Les Boïens attaquent Placentia (début de l'été 218 av. J.-C.)
Immédiatement après la déduction des colonies latines de Cremona et de Placentia sur des terres qui leur furent confisquées, les Boïens prirent les armes, rompant ainsi les accords conclus à l'issue de la campagne de Quintus Fulvius Flaccus et Titus Manlius Torquatus (224 av. J.-C.). Il visèrent dans un premier temps la colonie de Placentia (Plaisance), alors que les triumvirs responsables de la déduction, travaillaient au partage des terres allouées aux colons. Ils dévastèrent le territoire de la colonie, provoquant la fuite de ses habitants et des triumvirs (1) vers Mutina (Modène), jugée plus sûre (Polybe, Histoire générale, III, 40 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25). Loin de se contenter de ce premier succès, les Boïens vinrent assiéger Mutina.
Polybe, Histoire générale, III, 40 :"A peine étaient-elles fondées que les Boïens, qui depuis longtemps ne feignaient d'être les amis des Romains que pour les attirer dans quelque piège, mais n'en avaient pas encore trouvé l'occasion, apprirent l'arrivée des Carthaginois ; ils sentirent renaître leur espoir, relevèrent la tête et se détachèrent des Romains, en abandonnant les otages qu'ils leur avaient donnés après la dernière guerre, que j'ai racontée dans le livre précédent. Ils firent des ouvertures aux Insubres, dont le ressentiment n'était pas encore apaisé, et, de concert avec eux, ravagèrent le territoire que les Romains avaient partagé entre leurs colons ; ces derniers s'enfuirent ; les Gaulois les poursuivirent jusqu'à la colonie romaine de Modène et mirent le siège devant cette place."
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25 :"Cependant on n'avait en Italie d'autre nouvelle que celle du passage de l'Hèbre par Hannibal ; elle avait été portée à Rome par les ambassadeurs de Marseille, et déjà, comme s'il eût franchi les Alpes, les Boïens, de concert avec les Insubres, s'étaient soulevés, moins à cause de leur vieille haine contre les Romains, que pour un motif tout récent, le vif dépit que leur causaient les colonies de Plaisance et de Crémone qu'on venait d'établir dans leur pays, sur les rives du Pô. Tout à coup ils saisissent les armes, viennent fondre sur cet établissement nouveau, répandent partout la terreur et l'effroi, au point que la multitude dispersée dans la campagne, et les triumvirs eux-mêmes, venus pour le partage des terres, ne se croyant pas en sûreté dans les murs de Plaisance, se réfugièrent à Modène."