(1) La présence de cette garnison, mentionnée par Tite-Live, suggère que le territoire de Mutina fut de ceux qui furent confisqués aux Boïens à l'issue de la campagne de Quintus Fulvius Flaccus et Titus Manlius Torquatus (224 av. J.-C.). C'est à tort que Polybe qualifie Mutina de "colonie romaine". La déduction de la colonie romaine de Mutina n'eut lieu qu'en 183 av. J.-C.
Polybe, Histoire générale, III, 40 :"A peine étaient-elles fondées que les Boïens, qui depuis longtemps ne feignaient d'être les amis des Romains que pour les attirer dans quelque piège, mais n'en avaient pas encore trouvé l'occasion, apprirent l'arrivée des Carthaginois ; ils sentirent renaître leur espoir, relevèrent la tête et se détachèrent des Romains, en abandonnant les otages qu'ils leur avaient donnés après la dernière guerre, que j'ai racontée dans le livre précédent. Ils firent des ouvertures aux Insubres, dont le ressentiment n'était pas encore apaisé, et, de concert avec eux, ravagèrent le territoire que les Romains avaient partagé entre leurs colons ; ces derniers s'enfuirent ; les Gaulois les poursuivirent jusqu'à la colonie romaine de Modène et mirent le siège devant cette place. Ils y tinrent enfermés, entre autres, trois personnages considérables, qui avaient été envoyés pour faire le partage des terres : C. Lutatius, ancien consul, et deux anciens préteurs."
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25 :"Tout à coup ils saisissent les armes, viennent fondre sur cet établissement nouveau, répandent partout la terreur et l'effroi, au point que la multitude dispersée dans la campagne, et les triumvirs eux-mêmes, venus pour le partage des terres, ne se croyant pas en sûreté dans les murs de Plaisance, se réfugièrent à Modène. Ces magistrats étaient Caius Lutatius, Caius Servilius et Marcus Annius. Point de doute pour le nom de Lutatius ; mais, au lieu de Servilius et d' Annius, quelques chroniques portent Manius Acilius et Caius Hérennius ; d'autres, Publius Cornélius Asina et Caius Papirius Maso. Une autre circonstance offre aussi de l'incertitude : l'attaque fut-elle dirigée contre les députés qui venaient se plaindre aux Boïens de leurs violences, ou contre les triumvirs occupés à la distribution des terres ? Les Boïens assiégeaient Modène ; mais comme ces barbares, novices dans l'art des sièges, et trop indolents pour les travaux que réclame la guerre, restaient oisifs au pied des murs, sans chercher à les entamer, ils feignirent de vouloir entrer en accommodement. Au moment où nos députés se rendent à l'entrevue qu'ont demandée les chefs des Gaulois, ils sont arrêtés contre le droit des gens, au mépris même du sauf-conduit qui venait de leur être accordé pour l'instant de la conférence ; et les Gaulois déclarent qu'ils ne les remettront en liberté que quand leurs otages leur seront rendus. À la nouvelle de l'arrestation des ambassadeurs et du péril que courait la garnison de Modène, le préteur Lucius Manlius, n'écoutant que la colère, fait avancer sans ordre ses troupes vers la ville."