Peuple gaulois de la Gaule belgique., puis cité gallo-romaine de la province du même nom. À l'époque romaine, leur territoire correspondait assez largement à celui de l'ancien diocèse d'Amiens (avant 1790), soit l'Amiénois, le Ponthieux, le Vimeux, et toute la partie occidentale du Santerre. Leur capitale était Samarobriva, dont la localisation à l'époque pré-romaine n'est pas connue avec précision, et qui fut déplacée au niveau du centre historique d'Amiens (Somme) à la fin du Ier s. av. J.-C.
Attestations et étymologie
Cet ethnonyme fut mentionné sous la forme Ambiani et ses déclinaisons par les auteurs latins (César, Guerre des Gaules, II, 4 ; 15 ; VII, 75 ; VIII, 7 ; Pline, Histoire naturelle, IV, 106 ; Tite-Live, Periochae, CIV) et Ἀμβιανοὶ par les auteurs grecs (Strabon, Géographie, IV, 3, 5 ; Ptolémée, Géographie, II, 9, 7). À partir de la seconde moitié du IIIe s. ap. J.-C., Samarobriva ne fut plus mentionnée que par le nom de la cité elle-même. Ainsi, elle apparaît sous la forme Ambianis dans l'Itinéraire d'Antonin (362, 4), ciuitas Ambianensium (var. Ambianentium ; Ambiennensium ; Abinensium) dans la Notice des Gaules, puis Ambianenses dans le Registre des Dignitaires (Or. VI, 36 ; Occ. IX, 39). Ainsi, les noms d'Amiens et de l'Amiénois dérivent de cet ethnonyme. Selon X. Delamarre (2019), *ambi-āno- serait une haplologie (1) d'*ambi-biy-āno-, avec *ambi-, qui signifie "autour / des deux côtés / très", *-biio-, "couper / frapper", associé à une dérivation en -ano-. D'après le même auteur, cet ethnonyme devrait être traduit par "frappe des deux côtés", voir "(qui combattent) avec une double hache".
Histoire
● Protohistoire
Suivant les informations recueillies par César, les Suessions dirigés par Diviciacos avaient imposé leur hégémonie à l'ensemble des peuples de la Gaule belgique et à ceux de l'île de Bretagne, ce que C. Goudineau (1998) a dénommé "empire suession". Suivant César, le règne de Diviciacos remontait à une époque alors récente (Guerre des Gaules, II, 4). Compte-tenu des quelques rares indices laissés par le proconsul, J.-M. Desbordes (1966) situe ce règne au début du Ier s. av. J.-C., ce qui est aujourd'hui très largement admis. Il est tentant de penser que la coalition des peuples belges menée par Galba, le roi des Suessions, en fut l'ultime témoignage.
● La guerre des Gaules
Au cours de l'hiver 58-57 av. J.-C., les Ambiens se rangèrent aux de nombreux autres peuples belges derrière le roi des SuessionsDiviciacos, dans une vaste coalition contre les Romains. Ils fournirent aux coalisés un contingent de 10000 hommes (Guerre des Gaules, II, 4). Les combats engagés tournèrent rapidement en la défaveur des peuples belges ; les Belges échouèrent à prendre Bibrax (Guerre des Gaules, II, 6-7), puis subirent une lourde défaite lors de la bataille de l'Aisne (Guerre des Gaules, II, 8-11). après ces échecs, les peuples belges décidèrent de poursuivre la guerre depuis leurs territoires respectifs, sans succès. La rapide défaite des Suessions permit aux Romains de se porter immédiatement chez les Bellovaques, qui n'eurent d'autre choix que de capituler. Les Ambiens les imitèrent peu après (Guerre des Gaules, II, 15). Ils bénéficièrent de la clémence du proconsul, mais lui remirent des otages et lui fournirent très certainement un contingent.
Les Ambiens tinrent leurs engagements vis-à-vis des Romains, et ce fut sur leur sol que fut organisée l'assemblée de la Gaule de l'automne 54 av. J.-C..
Ce peuple fut de nouveau mentionné en 52 av. J.-C., puisqu'il fournit 5000 soldats aux armées de secours chargées de faire lever le siège d'Alesia (Guerre des Gaules, VII, 75). La défaite gauloise n'entama pas les velléités de résistance des Ambiens qui prirent part à une nouvelle coalition belge en 51 av. J.-C. (Guerre des Gaules, VIII, 7).
