L'assemblée de la Gaule à Bibracte (juin-juillet 52 av. J.-C.)
Après avoir massacré les Romains de Noviodunum, les Eduens rejoignent les rangs des opposants à César en Gaule. Ils tentent, par le biais de crédits accordés, d'autorité et de moyens financier, d'influencer les indécis et de rassembler autour d'eux les Gaulois révoltés. Pour convaincre les plus réticents, ils menacèrent de tuer les otages pris par César, retenus sur leur territoire. César se trouvait alors dans une situation peu enviable ; son seul moyen de pression sur les Gaulois - les otages - venait de tomber entre les mains de ses ennemis. Il se trouvait donc à ce moment en Gaule, au milieu de populations qui lui étaient devenues hostiles.
Les Eduens étaient, à l'arrivée de César, le plus puissant peuple de Gaule ; César dira même qu'ils détenaient le principat sur l'ensemble de la Gaule. Depuis la toute récente arrivée sur le devant de la scène de Vercingétorix, la position éduenne était peu à peu affaiblie. Ils tentèrent donc de récupérer cette rébellion à leur compte en invitant Vercingétorix à l'assemblée de toute la Gaule à Bibracte. L'objectif non dissimulé des Eduens était de se faire conférer le commandement de cette révolte.
A la surprise générale, les peuples gaulois élisent Vercingetorix comme chef de cette rébellion, retirant ainsi, aux Eduens, la primauté sur la Gaule. Cette position apparaît rapidement, après le vote, contestée. Tout d'abord, les Rèmes, les Lingons et les Trévires, importants peuples de Gaule, ne participent pas à cette assemblée, les deux premier restant fidèles à Rome, les derniers en proie à des luttes contre les Germains. Chez les Eduens, Eporedorix et Viridomaros apparaissent déjà comme d'éventuels dissidents.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, VII, 63 :"La nouvelle dé la défection des Héduens propagea la guerre. Des députations sont envoyées sur tous les points ; crédit, autorité, argent, tout est mis en usage pour gagner les différents états. Nantis des otages que César avait déposés chez eux, ils menacent de les faire périr pour effrayer ceux qui hésitent. Les Héduens invitent Vercingétorix à venir conférer avec eux sur les moyens de faire la guerre. II se rend à leur prière ; mais ils prétendent qu'on leur défère le commandement en chef ; et comme il leur est disputé, on convoque une assemblée de toute la Gaule à Bibracte. On s'y rend en foule de toutes parts. La question est soumise aux suffrages de la multitude, et tous confirment le choix de Vercingétorix comme généralissime. On ne vit point à cette assemblée les Rèmes, les Lingons, les Trévires : les deux premiers peuples, parce qu'ils restaient fidèles aux Romains ; les Trévires, parce qu'ils étaient trop éloignés et pressés en outre par les Germains, ce qui fut cause qu'ils ne prirent aucune part à la guerre, et gardèrent la neutralité. Les Héduens souffraient vivement de se voir dépouillés du commandement ; ils déplorèrent le changement de leur fortune, et regrettèrent la bienveillance de César envers eux ; mais, comme la guerre était commencée, ils n'osèrent séparer leur cause de celle des autres Gaulois. Ce ne fut qu'à regret qu'Éporédorix et Viridomaros, jeunes gens de la plus haute espérance, obéirent à Vercingétorix."
César, Guerre des Gaules, VII, 64 :"Il exige des otages des autres nations, fixe le jour où ils lui seront livrés, ordonne la prompte réunion de toute la cavalerie, forte de quinze mille hommes ; et annonce qu'il se contente de l'infanterie qu'il a déjà ; qu'il ne veut pas tenter le sort des armes en bataille rangée ; qu'avec une cavalerie nombreuse il lui sera très facile de couper les vivres aux Romains et de gêner leurs fourrageurs ; que seulement les Gaulois se résignent à détruire leurs récoltes et à incendier leurs demeures, et ne voient dans ces pertes domestiques que le moyen de recouvrer à jamais leur indépendance et leur liberté."