Magon Barca débarque et prend Genua (205 av. J.-C.)
Après avoir hiverné aux îles Baléares, les trente navires de Magon Barca firent route en direction de la Ligurie. Les 12000 fantassins et 2000 cavaliers carthaginois débarquèrent par surprise à Genua (Gênes) qui, faute de garnison, fut prise dans la foulée (Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 46). La ville subit alors des destructions notables, qui nécessitèrent que Spurius Lucretius la reconstruise en 203 av. J.-C. (Histoire romaine, XXX, 1).
Depuis le territoire des Genuates, les Carthaginois gagnèrent Savo (Savone), où leur armée fut divisée en deux. Une partie reprit la route en direction de Carthage, qu'ils savaient menacée par un débarquement de Publius Cornelius Scipio. Après avoir déposé leur butin à Savo, sous la garde de dix bateaux de guerre, l'autre portion de l'armée fit route vers l'ouest, en direction du territoire des Ingaunes, peuple qui était alors en conflit avec les Épantériens. Décidés à gonfler les rangs de leur armée, les Carthaginois prirent fait et cause pour les Ingaunes (Histoire romaine, XXVIII, 46).
Dés l'annonce de l'arrivée de Magon Barca, des Gaulois se précipitèrent à sa rencontre pour rejoindre ses rangs. À l'inverse, les Romains furent très inquiets par sa présence, si bien que le proconsul Marcus Livius (1) fit transporter son armée de volontaires esclaves d'Étrurie à Ariminum (Rimini), auprès des troupes du préteur Spurius Lucretius. Le proconsul Marcus Valerius Laevinus transporta quant à lui ses légions à Arretium (Arezzo) tandis le préteur Cneius Servilius Caepio fut charger de mobiliser deux légions urbaines en cas de besoin (Histoire romaine, XXVIII, 46).
(1) Marcus Livius, plus tard surnommé "Salinator", fut le vainqueur d'Hasdrubal Barca lors de la bataille du Métaure (207 av. J.-C.).
Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 46 :"Le même été, Magon fils d'Hamilcar, ayant, dans la plus petite des îles Baléares, où il avait hiverné, enrôlé les jeunes gens et les ayant embarqués, passa en Italie avec trente vaisseaux de guerre environ et beaucoup de bateaux de charge portant douze mille fantassins et à peu près deux mille cavaliers ; Gênes, faute de garnisons sur cette côte, fut prise grâce à son arrivée soudaine ; puis il aborda chez les Ligures alpins, pour essayer d'y provoquer quelque soulèvement. Les Ingauni - une peuplade ligure - faisaient à ce moment la guerre aux montagnards Epanterii. Aussi le Carthaginois, déposant son butin à Savone, ville alpine, et laissant dix bateaux de guerre en station pour le garder, renvoya les autres à Carthage afin d'en défendre les côtes, le bruit courant que Scipion allait passer la mer, et, s'alliant avec les Ingauni, dont il préférait l'amitié à celle des Montagnards, entreprit d'attaquer ceux-ci ; et son armée augmentait chaque jour, les Gaulois affluant de tous côtés au bruit de son nom. Ce fait, qu'annonça une lettre de Spurius Lucretius, fit craindre aux sénateurs de s'être réjouis en vain, deux ans avant, du massacre d'Hasdrubal et de son armée, si une autre guerre aussi grave, où le général seul aurait changé, naissait de l'arrivée de Magon ; et il provoqua chez eux de grands soucis. C'est pourquoi ils ordonnèrent au proconsul Marcus Livius d'amener, d'Étrurie, son armée de volontaires esclaves vers Ariminum, et chargèrent le préteur Cneius Servilius, s'il le jugeait utile à l'état, d'envoyer de Rome deux légions urbaines, en en confiant le commandement. à qui il voudrait. Marcus Valerius Laevinus conduisit ces légions à Arretium."