Pays de Saint-Brieuc, Pays de Saint-Malo, Clos Ratel et Clos Poulet
Capitale:
Fanum Martis (Corseul)
Coriosolites
Localisation
Peuple de l'Armorique, à l'extrémité ouest de la Gaule celtique. Leur territoire se situait aux niveau des actuels Pays de Saint-Brieuc (exception faite du Goëlo), Pays de Saint-Malo, Clos Ratel et Clos Poulet, donc à cheval sur les départements des Côtes-d'Armor, Ille-et-Vilaine et Morbihan. Ils avaient pour métropole Fanum Martis (Corseul).
Attestations et étymologie
Ce peuple ne fut mentionné sous les formes Coriosolitas et Coriosolites par César (Guerre des Gaules, II, 34 ; III, 7 ; 11 ; VII, 75), Coriosuelites (var. Cariosuelites ; Coricoriosuelites ; Coriosultes) par Pline (Histoire naturelle, IV, 107) ou encore ciuitas Coriosolitum (var. ciuitas Coriosopitum) dans la Notice des Gaules. Leur nom s'explique par le gaulois corio- qui signifie "troupe / armée", associé à -soli- "bonne vue" et au suffixe d'appartenance -ti. Ainsi, le composé *corio-soli-ti signifiait très certainement "ceux dont les troupes veillent / ont bon oeil" (Lacroix, 2003). L'actuelle ville de Corseul conserve le souvenir de leur nom.
Histoire
● Guerre des Gaules
La plus ancienne mention des Coriosolites remonte à la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.). En effet, en 57 av. J.-C., Jules César envoya Publius Licinius Crassus Dives chez les Armoricains, à la tête de la seule légion VII. Ce faible contingent suffit à soumettre les divers peuples armoricains, dont les Unelles, les Osismes, les Ésuviens, les Aulerques, les Riedones et les Coriosolites (Guerre des Gaules, II, 34). Au cours de l'hiver 57-56 av. J.-C., alors que cette même légion VII hivernait chez les Andes, Publius Licinius Crassus Dives délégua des représentants auprès des Ésuviens, Vénètes et Coriosolites, pour qu'ils lui fournissent les provisions nécessaires à cet hivernage (Guerre des Gaules, III, 7). Les Vénètes enlevèrent alors Quintus Velanius et Titus Sillius, et tentèrent de négocier leur libération auprès de Publius Licinius Crassus Dives, contre la restitution des otages donnés aux Romains l'automne précédent. Ils furent alors imités par plusieurs peuples, dont les Coriosolites, qui enlevèrent Marcus Trebius Gallus. C'est ainsi que les Coriosolites prirent part au soulèvement des Vénètes (Guerre des Gaules, III, 8 ; 9). En conséquence, Quintus Titurius Sabinus fut envoyé combattre l'insurrection dans le nord de l'Armorique, et les Coriosolites figurent parmi les trois peuples qui furent particulièrement visés par cette campagne (Guerre des Gaules, III, 11). Ils se rallièrent donc probablement à Viridovix, et furent vaincus aux côtés des Unelles.
En 52 av. J.-C., les Coriosolites prirent part au soulèvement général des Gaulois et fournirent, aux côtés des autres peuples armoricains, un contingent de 20000 hommes aux armées de secours chargées de contraindre César à lever le siège d'Alesia (Guerre des Gaules, VII, 75).
En 51 av. J.-C., les Armoricains furent entraînés par Dumnacos dans une nouvelle révolte, puis rapidement matés par le légat Caius Fabius. Rien ne permet de dire si les Coriosolites y prirent part.
● Intégration de la cité des Coriosolites à l'Empire romain
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province de Gaule lyonnaise fut divisée en deux nouvelles provinces. À cette occasion, la cité des Coriosolites intégra la province de Lyonnaise seconde.
Entre la fin du IIIe s. et le début du IVe s. ap. J.-C., le litus saxonicum fut constitué pour lutter contre les incursions effectuées par les Saxons (mais également les Francs). Ce dispositif militaire reposait sur une série de fortifications édifiées sur les côtes de l'île de Bretagne et du nord et du nord-ouest de la Gaule, et dotées de garnisons. D'après le Registre des Dignitaires, une de ces forteresses fut édifiée sur le territoire des Coriosolites ; Aleto (Aleth). Elle était placée sous le commandement du dux tractus Armoricani et Nervicani (Registre des Dignitaires, XXXVII).
Lorsque cette province fut à sont tour divisée, lors de la réforme provinciale de Constantin (314 ap. J.-C.), la cité des Coriosolites intégra finalement la province de Lyonnaise troisième.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 34 :"Dans le même temps, César fut informé par P. Crassus, envoyé par lui, avec une seule légion, contre les Vénètes, les Unelles, les Osismes, les Curiosolites, les Esuvii, les Aulerques, les Redons, peuples maritimes sur les côtes de l'Océan, qu'ils s'étaient tous soumis au pouvoir du peuple romain."
César, Guerre des Gaules, III, 7 :"Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion, près de l'Océan, chez les Andes. Comme il manquait de blé dans ce pays, il envoya des préfets et plusieurs tribuns militaires chez les peuples voisins, pour demander des subsistances ; T. Terrasidius, entre autres, fut délégué chez les Esuvii ; M. Trébius Gallus chez les Coriosolites ; Q. Vélanius avec T. Sillius chez les Vénètes."
César, Guerre des Gaules, III, 11 :"Il ordonne à P. Crassus de se rendre en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d'envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir. Il fait partir son lieutenant Q. Titurius Sabinus, avec trois légions, chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexovii, pour tenir ces peuples en respect."
César, Guerre des Gaules, VII, 75 :"Pendant que ces choses se passaient devant Alésia, les principaux de la Gaule, réunis en assemblée, avaient résolu, non d'appeler aux armes tous ceux qui étaient en état de les porter, comme le voulait Vercingétorix, mais d'exiger de chaque peuple un certain nombre d'hommes ; ils craignaient, dans la confusion d'une si grande multitude, de ne pouvoir ni la discipliner, ni se reconnaître, ni se nourrir. Il fut réglé que les divers états fourniraient, savoir [...] vingt mille à l'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains, au nombre desquels sont les Curiosolites, les Redons, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles."
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 :"La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Vellocasses, les Gallètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Osismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Osismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au delà de cette péninsule, les Nannètes ; dans l'intérieur, les Héduens, aillés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques, surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Trécasses, les Andegaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Unelles, les Cariosvélites, les Diablindes, les Rhédons, les Turons, les Atésuens, les Segusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."
"Aux Dieux Mânes et à la mémoire de Donata, défunte à l'âge de 51 ans. Reginianus, son mari, citoyen coriosolite, a pris soin de placer (ce monument)."
"À l'empereur César Marcus Piavonius Victorinus, pieux, favorisé des dieux, Auguste, grand pontife, revêtu de la puissance tribunicienne. La cité des Coriosolites, (?) lieues."