La guerre contre les Armoricains [printemps / automne -56]
La guerre contre les Armoricains (printemps-automne 56 av. J.-C.)
Au tout début de l'année 56 av. J.-C., les Vénètes enlevèrent Quintus Velanius et Titus Sillius, et tentèrent de négocier leur libération auprès de Publius Licinius Crassus Dives, contre la restitution des otages donnés aux Romains Ils furent rapidement imités par d'autres peuples du voisinage, déclenchant de fait la révolte des Armoricains. Publius Licinius Crassus Dives fit connaître sa situation à César, alors en route pour la province d'Illyrie (Guerre des Gaules, III, 9).
Compte-tenu de l'urgence de la situation, César fit construire des galères sur la Loire, afin d'affronter les Armoricains par la mer, et reprit la direction de la Gaule. En attendant de mener une offensive de plus grande ampleur, César fit ravager le territoire de quelques peuples susceptibles de soutenir les Vénètes et tenta de garder les autres en respect (César, Guerre des Gaules, III, 9 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 40).). De leur côté, les Armoricains se préparèrent à l'affrontement. Ils équipèrent leurs vaisseaux, qu'ils réunirent chez les Vénètes, fortifièrent leurs places et y transportèrent tous les vivres, afin d'empêcher les Romains de se ravitailler. En outre, ces premiers peuples à s'être soulevés reçurent rapidement le soutien des Osismes, des Léxoviens, des Namnètes, des Ambiliates, des Morins, des Diablintes et des Ménapes, et tentèrent de gagner à leurs cause les peuples de l'île de Bretagne (Guerre des Gaules, III, 9).
César prend ses quartiers d'hiver chez les Aulerques et les Léxoviens [hiver -56:-55]
Les Romains sortirent victorieux de ces conflits et parvinrent à pacifier durablement la plupart des peuples armoricains. En effet, ceux-ci se montrèrent dés lors dociles, jusqu'en 52 av. J.-C. Seules ombres au tableau pour les Romains, il leur fut impossible de venir à bout des Morins et des Ménapes, tandis que les Bretons s'avéraient être de potentiels soutiens à tout futur conflit qui viendrait à déstabiliser cette région.
Notes
(1) Théoriquement, à la fin de l'époque républicaine, une légion comportait 6000 hommes.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, III, 9 :"César, instruit de ces faits par Crassus, et se trouvant alors très éloigné, ordonne de construire des galères sur la Loire, qui se jette dans l'Océan, de lever des rameurs dans la province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres ayant été promptement exécutés, lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l'armée. Les Vénètes et les autres états coalisés, apprenant l'arrivée de César, et sentant de quel crime ils s'étaient rendus coupables pour avoir retenu et jeté dans les fers des députés dont le nom chez toutes les nations fut toujours sacré et inviolable, se hâtèrent de faire des préparatifs proportionnés à la grandeur du péril, et surtout d'équiper leurs vaisseaux. Ce qui leur inspirait le plus de confiance, c'était l'avantage des lieux. Ils savaient que les chemins de pied étaient interceptés par les marées, et que la navigation serait difficile pour nous sur une mer inconnue et presque sans ports. Ils espéraient en outre que, faute de vivres, notre armée ne pourrait séjourner longtemps chez eux ; dans le cas où leur attente serait trompée, ils comptaient toujours sur la supériorité de leurs forces navales. Les Romains manquaient de marine et ignoraient les rades, les ports et les îles des parages où ils feraient la guerre ; la navigation était tout autre sur une mer fermée que sur. une mer aussi vaste et aussi ouverte que l'est l'Océan. Leurs résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre. Ils s'associent pour la faire les Osismes, les Lexovii, les Namnètes, les Ambiliates, les Morins, les Diablintes et les Ménapes ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes."
Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 40 :"Sous le consulat de Marcellinus et de Philippe, César se mit en campagne contre les Vénètes, qui habitent sur les bords de l'Océan : ils s'étaient emparés de quelques soldats romains, envoyés sur leurs terres pour fourrager. Des députés vinrent les réclamer : les Vénètes les retinrent aussi, dans l'espoir d'obtenir en échange, les otages qu'ils avaient donnés ; mais César ne les rendit pas. Il envoya même des détachements dans diverses directions, les uns pour ravager les terres des peuples qui avaient soutenu la défection des Vénètes et les empêcher de se secourir mutuellement, les autres pour observer ceux qui étaient en paix avec les Romains, afin de prévenir de nouveaux mouvements ; puis il marcha en personne contre les barbares, après avoir fait construire dans l'intérieur des terres des barques qui pussent, d'après ce qu'il avait entendu dire, résister au flux et au reflux de la mer."