Cnaeus Iulius Agricola étend ses conquêtes jusqu'au Tanaus (79 ap. J.-C.)
La troisième campagne de Cnaeus Iulius Agricola est mieux documentée que la précédente (printemps-été 78). Tacite indique qu'au cours de cette troisième année de campagne, les Romains saccagèrent les territoires qu'ils traversèrent jusqu'à l'estuaire du Tanaus (la Tyne). Le même auteur indique également que jusqu'alors, les territoires conquis par les Romains en été étaient généralement repris par les Bretons en hiver, impliquant que les gains territoriaux ont dû être modérés les deux premières années. En 79 ap. J.-C., les pratiques changèrent notablement puisque les fortins édifiés tout au long de ce périple furent mieux fortifiés, équipés pour résister à de longs sièges et pour y maintenir des troupes en hiver. Les vigoureux assauts lancés par les Bretons échouèrent, sans exceptions, si bien que les gains territoriaux purent être conservés par les Romains (Vie d'Agricola, XXII). A ce stade du séjour de Cnaeus Iulius Agricola en Bretagne, les territoires des Brigantes, des Parises et des Carvètes étaient assurément conquis.
Trois inscriptions découvertes au niveau du fort de Deva Victrix (Chester), chez les Cornoviens, témoignent du fait que ce camp fut aggrandi en 79 ap. J.-C. pour y faire stationner la légion II Adiutrix Pia Fidelis (RIB-02-03, 2434,1 ; 2 ; 3). Rien ne permet de dire si ce peuple fut attaqué par les Romains cette année-là.
Tacite, Vie d'Agricola, XXII :"La troisième année de campagne fit découvrir de nouvelles peuplades, dont les territoires furent saccagés jusqu'à l'estuaire appelé Tanaus. Une telle panique saisit les ennemis qu'ils n'osèrent pas harceler notre armée, en butte elle-même à de redoutables intempéries. Elle arriva même à établir des fortins. Les soldats expérimentés faisaient remarquer qu'aucun autre chef ne tirait plus habilement profit de la configuration des lieux. Aucun fortin mis en place par Agricola ne céda à la violence des ennemis ou ne fut, de connivence avec eux, abandonné par des déserteurs. En effet, l'approvisionnement, prévu pour un an, permettait de supporter un siège prolongé. On pouvait y passer sans crainte l'hiver tout en effectuant de nombreuses sorties, car chaque fortin pouvait compter sur son propre système de défense. Les ennemis ne remportaient pas de victoires, ce qui les démoralisait encore plus : habitués à compenser les revers de l'été par de fructueuses expéditions en hiver, ils étaient maintenant refoulés en hiver comme en été."
Inscription de Chester (RIB-02-03, 2434,1) IMP(ERATORE) VESP(ASIANO) VIIII T(ITO) IMP(ERATORE) VII CO(N)S(VLIBVS) CN(AEO) IVLIO AGRICOLA LEG(ATO) AVG(VSTI) PR(O) PR(AETORE)
"A l'empereur Vespasien (9e consulat) et à l'empereur Titus (7e consulat), consuls. Cnaeus Iulius Agricola, légat d'Auguste propréteur (a érigé)."
Inscription de Chester (RIB-02-03, 2434,2) IMP(ERATORE) VESP(ASIANO) VIIII T(ITO) IMP(ERATORE) VII CO(N)S(VLIBVS) CN(AEO) IVLIO AGRICOLA LEG(ATO) AVG(VSTI) PR(O) PR(AETORE)
"A l'empereur Vespasien (9e consulat) et à l'empereur Titus (7e consulat), consuls. Cnaeus Iulius Agricola, légat d'Auguste propréteur (a érigé)."