● Le Haut-Empire
En 27 av. J.-C., dans le cadre de la réorganisation administrative de la Gaule opérée par Auguste, le territoire des Ambiens fut intégré à la province de Gaule belgique (Pline, Histoire naturelle, IV, 107). Quelques années plus tard, lorsque Auguste définit le statut des cités de la province (16-13 av. J.-C.), les Ambiens héritèrent du statut fiscal de cité stipendiaire, impliquant qu'ils étaient soumis au paiement du tribut (Pline, Histoire naturelle, IV, 107). Ce fut très certainement à cette même époque que les Ambiens délaissèrent leur ancienne capitale pour édifier ex nihilo et suivant le modèle romain, une nouvelle Samarobriva (Amiens).
● Le Bas-Empire
Au cours de la dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C., dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien, la cité des Ambiens intégra la province de Belgique seconde. Ce fut au cours de cette même époque troublée par les invasions germaniques, à la transition entre le IIIe et le IVe s. ap. J.-C., qu'Ambianis (Amiens) fut dotée d'une imposante enceinte urbaine.
Notes
(1) Chute de l'un des phonèmes ou groupes de phones identiques ou se ressemblant, qui se répètent dans un mot.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"Quant à leur nombre, les Rèmes avaient à ce sujet les données les plus certaines, en ce que, unis avec eux par le voisinage et les alliances, ils connaissaient le contingent que, dans l'assemblée générale des Belges, chaque peuple avait promis pour cette guerre. Les Bellovaques tenaient le premier rang parmi eux par leur courage, leur influence et leur population : ils pouvaient mettre cent mille hommes sous les armes : ils en avaient promis soixante mille d'élite et demandaient la direction de toute la guerre. Les Suessions, leurs voisins, possédaient un territoire très étendu et très fertile ; ils avaient eu pour roi, de notre temps encore, Diviciacos, le plus puissant chef de la Gaule, qui à une grande partie de ces régions joignait aussi l'empire de la Bretagne. Galba était maintenant leur roi, et le commandement lui avait été déféré d'un commun accord, à cause de son équité et de sa sagesse. Ils possédaient douze villes, et avaient promis cinquante mille hommes. Autant en donnaient les Nerviens, réputés les plus barbares d'entre ces peuples, et placés à l'extrémité de la Belgique ; les Atrébates en fournissaient quinze mille ; les Ambiens, dix mille ; les Morins, vingt-cinq mille ; les Ménapes, neuf mille ; les Calétes, dix mille ; les Véliocasses et les Viromanduens le même nombre ; les Atuatuques, dix-neuf mille ; les Condruses, les Éburons, les Caeroesi et les Pémanes, compris sous la dénomination commune de Germains, devaient en envoyer quarante mille."
César, Guerre des Gaules, II, 15 :"Quand ils eurent été livrés ainsi que toutes les armes trouvées dans la ville, il marcha contre les Ambiens, qui mirent aussitôt leurs personnes et leurs biens à sa discrétion. Au territoire de ces derniers touchait celui des Nerviens. César s'informa du caractère et des moeurs de ce peuple, et apprit que chez eux tout accès était interdit aux marchands étrangers ; qu'ils proscrivaient l'usage du vin et des autres superfluités, les regardant comme propres à énerver leurs âmes et à amollir le courage ; que c'étaient des hommes barbares et intrépides ; qu'ils accusaient amèrement les autres Belges de s'être donnés au peuple romain et d'avoir dégénéré de la valeur de leurs pères ; qu'ils avaient résolu de n'envoyer aucun député, et de n'accepter aucune proposition de paix."
César, Guerre des Gaules, VII, 75 :"Pendant que ces choses se passaient devant Alésia, les principaux de la Gaule, réunis en assemblée, avaient résolu, non d'appeler aux armes tous ceux qui étaient en état de les porter, comme le voulait Vercingétorix, mais d'exiger de chaque peuple un certain nombre d'hommes ; ils craignaient, dans la confusion d'une si grande multitude, de ne pouvoir ni la discipliner, ni se reconnaître, ni se nourrir. Il fut réglé que les divers états fourniraient, savoir [...] les Ambiens, les Médiomatrices, les Petrocoriens, les Nerviens, les Morins, les Nitiobroges, chacun cinq mille ; les Aulerques Cénomans, autant ; les Atrébates, quatre mille ; les Véliocasses, les Lexovii, les Aulerques Eburovices, chacun trois mille, les Rauraques avec les Boïens, mille ; vingt mille à l'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains, au nombre desquels sont les Curiosolites, les Redons, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles. Les Bellovaques seuls refusèrent leur contingent, alléguant qu'ils voulaient faire la guerre aux Romains en leur nom et à leur gré, sans recevoir d'ordres de personne. Cependant, sur les instances de Commios, leur allié, ils envoyèrent deux mille hommes."
