Aux classes populaires : Cnaeus Iulius Agricola encouragea les communautés bretones à édifier des temples, aménager des places publiques et construire de "vraies" maisons (maisons de style romain). L'idée était de séduire ces populations en améliorant notablement leur qualité de vie. Les Bretons les plus enthousiastes étaient félicités, tandis que les plus indociles étaient sanctionnés.
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Aux enfants des notables : Cnaeus Iulius Agricola les fit éduquer à la manière romaine, en les initiant aux arts libéraux (1). Selon Tacite, les jeunes bretons étaient désireux d'apprendre le latin (Vie d'Agricola, XXI), langue dont la maîtrise était nécessaire pour peser dans cette société britto-romaine naissante.
De l'avis de Tacite, ces entreprises furent couronnées de succès. Cnaeus Iulius Agricola parvint à compenser la perte d'autonomie des Bretons et le poids de l'occupation romaine, par l'adoption de la toge et de l'art de vivre à la romaine (Vie d'Agricola, XXI).
(1) Les arts libéraux (liberalibus artibus) étaient les sept disciplines littéraires (triuuium) et scientifiques (quadriuium) enseignées dans les écoles romaines. Le triuuium désignait l'enseignement de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique ; et le quadriuium, celui de l'arithmétique, de la géométrie, de l'astronomie et de la musique.
Tacite, Vie d'Agricola, XXI :"Vint l'hiver, qui fut entièrement consacré à la mise en oeuvre d'initiatives très salutaires pour des gens disséminés et incultes et d'autant plus portés à faire la guerre. Agricola voulait les habituer à vivre paisiblement et à occuper agréablement le temps libre. Il les y invitait individuellement. Il aidait des collectivités à édifier des temples, à aménager des places publiques, à construire de vraies maisons. Il félicitait les plus entreprenants et s'en prenait aux récalcitrants. Ainsi le désir de se faire mieux voir que les autres tint lieu de contrainte. De plus, il faisait initier les enfants des notables aux arts libéraux et préférait aux acquis culturels des Gaulois les dispositions naturelles des Bretons : eux qui naguère méprisaient notre langue, ne désiraient-ils pas maintenant, à tout prix, la parler couramment ? Par la suite, cela fit bien de s'habiller comme nous et beaucoup adoptèrent la toge. Peu à peu, les Bretons se laissèrent aller à l'attrait des vices à découvrir sous les portiques, dans les thermes et le raffinement des festins. L'inexpérience leur faisait appeler civilisation ce qui amputait leur liberté."