Peuple de la Gaule belgique, puis de la province romaine de Gaule lyonnaise. Leur territoire correspondait à l'actuel Pays de Caux. La métropole pré-romaine des Calètes n'est pas clairement identifiée, cependant, à l'époque gallo-romaine, celle-ci fut installée à Iuliobona (Lillebonne).
Attestations et étymologie
Ce peuple fut fut mentionné à plusieurs reprises par les auteurs antiques sous les dénominations de Caletes (var. Caletos) par César (Guerre des Gaules, II, 4 ; VII, 75 ; VIII, 7), Galetos (var. Galletos) et Caleti par Pline (Histoire naturelle, IV, 107 ; XIX, 8), Ὑαδέτους (corrigé en Καλέτους) et Κάλετοι par Strabon (Géographie, IV, 1, 14 ; 3, 5), Καληται (var. Καλληται, Καλειται) par Ptolémée (Géographie, II, 8, 4) ou encore Caleti par Orose (Histoires contre les païens, VI, 7). Cet ethnonyme s'explique par le terme caleto-, qui signifie "dur / vaillant".
Histoire
● Guerre des Gaules
Les Calètes entrèrent dans l'histoire au cours de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.), lorsqu'en 57 av. J.-C, ils prirent part au soulèvement des peuples belges animé par Galba, le roi des Suessions, en fournissant un contingent de 10000 hommes (César, Guerre des Gaules, II, 4).
Par la suite, ils se tinrent à l'écart des conflits jusqu'en 52 av. J.-C. A cette date, ils participèrent à la constitution du contingents de 20000 hommes des Armoricains, aux côtés des Coriosolites, Redones, Ambibares, Osismes, Lémovices armoricains et Unelles. Ce contingent et celui des autres peuples gaulois, devaient constituer l'armée de secours chargée de contraindre César à lever le siège d'Alesia (César, Guerre des Gaules, VII, 75).
Les Calètes reprirent les hostilités dés le printemps 51 av. J.-C., en prenant part au soulèvement des Bellovaques conduit par Corréos, aux côtés des Ambiens, Aulerques, Véliocasses et Atrébates (César, Guerre des Gaules, VIII, 7).
● Intégration de la cité des Calètes à l'Empire romain
Très affaiblie au cours des IIIe et IVe s. ap. J.-C., la cité des Calètes fut à son tour rattachée à celle des Véliocasses / Rotomagenses, à une date méconnue, mais nécessairement antérieure à la rédaction de la Notice des Gaules (fin du IVe s. ap. J.-C.).
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 4 :"Les Nerviens en promettaient autant : ils passent pour les plus farouches des Belges et sont les plus éloignés ; les Atrébates amèneraient quinze mille hommes, les Ambiens dix mille, les Morins vingt-cinq mille, les Ménapes sept mille, les Calètes dix mille, les Véliocasses et les Viromanduens autant, les Atuatuques dix-neuf mille ; les Condruses, les Eburons, les Caeroesi, les Pémanes, qu'on réunit sous le nom de Germains, pensaient pouvoir fournir environ quarante mille hommes."
César, Guerre des Gaules, VII, 75 :"Pendant que ces choses se passaient devant Alésia, les principaux de la Gaule, réunis en assemblée, avaient résolu, non d'appeler aux armes tous ceux qui étaient en état de les porter, comme le voulait Vercingétorix, mais d'exiger de chaque peuple un certain nombre d'hommes ; ils craignaient, dans la confusion d'une si grande multitude, de ne pouvoir ni la discipliner, ni se reconnaître, ni se nourrir. Il fut réglé que les divers états fourniraient, savoir […] vingt mille (hommes) à l'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains, au nombre desquels sont les Curiosolites, les Redons, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles. Les Bellovaques seuls refusèrent leur contingent, alléguant qu'ils voulaient faire la guerre aux Romains en leur nom et à leur gré, sans recevoir d'ordres de personne."
