Magon Barca occupe l'Italie du Nord (205-203 av. J.-C.)
À partir de 211 av. J.-C., les armées romaines prirent le dessus sur les Carthaginois dans la Péninsules ibérique. Après leur défaite à Ilipa (Alcalá del Río, province de Séville) en 206 av. J.-C., Hasdrubal Gisco gagna l'Afrique pour s'assurer de l'alliance des Numides, approchés par les Romains. Magon Barca s'y maintint un temps, mais échoua dans sa tentative de reprise de Carthago Nova (Carthagène, région de Murcie), avant de subir le refus des Gaditains de lui porter secours. Ce maintien semble néanmoins avoir été un faux prétexte, puisque avant même de relater le raid sur Carthago Nova, Tite-Live indique que Magon avait reçu des fonds de Carthage, et qu'il les complétait par le pillage systématique du trésor de Gades (Cadix, province de Cadix), afin de financer une nouvelle offensive dans le nord de l'Italie (Histoire romaine, XXVIII, 36). En conséquence, les dernières troupes carthaginoises ne cherchèrent pas à se maintenir. Elles embarquèrent à Gades et, commandées par Magon Barca, elles vinrent passer l'hiver 206-205 av. J.-C. aux îles Baléares (Histoire romaine, XXVIII, 42 ; 46).
Les Romains ayant été victorieux en Sicile et dans la Péninsule ibérique (206 av. J.-C.), puis ayant conclu la paix avec Philippe V de Macédoine (printemps 205 av. J.-C.), Publius Cornelius Scipio entreprit de porter la guerre en Afrique, de manière à frapper Carthage au coeur. Cette entreprise fut perturbée par la nouvelle de l'offensive lancée par Magon Barca. En effet, depuis les îles Baléares, au printemps 205 av. J.-C., il lança une vaste expédition visant à rouvrir un front dans le nord de l'Italie (Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 42 ; 46).
Magon Barca n'était aucunement inconnu dans cette région, puisqu'il y avait accompagné son frère Hannibal, lors de son invasion de l'Italie et prit certainement part aux tractations visant à conclure des alliances avec les Gaulois et les Ligures. Aussi, il participa notablement à plusieurs grandes batailles où furent impliqués de nombreux soldats gaulois, dont la bataille de la Trébie (décembre 218 av. J.-C.) et à la bataille de Cannes (août 216 av. J.-C.). Magon chercha visiblement à rejoindre cette région défavorable aux Romains, espérant imiter ses deux frères, Hannibal en 218 av. J.-C. et Hasdrubal Barca en 207 av. J.-C., en y recrutant de nombreux soldats prêts à affronter les Romains (Histoire romaine, XXVIII, 42).
Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 36 :"Magon, désespérant des affaires d'Espagne, alors que d'abord la révolte des soldats, puis la défection d'Indibilis avaient ranimé ses espoirs, se préparait à passer en Afrique, quand il reçut de Carthage l'avis que le sénat lui ordonnait de faire passer la flotte qu'il gardait à Gadès en Italie ; et. là, après avoir enrôlé comme mercenaires le plus possible de jeunes Gaulois et de jeunes Ligures, de se joindre a Hannibal, et de ne pas laisser languir une guerre entreprise avec un très grand élan, et une chance plus grande encore. Pour cela, on apportait à Magon de l'argent de Carthage, et lui-même en exigea autant qu'il le put des gens de Gadès, en dépouillant non seulement leur trésor, mais leurs temples, et en forçant tous les particuliers d'apporter leur or et leur argent."
Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 42 :"[Discours de Quintus Fabius Maximus Verrucosus à Publius Cornelius Scipio] " [...] Et puis, qu'arrivera-t-il si, ayant pleine confiance dans l'union de l'Afrique, la loyauté des princes alliés, dans leurs propres murailles, les Carthaginois, quand ils verront l'Italie privée de ton secours et de celui de ton armée, ou envoient eux-mêmes en Italie une nouvelle armée d'Afrique, ou ordonnent à Magon, - qui, nous le savons, venu des Baléares avec sa flotte, longe déjà la côte des Ligures Alpins - de se joindre à Hannibal ? Certes nous serons alors plongés dans la même terreur que récemment, quand passa en Italie Hasdrubal, que toi, qui prétends bloquer non seulement Carthage, mais toute l'Afrique avec ton armée, tu as laissé échapper de tes mains et passer en Italie. […] ""
Tite-Live, Histoire romaine, XXVIII, 46 :"Le même été, Magon fils d'Hamilcar, ayant, dans la plus petite des îles Baléares, où il avait hiverné, enrôlé les jeunes gens et les ayant embarqués, passa en Italie avec trente vaisseaux de guerre environ et beaucoup de bateaux de charge portant douze mille fantassins et à peu près deux mille cavaliers ; Gênes, faute de garnisons sur cette côte, fut prise grâce à son arrivée soudaine ; puis il aborda chez les Ligures alpins, pour essayer d'y provoquer quelque soulèvement."