César, Guerre des Gaules, VIII, 7 :"César les ayant interrogés sur le lieu où s'était portée la masse des habitants et sur leurs desseins, apprit que tous les Bellovaques en état de porter les armes s'étaient rassemblés sur un seul point avec les Ambiens, les Aulerques, les Calètes, les Véliocasses et les Atrébates ; qu'ils étaient campés sur une hauteur, dans un bois environné d'un marais ; qu'ils avaient porté tous leurs bagages dans des forêts plus reculées. Plusieurs chefs les excitaient à la guerre ; celui d'entre eux qui exerçait le plus d'autorité sur la multitude était Correos, dont on connaissait la haine implacable pour le nom romain. Peu de jours auparavant, l'Atrébate Commios avait quitté le camp pour se rendre dans les contrées germaines les plus proches, et en ramener des secours considérables."
Pline, Histoire naturelle, IV, 106 :"Au Scaldis, l'extérieur est habité par les Texuandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapes, les Morins, la limite des Marsaques, attenants au bourg appelé Gesoriacum ; les Bretons, les Ambiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catosluges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Suessions, libres ; les Ulmanectes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiavons, les Betases, les Leuques, libres ; les Trévires, libres auparavant, alliés maintenant ; les Lingons, alliés ; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétes : les colonies Équestris et Raurica ; sur le Rhenus, peuplades germaniques habitant cette province : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie des Agrippinenses, les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhenus."
Strabon, Géographie, IV, 3, 5 :"À l'O. des Trévires et des Nerviens habitent les Sénons et les Rèmes, auxquels il faut ajouter les Atrébatiens et les Éburons ; puis, à la suite des Ménapes, sur le littoral même, viennent les Morins, et, après eux, les Bellovaques, les Ambiens, les Suessions et les Calètes jusqu'à l'embouchure de la Secoana. Le pays des Morins, des Atrébates et des Éburons offre le même aspect que celui des Ménapes, l'aspect d'une forêt, mais d'une forêt d'arbres très peu élevés, qui, tout en présentant une superficie considérable, n'a pourtant que les 4000 stades d'étendue que les historiens lui donnent."
Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), CIV :"César est vainqueur des Ambiens, des Suessions, des Viromanduens, des Atrébates, peuples de la Belgique, formant une immense population. Après avoir reçu leur soumission, il soutient une rude guerre contre une seule peuplade, les Nerviens, et les extermine. Ils avaient continué les hostilités, jusqu'à ce que de soixante mille combattants il n'en restât que trois cents, et que leurs six cents sénateurs fussent réduits à trois."
Sources épigraphiques
Angers (AE 2013, 1074) [...]M [...] DEO [INVIC]TO M<I=Y>T<HR=RH>[AE ...] / [...]S GENIALIS CIV<I=E>S AMBIAN[IN]VS EX VOTO D[EDIT] / [FRAT]RIBVS OMNI LOCO [... N]AMA
"[...]. Au dieu invincible Mithra, […] Genialis, citoyen ambien, conformément ) son voeu, a dédié pour ses frères, en tout lieu […]. Gloire !"
"[…] de Lucius Ammius Silvinus, citoyen ambien, défunt à l'âge de 45 ans. Silvina, fille de Lepidus, sa parente (a fait ériger ce monument), ainsi que par les soins de Palma fille d'Aelianus, à son tuteur."
Col du Grand Saint-Bernard (CIL 05, 6885) NVMINIB(VS) AVGG(VSTORVM) / IOVI POENINO / SABINEI[I]VS CENSOR / AMBIANVS / V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)
"Aux puissances divines des Augustes. À Jupiter Poeninus. Sabineius Censor, ambien, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
"À Comnisca, fils de Vedillus, ambien, cavalier de l'aile Indiana, de l'escadron de Celta, (décédé à) l'âge de 25 ans, 7 ans de service (dans l'armée). Il repose ici. Son héritier a fait (ce monument) selon son testament."
Borne leugaire de Longueau (CIL 17-02, 508 ; 13, 9032) D(OMINO) N(OSTRO) GAL(ERIO) VAL(ERIO) / MAXIMINO / NOB(ILISSIMO) CAES(ARI) / C(IVITAS) AMB(IANORVM) / A S(AMAROBRIVA) L(EVGA) I
"À notre seigneur, Galerius Valerius Maximinus, nobilissisme César (1). La cité des Ambiens (a posé cette borne). Jusqu'à Samarobriva, 1 lieue."
