Artio - Déesse gallo-romaine attestée par cinq inscriptions, dont quatre proviennent d'Allemagne et une de Suisse. La répartition de ces attestations montre que cette divinité était populaire dans le nord-est de la Gaule, auprès de peuples riverains du Rhin et de la Moselle. Ainsi, de la cité des Trévires proviennent les inscriptions de Daun (Rhénanie-Palatinat) et de Weilerbach (Bollendorf, Rhénanie-Palatinat), de la cité des Auderienses provient l'inscription Stockstadt am Main (Bavière) et de chez les Taunenses, celle de Heddernheim (Francfort-sur-le-Main, Hesse). Enfin, le groupe de bronze représentant la déesse Artio face à un ours, provenant de Muri (Muri bei Bern, canton de Berne), atteste du fait que son culte était également répandu chez les Helvètes.
Les rares attestations de cette déesse ne fournissent aucun indice pour en identifier sa fonction, ni même une quelconque équivalence dans le panthéon gréco-romain. Son nom tout d'abord doit être rapproché du gaulois *artos, qui signifie "ours", mais n'en constitue pas la forme féminine (*arta). Il s'agît très certainement de la déesse "à l'ours", ce qu'atteste également le bronze de Muri. Sur cette dernière représentation, on constate qu'en plus de l'ours qui lui fait face, la déesse a à ses côtés, une petite colonne soutenant une corbeille de fruits, probable symbole d'abondance. Cette représentation a d'ailleurs amené P.-M. Duval (1993) à y voir une déesse protectrice et de la prospérité terrienne. A. Ferlut (2022), la range parmi les divinités nourricières, pourvoyeuses d'abondance et dispensatrices de la fécondité
Photo : Artio et l'ours, bronze découvert à Muri (Muri bei Bern, canton de Berne, Suisse), actuellement conservé au Musée d'histoire de Berne.