) Déjà, en 204 av. J.-C., Attale Ier Sôter de Pergame put se rendre dans ce sanctuaire, et obtenir des galles la pierre sacrée symbolisant Cybèle, afin de l'offrir aux Romains. On connaît ensuite une correspondance suivie entre les rois de Pergame Eumène II Sôter, puis Attale II Philadelphe, avec l'attis de Pessinonte. Ces différentes lettres sont datées de la période comprise entre 163 et 158 av. J.-C. Enfin, de leur propre chef, en 104 av. J.-C., ils déléguèrent un battakès qui vint à Rome prédire la victoire des Romains sur les Cimbres et les Teutons.
Sources littéraires anciennes
Polybe, Histoire générale, XXII, 20 :"Cependant Manlius s'avança jusqu'au Sangarios, sur lequel il fit jeter un pont. C'était un fleuve trop profond pour être guéable. Il avait établi son camp sur ses bords, lorsque les galles, Attis et Battakès, prêtres de Cybèle envoyés de Pessinonte, vinrent le trouver. Ils portaient sur leur poitrine des emblèmes et des figures. Ils annoncèrent à Manlius que la déesse prédisait aux Romains puissance et victoire. Le consul les reçut avec beaucoup de bienveillance."
Tite-Live, Histoire romaine, XXXVIII, 18 :"Tout à coup on vit arriver de Pessinonte les galles, prêtres de la grande déesse, dans tout l'appareil de leur culte, et prophétisant d'un ton inspiré que la déesse accordait aux Romains une bonne route, une victoire assurée et l'empire du pays. Le consul répondit qu'il en acceptait l'augure et campa sur le lieu même."