(1) Galère fut associé à l'Empire par Dioclétien, en tant que César, entre 293 et 305 ap. J.-C.
Nimègue (CIL 13, 8727) MINERVAE / CVR LADAE / T(ITVS) PVNICIVS GE/NIALIS IIV(I)R CO/LON(IAE) MORINO/RVM SACERDOS / ROMAE ET AVG(VSTORVM) / OB HONOREM / FLAMONI(I)
"À Minerve. Par les curies de Lada (?) (et) Titus Punicius Genialis, duumvir de la colonie des Morins, prêtre de Rome et des Augustes, en reconnaissance pour sa dignité de flamine (ont dédié)."
Ostia Antica (CIL 14, 4468 ; 4469 ; 4470 ; AE 1913, 213 ; 1960, 163) ...] / PONT[IF(ICI)] MINORI P[R]AEF(ECTO) AN[NON(AE)] / A RAT[IO]NIBVS AVG(VSTI) A LIBELLIS AVG[VSTI] / AB [EPIST]VLIS AVG(VSTI) PROC(VRATORI) PATRIMON[II AVG(VSTI)] / PROC(VRATORI) AD DIOECESIN ALEXANDR[IAE PROC(VRATORI)] / AD CENSVS ACCIPIENDOS TRIVM CI[VITAT(IVM)] / AMBIANORVM MVRRINORVM ATREBA[TIVM] / PROC(VRATORI) AD ALIMENTA PRAEF(ECTO) CLASSIS FLAV[IAE] / PANNONICAE TRIB(VNO) MILIT(VM) LEG(IONIS) XII FVLMIN[ATAE] / [...
"[…] pontife mineur, préfet de l'annone, (procurateur) aux comptes de l'Auguste, (procurateur) aux libelles de l'Auguste, (procurateur) aux lettres de l'Auguste, procurateur aux patrimoines de l'Auguste, procurateur au diocèse d'Alexandria, procurateur en charge du cens des 3 cités des Ambiens, des Murrins et des Atrébates, procurateur aux aliments, préfet de la flotte Flavia Pannonica, tribun militaire de la légion XII Fulminata, [...]."
Rimini (CIL 11, 390) L(VCIO) LEPIDIO L(VCI) F(ILIO) AN(IENSI) / PROCVLO / MIL(ITI) LEG(IONIS) V MACEDON(ICAE) / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) EIVSDEM |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) EIVSDEM II / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) VI VICTRICIS / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) XV APOLLINAR(IS) / PRIM(O PILO) LEG(IONIS) XII[I] GEMIN(AE) / DONIS DONATO AB / IMP(ERATORE) VESPASIANO AVG(VSTO) / BELLO IVDAICO TORQVIB(VS) / ARMILLIS PHALERIS / CORONA VALLARI / SALINATORES CIVITATIS / MENAPIORVM OB MER(ITA) EIVS / SEPTIMINA F(ILIA) REPONEND(VM) / CVRAVIT
"À Lucius Lepidius Proculus, fils de Lucius, (de la tribu) Aniensis, soldat de la légion V Macedonica, centurion de la même légion, une 2 fois centurion de la même légion, centurion de la légion VI Victrix, centurion de la légion XV Apollinaris, primipile de la légion XIII Gemina, ayant reçu des décorations de l'empereur Vespasianus, Auguste (2), lors de la guerre judaïque (3) ; des colliers, des bracelets et des phalères, la couronne pour prise de murailles. Les sauniers de la cité des Ménapes, pour son mérite (a fait poser ce monument). Septimina, sa fille, a pris soin de reposer."
(2) Vespasien fut l'empereur entre 68 et 79 ap. J.-C.
(3) Il s'agît ici de la première guerre judéo-romaine (66 et 73 ap. J.-C.). Les légions V Macedonica et XV Apollinaris furent retirée de Judée en 71 ap. J.-C.
