Cnaeus Iulius Agricola réforme l'administration de la Bretagne (hiver 77-78 ap. J.-C.)
De retour de sa campagne contre les peuples de l'ouest de la Bretagne, et prévoyant très certainement d'en mener d'autres dés que la saison le permettrait, Cnaeus Iulius Agricola entreprit de pacifier définitivement la province de Bretagne, non-pas par le glaive, mais en réformant son administration. Ainsi, Tacite indique qu'il travailla à une gestion exemplaire de son train de vie, qu'il ne recruta des fonctionnaires qu'au mérite, et non-plus par népotisme et enfin qu'il prit des sanctions contre ceux manquant à leurs devoirs (Vie d'Agricola, XIX). Aussi, il mit fin aux contraintes et humiliations inutiles imposées jusqu'alors aux Bretons par ses prédecesseurs (Vie d'Agricola, XIX-XX).
Cette attitude adoptée par Cnaeus Iulius Agricola fit qu'il gagna en popularité auprès des Bretons, éloignant ainsi le spectre d'une possible révolte (Vie d'Agricola, XX). Ainsi, au terme de l'hiver 77-78 ap. J.-C., il put entreprendre les préparatifs d'une nouvelle campagne, tout en ayant l'assurance que sa province demeurerait paisible en son absence.
Tacite, Vie d'Agricola, XIX :"D'autre part, Agricola connaissait déjà bien l'état d'esprit de la province et, par l'expérience d'autrui, il savait fragile la victoire des armes quand elle précède des sévices. Il décida alors d'étouffer dans l'oeuf les causes mêmes de conflits. Il commença par se mettre en cause lui-même ainsi que ses proches et géra d'une main de fer son propre train de vie, ce qui pour bien des maîtres de maison n'est pas moins compliqué que de gouverner une province. Dans le domaine public, il ne réglait rien par l'intermédiaire d'affranchis et d'esclaves. Il n'attachait à son service un centurion ou des soldats ni par sympathie personnelle ni en prêtant l'oreille à une recommandation. Toute sa confiance n'allait qu'aux meilleurs. Rien ne lui échappait, mais il ne punissait pas toujours. Il excusait de petits manquements et sévissait contre les grands, toujours à bon escient. Et encore, il ne châtiait pas toujours les coupables, mais se contentait assez souvent de leur repentir. Il préférait confier des tâches administratives à des gens qui ne commettraient pas de bévues plutôt que de devoir en condamner les auteurs. Quant aux réquisitions de blés et levées d'impôts, il les adoucit par une plus juste évaluation de ces charges et extirpa chez les collecteurs des pratiques plus mal ressenties encore que l'impôt lui-même. En effet, pour se moquer des Bretons, on les bloquait devant des greniers publics fermés pour les contraindre à acheter eux-mêmes du blé et à se libérer de cette attente en versant un prix jugé suffisant. On leur imposait d'emprunter des chemins détournés pour atteindre des régions éloignées, si bien que des tribus, proches de quartiers d'hiver, devaient livrer du blé dans des endroits lointains et difficiles à atteindre. Ainsi des solutions de bon sens pour tous devenaient profitables à quelques-uns."
Tacite, Vie d'Agricola, XX :"En réprimant ces abus dès la première année, Agricola donna une aura de popularité à la paix, que l'inconscience ou l'intransigeance de ses prédécesseurs avait rendue au moins aussi redoutable que la guerre."