Nom donné par quelques auteurs latins aux territoires gaulois de la plaine du Pô, après qu'ils aient été conquis par les Romains (232-191 av. J.-C.) et élevés au rang de province sous le nom de Gallia Cisalpina (ou Gallia Citerior). On ne connaît qu'un nombre assez réduit d'occurrences de cette dénomination dans les sources anciennes : in togatam Galliam (Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 24) ; Galliae togatae (Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 52) ; Togatam Galliam (Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 52) ; Galliam inquit togatam remitto, comatam postulo (Cicéron, Philippiques : Huitième philippique, IX) ; togatae Galliae (Pline, Histoire naturelle, III, 13) ; Γαλλία ἡ Τογάτα (Ptolémée, Géographie, III, 1, 46) ; Γαλατίας τῆς τογάτης (Dion Cassius, Histoire romaine, VI, 48, 12) ; Gallia Romanae nomine dicta togae (Martial, Épigrammes, III, 1) ; Galliam Togatam (Pseudo-Aethicus Ister, Cosmographie) ; Gallia togata (Eusèbe de Césarée, Chroniques, II) ou encore in Gallia citra Alpes, qua ; Togata dicitur (Festus Grammaticus, De la signification des mots, II).
Le terme togata est latin, il est composé de toga la "toge", associé au suffixe adjectival féminin -ata ; l'ensemble signifie "togée" / "en toge". Cette dénomination ne fut certainement développée que lorsque les territoires gaulois transalpins conquis entre 125 et 118 av. J.-C. ont été constitués en province romaine sous le nom de Gallia Transalpina, en vue de les distinguer. La Gallia Transalpina a reçu le sobriquet de Gallia Braccata (la "Gaule en braies") pour souligner le faible degré d'assimilation de ceux qui la peuplaient, tandis que la Gallia Cisalpina a reçu celui de Gallia Togata, pour souligner le fait que les Gaulois y avaient adopté la mode romaine. Un passage de la Géographie de Strabon (Géographie, III, 4, 20), évoquant l'adoption de la toge par les Celtibères, montre tous les sous-entendus que revêtait cette dénomination en apparence anodine.
Cicéron, Philippiques : Huitième philippique, IX :"Cependant il ne nous accable pas trop de ses demandes; il veut bien nous remettre quelque chose, se relâcher un peu de ses prétentions : " J'abandonne la Gaule togata, et je demande la chevelue ". Sans doute, il aime mieux vivre en paix, " avec six légions ", ajoute-t-il, " complétées de l'armée de Brutus ", et non simplement de ses propres levées."
Dion Cassius, Histoire romaine, VI, 48, 12 :"La Gaule togata, qui déjà faisait partie de la préfecture d'Italie, en sorte que personne, autre que les triumvirs, n'entretenait, à titre de gouverneur de cette province, de soldats en deçà des Alpes, leur fournit des hommes et de l'argent."
Eusèbe de Césarée, Chroniques, II :"Olymp. 181, 1, an de R. 696. M. Callidius devient célèbre comme orateur; plus tard, dans la guerre civile, ayant embrassé le parti de Caesar, tandis qu'il gouvernait la Gallia togata, il mourut à Placentia."
Festus Grammaticus, De la signification des mots, II :"BOICUS AGER, le territoire boïen, celui des Gaulois Boïens. Il est situé dans la Gaule en deçà des Alpes, que l'on appelle Togata : les Milanais font partie des Boïens."
Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 24 :"Il fit venir près de lui T. Labiénus, et envoya la douzième légion, qui avait hiverné avec ce lieutenant, protéger les colonies romaines dans la Gaule togata, et les préserver de calamités semblables à celles qu'avaient essuyées, l'été précédent, les Tergestins, dont le territoire avait été ravagé par suite d'une irruption soudaine de Barbares."
Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 52 :"Quand César eut parcouru toutes les contrées de la Gaule togata, il rejoignit promptement l'armée à Nemetocenna ; et après avoir tiré toutes les légions de leurs quartiers, il les envoya chez les Trévires, se rendit dans ce pays, et y passa l'armée en revue. Il donna à T. Labiénus le commandement de la Gaule togata, afin qu'il pût le seconder de son influence dans la poursuite du consulat."
Martial, Épigrammes, III, 1 :"Au Lecteur. Tu recevras de la Gaule, de cette contrée éloignée qui prend son nom de la toge romaine, ce troisième livre, quel qu'il soit. En le lisant, tu donneras peut-être la préférence au second. L'un et l'autre sont mon ouvrage. Celui qui naquit dans la capitale de l'univers doit plaire davantage, car un livre fait à Rome doit l'emporter sur un livre fait dans les Gaules."
Pline, Histoire naturelle, III, 112 :"A Ancône commence la côte gauloise dite Gaule togata."
Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 52 :"Elle est habitée dans son intérieur par une multitude de peuples différents : à gauche sont les Carnes et les Vénètes dans la Gaule appelée Togata ; puis les Picentes, les Frentaniens, les Dauniens, les Apuliens, les Calabrois et les Salentins, peuples italiques."
Strabon, Géographie, III, 4, 20 :"Quant au troisième légat, il surveille l'intérieur du pays et contient [par sa seule présence] les togati, comme qui dirait les populations pacifiées, lesquelles semblent en effet avoir pris avec la toge romaine la douceur de moeurs, voire même le caractère et le génie des Italiens. Ces populations sont celles de la Celtibérie et des deux rives de l'Ebre jusqu'au littoral."