Rimini (CIL 11, 391) L(VCIO) LEPIDIO L(VCI) F(ILIO) AN(IENSI) / PROCVLO / MIL(ITI) LEG(IONIS) V MACEDONIC(AE) / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) EIVSDEM |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) EIVS[D]EM II / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) VI VICTRICIS / |(CENTVRIONI) LEG(IONIS) XV APOLLINAR(IS) / PRIM(O PILO) LEG(IONIS) XIII GEMINAE / DONIS DONATO AB IMP(ERATORE) VESPASIANO AVG(VSTO) BELLO / IVDAICO TORQVIB(VS) ARMIL(LIS) / PHALERIS CORONA VA[LL]AR(I) / SALINATORES CIVITATIS / MORINORVM OB MER(ITA) EIVS / SEPTIMINA F(ILIA) REPONEND(VM) / CVRAVIT
"À Lucius Lepidius Proculus, fils de Lucius, (de la tribu) Aniensis, soldat de la légion V Macedonica, centurion de la même légion, une 2 fois centurion de la même légion, centurion de la légion VI Victrix, centurion de la légion XV Apollinaris, primipile de la légion XIII Gemina, ayant reçu des décorations de l'empereur Vespasianus, Auguste (4), lors de la guerre judaïque (5) ; des colliers, des bracelets et des phalères, la couronne pour prise de murailles. Les sauniers de la cité des Morins, pour son mérite (a fait poser ce monument). Septimina, sa fille, a pris soin de reposer."
(4) Vespasien fut l'empereur entre 68 et 79 ap. J.-C.
(5) Il s'agît ici de la première guerre judéo-romaine (66 et 73 ap. J.-C.). Les légions V Macedonica et XV Apollinaris furent retirée de Judée en 71 ap. J.-C.
Rome (CIL 06, 15493) DIS MAN(IBVS) / CLAVDIAE LEPIDILLAE / EX PROVINCIA / BELGICA AMBIANAE / FECERVNT LIBERI / EIVS LEPIDVS ET / TREBELLIVS MATRI / OPTIMAE / HIC MATRIS CINERES / SOLA SACRAVIMVS ARA / QVAE GENVIT TELLVS OSSA / TEGET TVMVLO
"Au dieux Mânes. À Claudia Lepidilla, de la province de Belgique, ambienne, ses enfant Lepidus et Trebellius, pour leur très bonne mère, ont fait ce monument. Ici, nous consacrons les cendres de notre mère avec seulement un autel. Le sol qui lui a donné naissance recouvre désormais ses os d'un monticule."
"[…] pontife mineur, préfet de l'annone, (procurateur) aux comptes de l'Auguste, (procurateur) aux libelles de l'Auguste, (procurateur) aux lettres de l'Auguste, procurateur aux patrimoines de l'Auguste, procurateur au diocèse d'Alexandria, procurateur en charge du cens des 3 cités des Ambiens, des Murrins et des Atrébates, procurateur aux aliments, préfet de la flotte Flavia Pannonica, tribun militaire de la légion XII Fulminata, [...]."
"À Aurelia Theudosia, très bénigne et incomparable femme. Aurelius Optatus, pour son épouse très innocente, déposée la veille des calendes de December, de la nation ambienne, bien son bon mérite, a fait (ce monument)."
"Au dieux Mânes. Flavius Felix, porte-étendard de l'unité des Divitienses, il vécut 30 ans, citoyen ambien."
Thérouanne (CIL 13, 3560 ; AE 1900, 43) [IMP(ERATORI) CAES(ARI)] M(ARCO) A[N]/[T]ONIO GO[RD]/[IA]NO PIO FEL(ICI) AVG(VSTO) / [P]ONT(IFICI) MAX(IMO) TR(IBVNICIA) P(OTESTATE) III / CO(N)S(VLI) II P(ATRI) P(ATRIAE) / [CIVI]TAS MORINOR(VM)
"À l'empereur César Marcus Antonius Gordianus, le pieux, favorisé des dieux, Auguste, grand pontife, 3 fois revêtu de la puissance tribunicienne, 2 fois consul (6), père de la patrie. La cité des Morins (a dédié)."
(6) Gordien III fut revêtu de sa 3e puissance tribunicienne entre le 10 décembre 239 et le 9 décembre 240 ap. J.-C. Son 2nd consulat correspond quant à lui à l'année 241 ap. J.-C.
Sources
• X. Delamarre, (2019) - Dictionnaire des thèmes nominaux du gaulois (I. Ab- / Ixs(o)-), Les Cent Chemins, 398p. • J.-M. Desbordes, (1966) - "César et les Suessions", in : R. Chevallier (éd.), Mélanges d'archéologie et d'histoire offerts à André Piganiol. Volume 2, École pratique des Hautes études, S.E.V.P.E.N, Paris, pp.963-976
• C. Goudineau, (1998) - Regard sur la Gaule, Errance, Paris, 352p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique