Le ralliement d'Ocilis aux Celtibères met fin à la campagne [fin -153]
Le ralliement d'Ocilis aux Celtibères met fin à la campagne (fin 153 av. J.-C.)
La campagne de Quintus Fulvius Nobilior contre les Celtibères fut plus que contre-productive, puisque que le vent de révolte affecta dés lors de nombreuses cités jusqu'ici liées à Rome par traité. Après avoir subi une lourde défaite à Numantia (26 août 153 av. J.-C.), les Romains échouèrent à couper les insurgés de leurs approvisionnements et ne parvinrent pas à recruter de nouveaux auxiliaires. Le coup de grâce fut donné aux Romains lorsque les habitants d'Ὄκιλις / Ocilis (Medinaceli ?) se rallièrent aux Celtibères révoltés. En effet, les Romains avaient laissé une partie de leurs bagages, les vivres et la solde des soldats, dans cette ville. La perte de cette dernière fut la déroute de trop, puisqu'elle rendait la poursuite de la campagne impossible (Appien, Ibérique, IX, 47).
En conséquence, le consul Quintus Fulvius Nobilior n'eut d'autre choix que de gagner prématurément ses quartiers d'hiver, sans les ravitaillements nécessaires. Cette retraite calamiteuse exposa dangereusement les Romains tout au long de l'hiver, qui fut rude (Ibérique, IX, 47). Aussi, il est possible que les Romains aient été alors harcelés par les Celtibères, du moins, si on se fit au récit de Polybe (Histoire générale, XXXV, 1) et Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, XXXI, 40).
Sources littéraires anciennes
Appien, Ibérique, IX, 47 :"Devant une telle succession de désastres chez les Romains, la ville d'Ocilis, où se trouvaient les vivres et l'argent des Romains, passa du côté des Celtibères. Alors, Nobilior, désespérant de tout, rentra dans ses quartiers d'hiver, s'abritant comme il le pouvait. Il souffrit beaucoup du manque de vivres, n'ayant que celles qui se trouvaient à l'intérieur du camp, ainsi que des violentes tempêtes de neige et d'un froid glacial de sorte que plusieurs de ses hommes périrent alors qu'ils étaient partis chercher du bois, et d'autres à l'intérieur moururent victimes du confinement et du froid."
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XXXI, 40 :"Dans la guerre avec les Grecs, un seul moment peut décider de la victoire ; dans celle avec les Celtibériens, la nuit sépare le plus ordinairement les combattants, et la guerre continue avec une égale vigueur, même pendant l'hiver. Aussi pourrait-on appeler la guerre des Celtibériens une guerre de feu."
Polybe, Histoire générale, XXXV, 1 :"On a appelé guerre de feu celle que Rome fit alors aux Celtibériens. Cette guerre, en effet, eut un caractère d'acharnement tout particulier : elle offre une série de combats continus. En Grèce ou en Asie, le plus souvent une bataille, rarement deux, décide de la lutte, et dans ces batailles mêmes, tout dépend d'un seul moment, celui de l'attaque et du choc. Mais dans la guerre dont il s'agit ici, les choses prirent un autre train. D'ordinaire, la nuit seule arrêtait ces mêlées, où les combattants ne laissaient la fatigue triompher ni de leur âme, ni de leur corps, et, comme regrettant d'avoir quitté le champ de bataille, ils recommençaient sans cesse de nouvelles luttes. C'est à peine si l'hiver interrompait la suite de ces éternelles hostilités. Enfin, si on veut se représenter une guerre de feu, on ne saurait en concevoir une autre que celle dont nous parlons."