César, Guerre des Gaules, VIII, 7 :"Ces troupes réunies, il marche contre les Bellovaques, établit son camp sur leurs frontières, et envoie de tous côtés des détachements de cavalerie pour faire quelques prisonniers qui puissent l'instruire des desseins de l'ennemi. De retour de cette mission, les cavaliers rapportent qu'ils ont trouvé peu d'habitants dans leurs demeures ; que ces gens n'étaient point restés pour cultiver la terre (car on s'était de toute part empressé de fuir), mais qu'ils avaient été laissés pour espionner. César obtint les renseignements suivants : tous les Bellovaques en état de porter les armes s'étaient rassemblés en un même lieu, et avec eux les Ambiens, les Aulerques, les Calètes, les Véliocasses, les Atrébates ; qu'ils étaient campés sur une hauteur, dans un bois environné d'un marais ; qu'ils avaient porté tous leurs bagages dans des forêts plus reculées. Plusieurs chefs les excitaient à la guerre ; celui d'entre eux qui exerçait le plus d'autorité sur la multitude était Corréos, dont on connaissait la haine implacable pour le nom romain."
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 :"La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Véliocasses, les Calètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Ossismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Ossismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au-delà de cette péninsule, les Namnètes ; dans l'intérieur, les Éduens, alliés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Tricasses, les Andécaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Venelles, les Coriosuélites, les Diablintes, les Riedons, les Turons, les Atésuens, les Ségusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."
Pline, Histoire naturelle, XIX, 7-8 :"Le lin se sème surtout dans les lieux sablonneux, et après un seul labour. Rien n'est plus hâtif. Semé au printemps, il s'arrache en été, et c'est encore un mal qu'il fait à la terre. peut-être doit-on pardonner à l'Égypte de le semer, afin d'importer chez elle les marchandises de l'Arabie et de l'Inde. Mais quoi : les Gaules aussi sont estimées pour ce produit ; ce n'est pas pour elles on empêchement suffisant [à la culture du lin] que d'être bornées par les montagnes qui les séparent de la mer [Méditerranée], et d'avoir du côté de l'Océan pour limites ce qu'on appelle le vide ! Les Cadurciens, les Calètes, les Rutènes, les Bituriges et les Morins, qu'on regarde comme placés aux derniers confins de la terre ; que dis-je ? les Gaules tout entières, tissent des voiles."
Strabon, Géographie, IV, 1, 14:"Du Rhône, les marchandises passent dans l'Arar (la Saône), puis dans le Doubs, son affluent. Elles sont ensuite transportées par terre jusqu'au Sequanas (la Seine), d'où elles descendent par voie fluviale jusqu'à l'Océan, chez les Lexoviens et les Calètes. De là une traversée de moins d'un jour les fait passer en Bretagne."
Strabon, Géographie, IV, 3, 5:"A l'O. des Trévires et des Nerviens habitent les Sénons et les Rèmes, auxquels il faut ajouter les Atrébatiens et les Éburons ; puis, à la suite des Ménapes, sur le littoral même, viennent les Morins, et, après eux, les Bellovaques, les Ambianiens, les Suessions et les Calètes jusqu'à l'embouchure du Sequanas."
"À Marcus Aurelius Carinus, nobilissime César, la cité des Calètes."
Inscription de Lillebonne (CIL 13, 3225 ; AE 1978, 500) T(ITVS) SEN(NIVS) FELIX C(IVIS) PVTEOLANVS FEC(IT) // ET AMOR C(IVIS) K(ALETVS?) DISCIPVLVS
"Titus Sennius Felix, citoyen putéolien a fait. Et Amor, citoyen kalète, son disciple."
Sources
• P. Vipard, (2011) - "Un pilier honorifique de Lillebonne (Seine-Maritime, France) dédié au César Carin", in : C. Deroux (dir.), Corolla Epigraphica, Hommages au professeur Yves Burnand, Latomus, 331, vol. I, pp.330-352
• V. Kruta, (2000) - Les Celtes - Histoire et dictionnaire, Laffont, Paris, 1020p. • Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique