Les magistrats de Placentia sont enlevés par les Boïens (été 218 av. J.-C.)
Alors que les colons de Placentia étaient assiégés à Mutina, les magistrats de la colonie furent délégués pour entreprendre des négociations avec les Boïens. Bénéficiant d'un sauve-conduit, les magistrats quittèrent Mutina (Modène) pour se rendre à l'entrevue. Les Boïens trahirent leurs engagements, puisque contrairement aux usages, ils arrêtèrent et enlevèrent les délégués de Placentia (Plaisance). Cet enlèvement visait à obtenir des Romains que ceux-ci libèrent les otages boïens en leur possession (Polybe, Histoire générale, III, 40 ; Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25).
Les versions divergent quant au lieu où fut fixé la rencontre, et donc, où furent enlevés les triumvirs romains. Polybe indique que l'enlèvement eut lieu dés que les magistrats quittèrent les murs de Mutina (Histoire générale, III, 40). Dans un autre passage, relatif à la libération de ces otages en 203 av. J.-C., Tite-Live indique qu'ils furent enlevés à Tannetum (Taneto) (Histoire romaine, XXX, 19).
Polybe, Histoire générale, III, 40 :"Ils y tinrent enfermés, entre autres, trois personnages considérables, qui avaient été envoyés pour faire le partage des terres : C. Lutatius, ancien consul, et deux anciens préteurs. Les magistrats demandèrent aux assiégeants une entrevue ; les Boïens la leur accordèrent ; mais à peine furent-ils sortis de la ville que les ennemis s'emparèrent traîtreusement de leurs personnes, dans l'espoir de recouvrer leurs otages en les échangeant avec eux. A cette nouvelle, le préteur L. Manlius, qui tenait garnison dans ces parages, vint en hâte à la rescousse. Mais en apprenant son arrivée, les Boïens se mirent en embuscade dans une forêt ; dès que les Romains furent entrés sous bois, ils fondirent sur eux de tous les côtés à la fois et en tuèrent un grand nombre. Les autres commencèrent par s'enfuir, puis ils gagnèrent des hauteurs et s'y rallièrent ; mais c'était une retraite à peine honorable. Les Boïens se mirent à leur poursuite et les investirent dans un bourg nommé Tannès. Quand on apprit à Rome que la quatrième légion était cernée et vivement pressée par les Boïens, on se hâta d'envoyer à son secours, sous le commandement d'un préteur, les troupes qu'on avait équipées pour Scipion ; et l'on donna au consul l'ordre d'aller en lever de nouvelles chez les alliés."
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 25 :"Les Boïens assiégeaient Modène ; mais comme ces barbares, novices dans l'art des sièges, et trop indolents pour les travaux que réclame la guerre, restaient oisifs au pied des murs, sans chercher à les entamer, ils feignirent de vouloir entrer en accommodement. Au moment où nos députés se rendent à l'entrevue qu'ont demandée les chefs des Gaulois, ils sont arrêtés contre le droit des gens, au mépris même du sauf-conduit qui venait de leur être accordé pour l'instant de la conférence ; et les Gaulois déclarent qu'ils ne les remettront en liberté que quand leurs otages leur seront rendus. À la nouvelle de l'arrestation des ambassadeurs et du péril que courait la garnison de Modène, le préteur Lucius Manlius, n'écoutant que la colère, fait avancer sans ordre ses troupes vers la ville."
Tite-Live, Histoire romaine, XXX, 19 :"Le consul Gaius Servilius Géminus ne se signala par aucun exploit dans sa province d'Étrurie ni dans la Gaule, car il avait poussé jusque-là, mais il se fit rendre, après seize ans de servitude, son père Gaius Servilius et Gaius Lutatius, qui avaient été pris par les Boïens au bourg de Tannétum ; il rentra à Rome ayant d'un côté son père, et de l'autre Lutatius, trophée plus cher à sa famille qu'au pays. On proposa au peuple de ne pas faire un crime à Gaius Servilius, fils d'un citoyen qui avait exercé des magistratures curules, d'avoir accepté du vivant de son père, qu'il croyait mort, les fonctions de tribun du peuple et d'édile plébéien, ce qui était contraire aux lois. Cette proposition adoptée, Servilius retourna dans sa province."