La craie dont il est question ici affleure sur de vastes superficies du bassin londonien et du bassin parisien. Il s'agît de carbonate de calcium presque pur (>90%), associé à une petite quantité d'argile (<10%). Cette roche s'est formée par accumulation de microorganismes marins, ce qui explique la très grande concentration de carbonate de calcium de la craie. Du fait de sa porosité et de sa perméabilité, la craie est une roche très altérable. Ainsi, il est relativement rare de trouver des affleurements sains de craie en surface, d'autant plus rare que des loess d'âge Quaternaire et des argiles à silex les recouvrent. La craie altérée étant plus ou moins intensément décalcifiée et décarbonatée, elle n'est absolument pas intéressante pour le marnage qui pour être efficace nécessite d'importantes quantités de carbonate de calcium. L'exploitation de la craie saine nécessite une exploitation à partir de puits parfois profonds - jusqu'à 100 pieds de profondeur (Pline, Histoire Naturelle, XVII, 4, 45), soit près de 30 mètres - permettant d'accéder aux horizons plus profonds, où la roche est saine.
Le principe de cette exploitation est simple. Le puit est creusé au travers les roches meubles, instables - loess, argiles à silex et craie altérée. Dans les roches les plus meubles, un étayage en bois était nécessaire pour garantir la stabilité des parois et éviter que le puit ne s'effondre sur lui-même. Ayant atteint la roche saine, l'étayage n'était plus franchement nécessaire. A l'instar de ce qu'évoque Pline (Histoire Naturelle, XVII, 4, 45), au niveau de la roche saine, l'exploitation du carbonate de calcium était comparable à l'exploitation d'un filon. des galeries et salles pouvaient être creusées en deçà du puit ; la progression de l'exploitation se faisait latéralement, depuis le fond du puit.
Pline, Histoire Naturelle, XVII, 4, 45 : "Des marga grasses la meilleure est la blanche. Il y a plusieurs espèces de marga blanche : la plus mordante est celle dont il vient d'être parlé; l'autre espèce est la craie blanche qu'on emploie pour nettoyer l'argenterie : on la prend à de grandes profondeurs; les puits ont généralement cent pieds, l'orifice en est étroit; dans l'intérieur, le filon, comme dans les mines, s'élargit. C'est celle que la Bretagne emploie surtout; l'effet s'en prolonge pendant quatre-vingt ans, et il n'y a pas d'exemple d'un agriculteur qui en ait mis deux fois dans le cours de sa vie sur le même champ."
L'exploitation de la craie comme "marnières" s'est prolongée jusqu'au milieu du XXe siècle, sous une forme proche. La craie était débitée suivant les plans de stratification de la roche, sortis de la marnière par le puit et enfin concassée à l'extérieur avant d'être vendue.
Il ne faut peut-être pas systématiser la technique d'extraction décrite par Pline (Histoire Naturelle, XVII, 4, 45). Certains affleurements de craie ne nécessitaient certainement pas la présence de puits, on pensera par exemple aux falaises de craie dominant la Manche, ou encore les nombreux escarpements de la vallée de la Seine où des carrières à ciel ouvert et galeries latérales suffisaient amplement.